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Bundesliga : 50 ans, 50 histoires (1 à 9)
Le 24 août 2013, la Bundesliga a « officiellement » soufflé ses cinquante bougies. Pour l'occasion, voici cinquante histoires, petites et grandes, qui ont fait la légende de ce championnat situé outre-Rhin. À déguster avec une bonne bière bien fraîche, bien sûr.
Pas d’images du premier but
24 août 1963, 1re journée de la Bundesliga, le champion en titre Dortmund se déplace sur la pelouse du Werder Brême. Excité par l’événement, l’arbitre Alfred Ott lance le match une minute trop tôt. Durant cette première minute, Friedhelm Konietzka ouvre la marque d’un plat du pied droit. Boum ! La Bundesliga est lancée. Seulement voilà, il n’y a pas d’images de ce but, et pour cause : il n’y avait pas de photographes derrière le but de Brême. Du coup, les seules images qui suivent ce premier but sont celles de la jubilation du sosie du maréchal Semion Timochenko – ce qui vaudra à Konietzka le surnom de « Timo » . Pour la petite histoire, le Werder finira par inverser la tendance et s’imposer 2-1.
1.FC Nuremberg, champion puis relégué
Le jour, puis la nuit. Le paradis, puis l’enfer. C’est ce qu’ont connu les joueurs du 1.FC Nuremberg en l’espace d’une saison. En 1968, sous la houlette de Max Merkel, « Der Club » remporte le neuvième championnat de son histoire – le premier dans la nouvelle ère, le dernier en date. Et puis Merkel pète un câble. Dans une RFA post-miracle économique, il n’y a pas de place pour l’austérité : Merkel vire douze joueurs, et en ramène douze autres. Motif : il veut des mecs frais et dispos pour jouer l’Europe. Du coup, des joueurs comme Franz Brungs et Karl-Heinz Ferschl sont cédés au Hertha Berlin, et Horst Blankenburg, futur pilier de la défense de l’Ajax des seventies, se retrouve au Wiener SK. La campagne européenne tourne en eau de Blutwurst (élimination au premier tour face à l’Ajax), les Franconiens galèrent en championnat et, malgré l’éviction de Merkel et l’arrivée de la légende Max Morlock sur le banc (en compagnie de Kuno Klötzer), le 1.FC Nuremberg est relégué à l’issue de la saison 68/69 après une dernière défaite face au 1.FC Cologne.
Uwe Reinders, un Rory Delap avant l’heure
Les amateurs du championnat d’Angleterre connaissent tous Rory Delap, l’Irlandais qui a sévi à Stoke et envoyé des roquettes avec ses bras depuis la ligne de touche. Peu nombreux en revanche se rappellent Uwe Reinders, cet attaquant passé par Bordeaux (85-86), puis par Rennes. Beaucoup, en revanche, se souviennent de lui en Allemagne. Non seulement parce qu’il a fait l’essentiel de sa carrière au Werder Brême (243 matchs de championnat entre 77 et 85, pour 83 buts), mais aussi et surtout pour ce geste face au Bayern Munich, lors de la première journée de la saison 82/83 : une banale touche qui finit… dans les buts de Jean-Marie Pfaff. Si l’on accorde généralement le but à l’attaquant, il est officiellement attribué au gardien belge contre son camp. En même temps, ne pas savoir s’il faut mettre les poings ou attraper une touche de 35 mètres…
United colors of Cottbus
À Cottbus, on a très longtemps été coupé du monde occidental. Du coup, après la chute du mur, on a décidé de s’ouvrir au monde dans cette ville de 100 000 âmes située dans le Brandebourg. Une ouverture un peu trop extrême du côté de l’Energie, comme ce 6 avril 2001 lors du match face à Wolfsburg. Ce jour-là, l’équipe alignée par le coach Eduard Geyer est la suivante : Piplica – Vata, Matyus, Hudjurovic, Reghecampf – Latoundji, Miriuta, Akrapovic, Kobylanski, Bittencourt – Labak. Soit 11 étrangers sur 14, en comptant les 3 entrants que sont Wawryczek, Ilie et Rödlund. Une première en Allemagne, qui a fait grincer des dents dans les plus hautes sphères. Ottmar Hitzfeld, entre autres, trouvait que ce genre d’attitude était dommageable pour un football allemand qui n’utilisait presque plus de jeunes talents allemands. En réalité, Geyer a juste fait ça parce qu’il savait que ses étrangers étaient beaucoup plus à même d’aider l’équipe à prendre des points et à se maintenir dans l’élite pour leur première saison. Ce qu’ils finirent par faire. Geyer, un mec qui pourrait bosser pour SOS Rassismus.
Le jour où Gladbach a humilié Dortmund
De nos jours, quand on dit « Borussia » , on pense presque automatiquement à Dortmund. Pourtant, ça n’a pas été toujours le cas. Dans les Siebziger (années 70), le terme qui désigne la Prusse en latin renvoyait plutôt à Mönchengladbach, le grand, celui de Netzer, Vogts, Bonhof et Heynckes (entre autres). Une équipe joueuse, parfois trop. La preuve lors de la saison 77/78. Lors de la dernière journée, Gladbach doit gagner par au moins dix buts d’écart pour coiffer son rival de Cologne sur le poteau et finir champion. Alors vite, vite, les Fohlen (Poulains) se mettent en route et dégomment leur adversaire du jour, le BVB : des buts de Wimmer, Lienen et Kulik, un doublé de Nielsen, un autre de Del’ Haye et surtout un quintuplé de Heynckes flingueront les Schwarzgelben 12-0. Peter Endrulat, habituel remplaçant, disputera là le dernier de ses sept matchs dans l’élite. Malgré cette victoire éclatante – la plus large de l’histoire de la Bundesliga jusqu’à présent -, Gladbach ne remportera pas le titre, Cologne s’imposant de son côté 5-0 à Sankt-Pauli. Too late, too bad.
Wolfgang « Adam » Kleff
Wolfgang Kleff est l’un des plus grands gardiens que l’Allemagne ait jamais eus. Malheureusement pour lui à l’époque, Sepp Maier était beaucoup trop fort pour lui en équipe nationale. D’où ses six petites sélections seulement entre 71 et 73. Alors Kleff s’est contenté de remporter des trophées en club, notamment avec le Borussia Mönchengladbach, sous les couleurs duquel il a évolué de 68 à 79, puis de 80 à 82. Après quoi, celui qui était surnommé « Otto » a bourlingué, et est notamment passé par le Fortuna Düsseldorf. Après deux ans de contrat, les dirigeants du Fortuna décident de ne pas le prolonger. Très bien : Wolfgang Kleff s’en ira à sa manière. Le 20 mars 1984, le gardien se blesse à la 70e minute du match contre le Waldhof Mannheim. Cinq minutes plus tard, il est remplacé. Il envoie alors son maillot, ses protège-tibias et ses chaussettes au public du Rheinstadion une dernière fois. Mais pas son short. Il enlèvera celui-ci devant les dirigeants du club, en leur montrant son cul d’abord, le côté face ensuite. « Je voulais montrer aux dirigeants ce que je pensais de leur décision. À ce moment-là, ils ont compris » , expliquera-t-il plus tard. Wolfgang Kleff, un mec qui s’en bat les couilles.
Andreas Möller, le roi de la simulation
Andy Möller avait beau être un footballeur de génie, il n’était déjà pas très malin. Il est d’ailleurs resté célèbre pour deux choses. Pour sa citation au moment où il jouait en Allemagne et suscitait de l’intérêt à l’étranger, tout d’abord : « Milan ou Madrid, l’essentiel, c’est que ce soit en Italie » (Il finira par aller à la Juve). Pour sa simulation complètement dingue face à Karlsruhe ensuite. Alors que le KSC mène 1-0 à Dortmund, Andy Möller se laisse tomber comme une merde. Pénalty, Dortmund égalise, et finira par gagner la rencontre 2-1. Winnie Schäfer, le coach de Karlsruhe, devient fou ; Möller se défend, cherche à justifier sa simulation et attaque Schäfer. Mais les images ne mentent pas : au final, le tribunal du sport de la fédé allemande condamnera Möller à deux matchs de suspension et 10 000 marks d’amende. Ça fait cher. Surtout que la simulation est mal faite.
Felix Magath, coach mental
Lors de la saison 99/00, l’Eintracht Francfort, qui a bien galéré pour se maintenir lors du précédent exercice, nage une fois de plus dans les eaux profondes du classement. Plus personne ne croit au maintien du club de la Hesse. Mais l’arrivée de Felix Magath en février 2000 va changer la donne. Comme à son habitude, « Quälix » va réaliser l’impossible et transformer son effectif en véritable commando, en obligeant ses hommes à se surpasser, moralement et physiquement. Si les Aigles peinent à s’extirper des dernières places, ils finiront par décoller lors de la 31e journée et une victoire 3-0 face à Hambourg, avant de finir la saison au calme. À l’issue du championnat, l’attaquant norvégien Jan-Inge Fjortoft déclarera : « Je ne sais pas si Felix Magath aurait pu sauver le Titanic. En tout cas, les survivants auraient été en pleine forme. »
La conférence de presse la plus courte de l’histoire
42 secondes. C’est la durée de la plus courte conférence de presse jamais donnée en Bundesliga. Elle est signée Klaus Augenthaler. Le 10 mai 2007, l’ancien défenseur du Bayern Munich, devenu entraîneur de Wolfsburg, sent le vent du licenciement souffler sur sa nuque. Il faut absolument que son équipe gagne contre l’Alemannia Aachen pour qu’elle ait une chance de se maintenir. Seulement, Augenthaler estime qu’on ne le laisse pas bosser tranquille. Surtout les journalistes. Alors, à deux jours du match, « Auge » décide de livrer une conférence de presse ultra courte, de poser lui-même les questions et d’y répondre lui-même, afin qu’on ne lui porte pas le mauvais œil. La voici dans son intégralité :
« Bonjour! Il y a quatre questions et quatre réponses. Je pose les questions, je donne les réponses aussi.
– Premièrement : comment est l’ambiance de l’équipe ? L’équipe a très bien travaillé. – Concernant la tactique : un ou deux attaquants ? Ça dépendra de la situation et quels joueurs sont blessés.
– Concernant l’adversaire : Aachen va sûrement mettre la pression, nous devons y être préparés. – Et si l’équipe va tenir le coup ? Nous avons très bien travaillé, l’équipe donnera sa réponse sur le terrain. Merci. » Imparable.
Par Ali Farhat