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Buffon ramène sa croupe à la maison
Gianluigi Buffon est de retour à la Juve, un an seulement après l’avoir quittée dans un torrent de larmes. Un rapatriement surprise en guise de crépuscule dans la carrière de l’Italien, pas vraiment irréprochable envers le PSG.
Il est de retour. Gianluigi Buffon (41 ans) vient à nouveau — et dix-huit ans plus tard — de s’engager avec son club chéri : la Juventus. Son come-back est au moins aussi inattendu que de l’avoir vu, il y a un an presque jour pour jour, poser avec le maillot du PSG. L’herbe semblait plus verte ailleurs, elle était finalement défraîchie. Et si les retours ne sont que rarement les idées les plus fines, celui-ci s’imposait presque comme une évidence tant il était difficile d’imaginer le grand Gigi terminer sur une saison ratée avec Paris, marquée par une élimination contre Manchester United dont il aura été l’un des grands et malheureux artisans, en huitièmes de finale de Ligue des champions.
Chez les tifosi bianconeri, la pilule du départ a pu être difficile à avaler, mais on ne peut pas en vouloir longtemps au roi Buffon. Ses premières minutes en tant que néo-Turinois dans l’Allianz Stadium vaudront le détour, et nul doute que même les plus irréductibles n’avaient pas osé l’imaginer. Gigi de retour à Turin, c’était pourtant une évidence. Mais en costard-cravate, avec un poste administratif et en loges avec les petits fours à la mi-temps. Ça viendra, mais pas tout de suite, donc.
Acceptable d’être doublure à la Juve, pas à Paris
L’histoire avait pourtant bien commencé dans la capitale française. En octobre, Gigi, très confiant, avouait à la Gazzetta dello Sport avoir bluffé tout le monde au Camp des Loges : « Après une semaine ici, ils ont compris que celui qui était arrivé n’était pas vieillissant, mais qu’il voulait se faire une place importante au club, en la gagnant sur le terrain. » Huit mois plus tard, le constat est tout ce qu’il y a de plus contraire. Buffon, du fait de son âge, a montré des limites irrémédiables dans les buts, et n’a jamais complètement gagné sa place dans les cages, partageant celles-ci avec Alphonse Areola. Et face à une concurrence plus véloce, rien ne dit que l’Italien n’aurait pas endossé un rôle de doublure au fil des mois.
Justement, ce rôle de numéro deux, si étranger à l’Italien, est sur le point de faire partie de son quotidien. Et c’est aussi l’une des raisons de son retour à Turin : s’installer au deuxième rang dans la hiérarchie (derrière Szczęsny). Un plan acceptable à la Juve parce qu’il y sera toujours une légende. Et parce que c’est la Juve. Doublure à Paris, cela aurait été un affront à son talent. Parce que c’est Paris.
Agent de la Juve pour Rabiot
Cette pige française, qui restera une anomalie dans la carrière de Buffon, aura au moins permis à la légende italienne de faire office d’agent pour Adrien Rabiot. Les supporters parisiens ont dû légèrement s’étouffer devant la conférence de presse de présentation du paria. Cheveux au vent, l’ancien banni du PSG s’est permis quelques scuds à son club formateur ( « La Juve est un cran au-dessus de Paris » ), mais Adrien Rabiot a surtout dévoilé l’un des hommes-clés de sa venue : Gianluigi Buffon. Alors qu’il était encore sous contrat avec le champion de France, et pas certain de le quitter, le gardien transalpin a vanté les charmes de la Vieille Dame. « La saison passée, j’ai beaucoup parlé avec Gigi. Il m’a donné beaucoup de conseils et m’a beaucoup parlé de la Juve.(…)Il m’a dit beaucoup de choses très intéressantes, notamment que si je voulais passer un palier dans ma carrière, une ou deux saisons à la Juve valaient beaucoup plus qu’ailleurs. J’ai pris ce conseil très au sérieux » , a avoué le milieu de terrain français.
Avec un VRP de ce calibre infiltré au PSG, il est évident que la Juve n’a pas trop eu à forcer ses talents pour convaincre Adrien Rabiot de gribouiller une signature en bas de son contrat. Accueilli à Paris en grande pompe — avec fumigènes et escorte de supporters — en juillet dernier, l’Italien semblait rêver d’un mariage heureux à Paris. Il n’aurait finalement jamais dû être célébré. Buffon est de retour dans les draps de son ex, une Vieille Dame qu’on n’oublie jamais et à laquelle on pardonne tout.
Par Arthur Stroebele