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Buffon-PSG, c’est donc comme ça qu’on se dit au revoir
Après un an de collaboration seulement, Gigi Buffon et le PSG ont annoncé ce mercredi la fin de leur histoire commune via de simples communiqués. Une sortie décevante pour une légende qui doit désormais tirer les leçons de cet échec sportif pour ne pas tout gâcher.
Lorsqu’il débarque au Parc des Princes pour être présenté devant un important contingent de supporters en folie, Gigi Buffon a le sourire. Une belle rangée de dents blanches qui confirme son choix de quitter la Juventus. La plaquer, elle, cette compagne qui a partagé dix-sept ans de sa vie pour le meilleur et pour le pire, dans le but de s’offrir une nouvelle jeunesse pour la première fois au-delà des frontières. Comme si cet attachement massif et sincère avec sa Vieille Dame n’avait pas totalement rassasié ce quadragénaire à la soif de victoires.
Comme si, pour la première fois depuis qu’il avait enfilé cette paire de gants dans l’élite face au Milan le 19 novembre 1995, Buffon commençait à sentir le poids des années et qu’il y avait pourtant encore tant de choses à accomplir. Lorsqu’il déclame ses premiers mots pour le micro du PSG, tout prend sens : « Pour la première fois de ma carrière, je quitte mon pays et seul un projet aussi ambitieux pouvait m’amener à prendre une telle décision. » Le projet ambitieux en question, c’est évidemment de gagner la Ligue des champions. Un acte manqué derrière lequel Gigi court encore aujourd’hui, pendant que ses jambes vieillissantes le lui permettent encore. Sans se rendre compte qu’il paye au prix fort chaque échec, et qu’il amorce la déconstruction partielle d’une carrière pourtant fabuleuse jusque-là.
Paris perdu
Presque 11 mois plus tard, le sentiment d’échec doit être énorme et l’annonce de son départ le reflète à merveille. C’est par un simple message sur Instagram que l’Italien a fait fuiter la nouvelle : « Aujourd’hui se termine mon aventure hors de l’Italie : le Paris Saint-Germain m’a proposé de renouveler mon contrat, mais je ne me suis pas senti d’accepter, poussé par le désir d’affronter des nouvelles expériences… » Et puis, le club parisien, ensuite, s’est contenté de le remercier d’avoir enfilé la tunique parisienne en espérant surtout « le revoir l’an prochain, aux côtés d’autres anciens joueurs, pour célébrer les cinquante ans de notre club. » Des au-revoir chaleureux qui sonnent faux et qui laissent transparaître le constat que personne ne voulait voir au club : oui, les deux parties attendaient beaucoup plus l’une de l’autre lorsque les premiers vœux avaient été prononcés.
Certes, cette année express de Buffon n’a pas été faite que de bas. Le portier transalpin a même plutôt été à l’image de son équipe, dont il est devenu sans trop de mal le « vrai » dernier rempart titulaire en laissant à Areola les miettes que son ventre ne pouvait plus digérer. Un statut que Buffon a gagné à la loyale, notamment via quelques performances de haut niveau. Comme lors de la 2e journée de Ligue 1 à Guingamp, avec cette parade incroyable face à Nolan Roux. Ou surtout à Naples face aux vagues de l’équipe d’Ancelotti en Ligue des champions, où il a même fait naître l’espoir à Paris d’avoir enfin un gardien qui lui ferait gagner des points. Et puis, face à Manchester United, il n’a pas pu s’empêcher de sombrer. D’être moqué, même, pour sa bourde sur un tir presque anodin de Rashford. Non, vraiment, ce n’est pas comme ça que l’aventure devait se terminer.
Les adieux, et vite
Reste que ces adieux par messages interposés, communs lors de ruptures adolescentes de bas étage, sont indignes. Indignes de l’homme et de sa carrière, comme en témoigne l’hommage reçu par David Beckham. L’Anglais avait été fêté par un Parc debout lors de la dernière journée, avec un titre de champion à la clef. Cette voie, Buffon aurait lui aussi pu la suivre. Mais Buffon n’en a pas voulu, lui qui n’a visiblement pas encore prévu de terminer sa carrière au plus haut niveau. Selon Le Parisien, il aurait même pris la décision de ne pas rempiler à la suite de la fin de la rotation annoncée par Thomas Tuchel au poste de gardien de but.
Logique, tant Buffon sait qu’il n’a plus le coffre nécessaire pour jouer toute une saison entière et donc assumer ce statut tout seul. Alors Gigi a préféré partir, pour encore tenter un dernier challenge. Au risque de faire ses adieux dans un club de moindre envergure que la Juve ou Paris. Au risque de dire au revoir à un sport qu’il a marqué depuis l’Australie ou les États-Unis, comme ses copains champions du monde Alessandro Del Piero et Andrea Pirlo.
Par Andrea Chazy