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Buffon : « Parfois, la sélection est un marteau. Là, on est un clou »

Par Joachim Barbier, à Lyon
Buffon : « Parfois, la sélection est un marteau. Là, on est un clou »

En juin 2000, la Belgique d’un certain Marc Wilmots se faisait battre chez elle par l’Italie d’Antonio Conte au premier tour de son Euro, avant de se faire sortir quelques jours plus tard. Depuis ce jour où la Belgique a touché le fond, la hiérarchie des deux sélections s’est complètement inversée. La Belgique assume son nouveau statut de favori, pendant que l’Italie tentera de ne pas se ridiculiser avec son étiquette de pire Squadra de l’histoire.

Marc Wilmots s’est excusé : « Non, je ne me rappelle pas d’Antonio Conte à ce match de l’Euro 2000. Vous savez, si je devais me rappeler de tous les joueurs contre qui j’ai évolué en 600 ou 700 matchs… » Le sélectionneur belge s’est ensuite rattrapé aux branches, histoire de ne pas passer pour un goujat aux yeux de la journaliste italienne qui l’avait interrogé pendant la conférence de presse précédant le premier choc annoncé de cet Euro, lundi, à Lyon : « Mais j’ai beaucoup de respect pour la personne. » Pas sûr que, au-delà de la famille et des supporters de l’US Lecce, son premier club, beaucoup de monde n’ait quelque chose de significatif à raconter sur le match du premier tour de l’Euro 2000 d’Antonio Conte et de la confrontation sur le terrain entre les deux sélectionneurs actuels de la Belgique et de l’Italie. On peut supposer : ce 14 juin 2000, Conte avait dû faire du Conte, bosser dans l’ombre, assurer les transmissions et replacer du doigt et de la voix ses coéquipiers. À l’opposé de la fougue et des ruades de percheron de Wilmots qui s’en rappelle, encore aujourd’hui, comme de l’un des moments les plus douloureux de sa carrière, puisqu’après cette défaite (0-2), la Belgique se faisait taper par la Turquie, et devenait la première sélection d’un pays organisateur de l’Euro à se faire sortir au premier tour. C’est dans cette ultime défaite que barbotent encore les regrets de Wilmots, pas de celle face à l’Italie, parce qu’à cette époque, l’Italie, c’était quelque chose.

Une Squadra prête à prendre des coups en serrant les dents

Seize ans plus tard, cette Italie des années de gloire passées se la joue profil bas, bien obligée de trouver dans des vertus peu habituelles ni culturelles des raisons d’espérer malgré tout. Malgré une dernière Coupe du monde plus que quelconque, malgré la longue liste des blessés, malgré la raréfaction des talents, cette manière très transalpine de ne pas faire confiance à la jeunesse là où la Belgique voit éclore des cadors tous les six mois sans aucune explication scientifique.

C’est le bon moment pour la Belgique, le moment de faire quelque chose de grand.

Il n’en faut peut-être pas plus pour expliquer pourquoi cette sélection italienne « est peut-être la pire de l’histoire » , comme on la surnomme déjà alors qu’elle s’apprête à entrer dans un tournoi sans porter l’un des chapeaux de favori. À cette question, Gianluigi Buffon a fait le dos rond en maniant une drôle de métaphore : « Je ne réponds pas beaucoup avec les mots, mais je vais vous dire une chose : il y a des moments où on est un marteau et quelquefois un clou. Là, laSquadra, on est un clou. » Bref, que la sélection italienne était prête à prendre des coups en serrant les dents, à en chier des tonnes sur le terrain pour pallier le manque de talent individuel et l’étiquette de nation en déclin que tout le monde semble prête à lui coller avant même le premier match.

Antonio Conte, de son côté, a rendu hommage à la qualité de ses adversaires, leur adressant, en creux, des louanges qui correspondent à tout ce qui semble manquer à son Italie : « Ils ont un gros potentiel, c’est la preuve qu’ils travaillent bien » , comme si le sélectionneur ne pouvait que constater et faire avec le déclin de la Serie A et la faiblesse de sa formation. Soit tout le contraire des Belges qui cachetonnent désormais dans le plus grand championnat du monde. Eden Hazard le sait bien. Il trépignait ce dimanche soir en essayant de concilier respect obligé de l’adversaire et son envie d’assumer le renversement de hiérarchie : « C’est le bon moment pour la Belgique, le moment de faire quelque chose de grand. » Ce à quoi Buffon, en vieux sage, a indirectement répondu en sortant l’encyclopédie de l’Euro : « Ce ne sont pas toujours les meilleures équipes ou celles composées par les meilleurs joueurs qui gagnent. Surtout sur une courte période comme ça. Comme je suis vieux, je me rappelle la Grèce en 2004 ou même le Danemark en 1992. »

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