ACTU MERCATO
Buffon et tous les autres
L’arrivée du légendaire portier italien à Paris va bouleverser la hiérarchie fragile des derniers remparts parisiens à tous les niveaux. Et forcément obliger certains à aller voir ailleurs.
Sur les coups de 15 heures, sauf catastrophe nucléaire majeure à proximité de l’auditorium du Parc des Princes, Gianluigi Buffon va officiellement être présenté à la presse comme le nouveau gardien du Paris Saint-Germain. Une arrivée de superstar à la hauteur du Monsieur qui a débuté depuis vendredi dernier, via une annonce « classe » publiée sur les réseaux sociaux où Gigi y enfile pour la première fois la tenue de son premier club étranger. Un regard face caméra, un premier sourire, et l’impression que Buffon est déjà chez lui à Paris. Prêt à séduire n’importe quel être humain, se considérant comme homme ou non binaire, avec cette classe qui lui colle à la peau.
À Paris, Buffon rejoint donc cinq autres gardiens sous contrat avec le PSG : Kevin Trapp (28 ans), Alphonse Areola (25 ans), Rémy Descamps (22 ans), Sébastien Cibois (vingt ans) et Garrisson Innocent (18 ans). Un embouteillage qui pourrait vite devenir problématique pour tout le monde, même s’il est évident qu’au moins deux d’entre eux vont quitter le navire avant la fin de l’été. Lorsque le Mondial sera terminé, chacun va alors prendre réellement conscience des conséquences positives comme négatives de l’arrivée de cet homme, hors norme à la fois sur et en dehors du terrain. Et tous, ou presque, risquent de tirer un minimum la gueule lors de ce retour à la réalité.
Areola-Trapp, round 3
Parmi les joueurs les plus affectés par cette arrivée, impossible de ne pas penser à Alphonse Areola et Kevin Trapp. Si l’actuel titulaire n’a pas souhaité en dire davantage sur le sujet, Trapp avait de son côté déjà clamé son envie de bosser avec Buffon avant même son arrivée : « Pour moi, en tant que gardien de but, Gianluigi Buffon est bien sûr une légende, ce qu’il a fait ces dernières années, à cet âge, à ce niveau-là, c’est remarquable. Si vous aviez la chance de travailler avec un tel gardien, ce serait quelque chose de spécial. » Pour le portier allemand, ce renfort apparaît presque comme une aubaine.
L’an passé, il n’a joué qu’à peine plus de mille minutes toutes compétitions confondues, et Trapp sait bien qu’il aura donc beaucoup plus de temps de jeu en étant numéro 1 bis avec Buffon. Une solution ressemblant davantage à un dilemme pour Alphonse, qui sort d’une première saison complète en tant que numéro un et qui, en cas de cohabitation avec Gigi, endosserait lui aussi l’habit que portait Szczęsny à la Juve l’an passé. À savoir celui du pote sympa qui dépannera lorsque Buffon se reposera ou ne sera pas en état d’enchaîner. Même si, en prime, l’un ou l’autre sait qu’il jouera aussi au moins les trois premiers matchs de LDC du fait de la suspension du champion du monde 2006. Il y a pire comme lot de consolation, certes éphémère.
Cela dépendra de Buffon
Reste à savoir aussi quel va être l’état de forme de Gigi pour sa première dans un club étranger. L’année passée, sans compter ce claquage qui l’avait éloigné des terrains un peu plus d’un mois, il n’a jamais enchaîné plus de quatre matchs de suite sur le terrain en championnat avec la Vieille Dame. D’où l’importance pour le PSG de bien choisir, et surtout de convaincre le bon élément pour partager le gâteau. Pour faire ce choix, Buffon sera probablement consulté… S’il ne l’a pas déjà été.
Et ce qu’il disait sur Areola il y a un an presque jour pour jour à beIN laisse entendre son potentiel choix : « Il est physiquement très bon avec une présence sécurisante. C’est un gardien qui a un grand futur devant lui. » Un grand futur qu’Areola cherche désespérément du regard alors qu’il se présente peut-être maintenant. Rester et partager la vedette avec une légende pas avare en bons conseils, ou tenter de s’émanciper ailleurs ? Choix cornélien. Une seule chose de sûre : le seul qui restera serein jusqu’au 30 juin 2019 sera encore et toujours Gianluigi Buffon.
Par Andrea Chazy