- Euro 2016
- 8es
- Italie-Espagne (2-0)
Buffon/De Gea : choc titanesque
Alors qu'on regrettait il y a quelques jours encore que les gardiens ne soient pas assez mis à contribution pendant cet Euro, Gianluigi Buffon et David de Gea ont tous les deux livré une grande prestation, ce lundi au Stade de France.
Ils n’ont pas grand-chose en commun si ce n’est qu’ils sont deux très grands gardiens de but. Cette après-midi au Stade de France, ils l’ont prouvé, chacun à leur tour. Sans David de Gea, l’Espagne aurait pu se prendre une déculottée bien plus sévère que celle que vient de lui infliger l’Italie. Sans son Gigi l’Italie, la Squadra Azzurra aurait bien pu concéder une égalisation dramatique en seconde période. Au final, un seul des deux poursuivra l’aventure et c’est bien dommage. C’est avec regret que Denis Brogniart vient d’éteindre le flambeau de David, éliminé par son équipe, les Rouges. On le regrettera, car il était l’un des premiers gardiens de cette compétition majeure à rendre une prestation aussi belle, pleine de panache et de bonds insensés. Buffon, lui, a su préserver le score dans les ultimes moments de la rencontre, juste avant ce contre assassin conclu par Pellè. Ces deux très grands joueurs ont enfin lancé l’Euro des gardiens de but, qu’on ne voyait que trop peu depuis le lancement de la compétition.
De Gea intraitable
Alors que l’Euro grouille depuis son lancement de gardiens de but tous plus talentueux les uns que les autres – Neuer, Lloris, Courtois –, le portier espagnol restait lui sur une prestation assez médiocre face à la Croatie. La confiance n’était donc pas au rendez-vous du côté de la Roja. Et c’était assez compréhensible. Secoué par un scandale monumental au pays, David de Gea avait toutes les raisons d’avoir la tête ailleurs. Il a pourtant parfaitement assumé son statut face aux offensives italiennes. Au final, le portier a craqué sur un coup franc relâché, alors qu’il était en train de placer son mur, et sur une fusillade à bout portant, alors que toute sa défense l’avait abandonné. Au final, De Gea n’aurait rien pu faire de mieux pour empêcher cette défaite espagnole. Bien au contraire : sans lui, l’addition aurait été plus salée. Et c’est peu dire qu’avec Manchester United, l’homme a pris l’habitude d’être meilleur que ses coéquipiers. Cette après-midi, si l’Espagne a perdu, De Gea a au moins prouvé à son idole qu’il pouvait lui aussi devenir un très, très grand gardien de but. « Il est une idole pour tout gardien et une légende vivante du football. C’est l’un des portiers que j’ai toujours suivi et admiré. C’est un grand gardien, et il continue à le prouver, malgré tant d’années dans l’élite. » Voilà comment il parlait de Gigi juste avant la rencontre.
Gigi l’amoroso
Buffon, de son côté, avait été invité à réagir en conférence de presse d’avant-match au sort de celui qu’il côtoie au panthéon des gardiens, Iker Casillas. « Quand on représente une équipe nationale aussi importante, il n’y a aucune certitude d’être le titulaire.(…)Dès qu’on se relâche trop, il y a toujours quelqu’un pour prendre votre place. » Une façon élégante de faire référence aux difficultés d’Iker, sans trop mousser son successeur David de Gea. Et quatre ans après avoir mangé un humiliant 4-0 en finale de l’Euro face à l’Espagne, Buffon s’est appliqué ce soir à ne laisser traîner aucun ballon. Après quelques interventions faciles face à un timide Morata – pourtant identifié comme « le danger numéro 1 pour l’Italie » par Buffon qui le connaît bien –, puis face à Aduriz, le gardien de la Juve a sorti le smoking pour dégoûter Iniesta et Piqué, tous les deux dans le dernier quart d’heure. Une efficacité hors pair dans le money time qui montre qu’après avoir passé deux matchs à attendre que ça se passe, puis observé Sirigu faire mumuse – et une boulette – lors du dernier match de poule, Buffon a décidé de sortir de sa boîte au bon moment. Un peu comme ses collègues superstars du poste, Lloris, Neuer, Courtois, tous très en forme lors de ces huitièmes de finale. Quant à Sirigu, seul gardien remplaçant d’une grande nation à avoir eu sa chance pour l’instant, il continuera la fête depuis le banc. Ça tombe bien, ça ne le changera pas de la saison qu’il vient de passer au PSG.
Par Gabriel Cnudde & Alexandre Doskov