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Buffarini, de Saint-Étienne à Marrakech

Par Léo Ruiz
3 minutes
Buffarini, de Saint-Étienne à Marrakech

Les dirigeants stéphanois se souviennent très bien d'avoir raté Javier Pastore, alors qu'il n'avait que 16 ans. En revanche, ils ont certainement oublié Julio Buffarini, lui aussi présent lors de ce test à l'ASSE devenu célèbre. En deux ans, cet ailier de poche reconverti arrière-droit est passé de la seconde division au toit de l'Amérique. De quoi rendre visite au pape au Vatican et espérer bloquer Cristiano Ronaldo en finale de la Coupe du monde des clubs.

C’était en novembre 2006, et on se les gelait dans le Forez. Surtout pour ces cinq gamins venus tout droit du printemps argentin. Osvaldo Piazza, le légendaire défenseur central des Verts, les avait fait venir à Sainté pour se tester. À son initiative, le club stéphanois avait signé un accord avec le club Talleres de Córdoba, en deuxième division argentine et en grosse galère financièrement. Ces cinq espoirs du club auraient dû rentabiliser l’investissement de l’ASSE. Mais aucun n’a convaincu Ivan Hasek et son staff. Cinq ans plus tard, cet essai anodin avait fait grand bruit en France : parmi ces cinq jeunes joueurs se trouvait Javier Pastore, acheté 42 millions d’euros par le PSG. Julio Buffarini, vice-capitaine de San Lorenzo de Almagro, était l’un des quatre autres lascars. Ce mercredi, à Marrakech, il disputera face à Auckland City la demi-finale de la Coupe du monde des clubs.

1m69, entre rouquin et blondinet

Avant de poser à l’autre bout du monde devant un maillot de Cristiano Ronaldo, qu’il pourrait prendre au marquage samedi en finale en cas de qualif’, « Buffa » a connu la galère. Des essais non concluants, un club formateur – Talleres – à la dérive, une descente en troisième division, un exil à Tucuman, dans le Nord argentin, puis le débarquement à Buenos Aires, à Ferro Carril Oeste. Dans son vieux stade en bois du quartier de Caballito, Ferro, embourbé en Nacional B (la D2 argentine), ne paye pas de mine. Mais le club fait partie des historiques de la capitale et jouit d’un certain prestige et donc d’une certaine médiatisation. Ce mi-blondinet, mi-rouquin de la taille de Messi, qui court dans tous les sens, se bat comme un chien, envoie de bons centres et plante à l’occasion quelques buts décisifs. Il attire l’attention des « grands » de Buenos Aires. River et Racing se positionnent, mais c’est San Lorenzo qui l’attrape début 2012. Mauvais choix, pense-t-on dans un premier temps. Avec le Cyclone, Buffarini se retrouve à jouer le maintien dans un vestiaire bordélique. Au bord du gouffre, les Corbeaux finissent par garder leur place en Primera suite à un barrage contre Instituto, un club de Córdoba, sa ville natale. Buffa est l’un des meilleurs des siens, ce qui le fait entrer dans la catégorie des joueurs préférés de la hinchada azulgrana.

« J’ai offert mon maillot au pape »

Après avoir frôlé la catastrophe, San Lorenzo repart sur de meilleures bases. Des recrues, des jeunes du centre, moins de pression des fans et un nouvel entraîneur : Juan Antonio Pizzi, ancien buteur passé par le Barça et Valence. Macanudo Pizzi fait reculer Buffa d’un cran et le positionne arrière droit. Ce n’est pas le seul changement pour le Cordobés, qui laisse tomber ses éternels cheveux longs pour une coupe au gel « chée-bran » . Vitesse, débordements, retours en catastrophe, sauvetages sur la ligne, frappes de loin : Buffarini se régale, chope le brassard quand l’idole de la maison – Pipi Romagnoli – n’est pas là et devient l’un des cadres d’une équipe ressuscitée. Fin 2013, San Lorenzo remporte le Tournoi initial. Huit mois plus tard, Buffa et les siens lèvent pour la première fois de l’histoire du club la Copa Libertadores, qu’ils s’empresseront d’aller présenter au plus fidèle de leurs supporters, le pape, au Vatican. L’arrière-droit faisait partie – avec Juan Mercier – des deux veinards sélectionnés pour le voyage. Séquence émotion : « Je ne savais pas quoi lui dire, je lui ai offert le maillot que j’ai porté en finale. En le saluant, d’un sourire, j’ai compris qu’il savait très bien qui j’étais. Je l’ai remercié, mais les mots ne sortaient pas. » Désormais à Marrakech, l’ancien pote de Pastore vise au moins la finale contre le Real. Sans pour autant se rabaisser devant les stars madrilènes. « On est venus chercher la coupe, pas un maillot. »

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