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Bucarest à quai

Par Mathieu Rollinger, à Bucarest
Bucarest à quai

Comment un pays organisateur vit-il un Euro qu’il ne dispute pas ? La Roumanie et l’Azerbaïdjan sont les premiers de l’histoire à connaître cette drôle de situation, et c'est bien à Bucarest que cette situation ubuesque est la plus prégnante.

Mieux vaut regarder où on met les pieds quand on déambule dans le Centrul Vechi. Déjà pour éviter de se faire une cheville sur un pavé déchaussé. Mais aussi parce qu’en s’installant à une terrasse de la rue Lipscani, deux types de spectacle peuvent s’offrir à vous sur les coups de 22 heures : pile, ce sera le coup d’envoi d’un match de l’Euro, face, des danseuses légèrement vêtues se trémoussant sur des remix électro. Dans les deux cas, ce n’est pas ici que l’on sentira la ferveur qui doit normalement bercer une ville accueillant l’Euro. Et hormis les fois où les marées d’Ukrainiens et de Macédoniens du Nord se sont croisées pour un match de poule, rares sont les personnes directement concernées par l’événement. Aucun maillot jaune de la Tricolorii en vue, deux maillots de la Nati, pas beaucoup plus de bleus de France. Au volant de sa Dacia Logan, Marian brosse le portrait d’un mois de juin on ne peut plus normal dans la capitale roumaine : « J’ai compté le nombre de supporters que j’ai transportés. Et franchement, ce n’était pas compliqué puisque j’ai dû emmener au stade trois Ukrainiens. C’est tout. » Il faut dire que les fêtes organisées chez soi sans y être invité laissent rarement un souvenir impérissable.

Loin de l’ultra-centre, au cœur d’un campus universitaire, une dizaine de jeunes de l’Académie Narcis Raducan perfectionnent leurs skillsau moment où Galles-Danemark débute. Pas sûr qu’ils soient devant leur poste deux jours plus tard pour France-Suisse. « Ici, les gens voulaient recevoir le Portugal au lieu de la France », rapporte Cristian Scutariu, journaliste freelance. Pourquoi ? « Parce que Cristiano Ronaldo. » Les yeux plongés au fond de son café, cet ancien rédacteur de la Gazeta Sporturilor s’excuse presque du manque d’ambiance, mais peut l’expliquer simplement par l’absence de la Roumanie dans les nations en lice : « On perd notre barrage contre l’Islande, qui elle-même se fait sortir par la Hongrie. Il suffisait de deux matchs pour que l’histoire soit complètement différente et que l’Arena Națională soit aussi bouillante que la Puskás Aréna de Budapest. »

« La pire équipe de Roumanie que j’ai vue de ma vie »

Pas question de se voiler la face, et Cristian le sait très bien : le mal est plus profond. « Le dernier frisson que nous avons connu, c’est l’Euro U21 en 2019, quand la Roumanie a battu la Croatie, l’Angleterre et accroché la France avant de perdre en demies face à l’Allemagne. Cette épopée a été une belle opération marketing pour les clubs roumains qui ont bien vendu leurs joueurs. » Mais depuis, la plupart des talents de cette génération se sont perdus dans des clubs de seconde zone, comme l’attaquant George Pușcaș à Reading (Championship), et n’ont su franchir le palier les séparant du haut niveau et des A. Une sélection qui compte pour plus grosse « star » Nicolae Stanciu, n°10 du Slavia Prague. « Aussi loin que je me souvienne, c’est la pire équipe de Roumanie que j’ai vue de ma vie », déplore Cristian, du haut de ses 35 ans. Et pendant qu’une reprise de Ne me quitte pas de Jacques Brel surgit en fond sonore, il met le doigt là où ça fait mal : « On a lâché la formation, et nos joueurs partent trop tôt à l’étranger. Et comme ils se sentent vite déracinés, ça fait généralement un flop. » Ou quand les princes des Carpates se carapatent.

On n’attend pas Patriciu ?

« Pendant trente ans, on s’est moqué de nos voisins et rivaux hongrois qui ne se qualifiaient jamais dans les compétitions internationales, poursuit Scutariu. Sauf qu’eux — avec l’aide conséquente de l’État, il faut bien le dire — ont bien travaillé. Chez nous, il n’y a que Gheorghe Hagi qui a su impulser un peu d’air frais, lorsqu’il a repris le Viitorul Constanța(qui a fusionné récemment avec le Farul Constanța, NDLR).  » Ajoutez à ça la perte de vitesse des grands clubs de la capitale, et en premier lieu le Steaua, dont la branche historique de l’armée a repris les droits au fantasque Gigi Becali pour repartir en quatrième division, et voilà le foot roumain sans vitrine. Difficile après ça de sortir les fêtards des boîtes de nuit.

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