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Bruno Rodríguez : « Je regretterai toujours d’avoir quitté le PSG »

Propos recueillis par Gaspard Manet
Bruno Rodríguez : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je regretterai toujours d&rsquo;avoir quitté le PSG<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Parmi les onze clubs qu'il a connus dans sa carrière, Bruno Rodríguez a notamment porté les couleurs du PSG et de Metz. Entre boulangerie, équipe de France et regrets éternels, Bruno livre une interview plaisir.

Vous avez joué deux saisons à Metz, entre 1997 et 1999, quels souvenirs gardez-vous de cette période ?

C’est, je pense, l’un des meilleurs moments de ma carrière sportive. Au niveau de l’amitié, de l’esprit de camaraderie qui régnait dans cette équipe, tout était parfait. Je garde un excellent souvenir de ces deux saisons. Non seulement le groupe s’entendait très bien, mais cette entente s’élargissait même jusqu’aux dirigeants et à toutes les personnes qui travaillaient au sein du club. Il y avait vraiment un esprit familial, une sorte de communion entre nous. C’est d’ailleurs cette formidable entente qui nous a permis d’avoir les résultats qu’on a eus. On allait tous à l’entraînement avec le sourire. D’ailleurs, on aurait même pu y dormir tellement c’était un plaisir pour tout le monde d’être là. Et quand vous avez une telle ambiance dans un groupe, ça se ressent sur le terrain, c’est évident.

Vous étiez d’ailleurs tout proches d’être sacrés champions, en 1998, mais Lens l’emporte finalement à la différence de buts…

Oui, c’est rageant de perdre comme ça. On avait fait une super saison et on aurait tellement aimé remporter ce titre pour les supporters et les gens du club. Honnêtement, il aurait été plus logique de faire un match d’appui, au Stade de France, par exemple. Une sorte de finale qui aurait été une grande fête pour tout le monde. C’est vraiment cruel de perdre à la différence de buts. Avec Lens, je perds également un titre à la dernière journée, mais au moins c’était une sorte de finale face à Lyon. Je préfère largement perdre comme ça.

D’un point de vue personnel, vous pensez que c’est le summum de votre carrière, là où vous avez été le plus performant ?

Non, pas forcément. C’est vrai que j’étais bien, mais je l’étais également à Bastia et même au PSG. À Metz, j’étais dans la continuité de ce que j’avais fait à Bastia, et puis j’avais également l’âge où l’on est au top physiquement pour un footballeur. Quand j’y repense, ça reste vraiment une belle époque.

Vous évoquez le PSG, c’est d’ailleurs après vos deux belles saisons messines que vous signez à Paris. C’était une sorte de consécration de signer là-bas ?

Il faut savoir que depuis tout petit, je rêvais de jouer au Parc des Princes. Cette envie me venait de l’époque où, gamin, j’avais joué la Coupe « Vache qui rit » avec mon petit club de l’Étoile. On s’était retrouvé à jouer sur la pelouse du Parc et j’avais été vraiment fasciné par la beauté de ce stade. Je voulais absolument revenir jouer là-bas un jour. Du coup, quand le PSG s’est manifesté, il est évident que je ne pouvais pas refuser.

Si l’histoire commençait bien, elle a plutôt tourné court. Gardez-vous un souvenir mitigé de cette expérience parisienne ?

Oui, un peu. J’avais réalisé une bonne fin de saison avec le PSG, et puis les dirigeants n’ont pas tenu des promesses qu’ils m’avaient faites, et j’ai donc décidé de quitter le club. Il faut bien avouer que j’ai fait une erreur en m’en allant comme ça, sur un coup de tête. C’est d’ailleurs la plus grosse erreur de ma carrière. J’aurais dû attendre au moins six mois de plus, mais voilà, avec mon caractère bien trempé je n’ai écouté personne et j’ai fait mes valises.

Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

Un non-respect de choses que l’on m’avait promises. Je n’ai pas vraiment envie de m’étaler sur le sujet, tout ça appartient au passé et ça ne sert à rien de le remuer. Je regretterai toujours d’avoir quitté le PSG si rapidement, mais c’est comme ça, on ne revient pas en arrière.
Tous les plus grands clubs européens ont gagné entre dix et vingt fois leur championnat, Paris ne l’a fait que quatre fois.

Votre passage au PSG, c’est également ce but de la victoire contre l’OM. Un événement qui vous a permis de gagner le respect des supporters.

C’était assez incroyable, je n’avais jamais connu ça. À l’époque, cela faisait quelques années que Paris n’avait plus gagné contre Marseille et il y avait vraiment une énorme attente autour de ce match. Je ne me rendais pas compte à quel point ce match avait de l’importance pour les supporters. Ce but reste quelque chose de particulier, c’était vraiment un moment très fort. D’ailleurs, encore aujourd’hui, quand je vais à Paris, les gens m’en parlent et me remercient pour ce but. C’est assez surprenant, surtout que quand je monte à Paris, je m’attends à passer inaperçu, et pourtant, il y a toujours des passionnés qui me reconnaissent et avec qui j’échange bien volontiers. On a souvent parlé des supporters parisiens en mal, mais moi, j’ai toujours trouvé que ces supporters sont surtout des passionnés, à fond derrière leur club, et c’est quelque chose qui m’a énormément touché.

Vous aviez une bonne relation avec eux ?

Oui, très bonne. J’ai toujours eu de bonnes relations avec les supporters de mes clubs, car j’ai toujours donné le meilleur de moi-même, je me suis toujours battu pour le maillot que je portais. Et ça, les supporters savent l’apprécier. Bien sûr, il y a des fois où tu passes à travers ton match, mais le plus important reste de toujours mouiller le maillot. Quand je jouais encore au PSG, il m’arrivait souvent de croiser des supporters dans la rue, et nous avons toujours eu des rapports très courtois, très aimables. Mais bon, ça n’a rien à voir avec maintenant, on était des petits joueurs (rires).

En parlant de ça, quel regard portez-vous sur le PSG actuel ?

Je suis très content pour Paris, déjà, mais je le suis également pour le championnat de France, car ça permet à la Ligue 1 d’être plus exposée dans le monde, et maintenant les gens commencent à parler en bien de notre championnat. Et puis il ne faut pas se mentir, c’est toujours plus agréable de voir jouer des mecs comme Pastore, Ibra ou Verratti. Je vais plus volontiers au stade quand il y a des joueurs comme ça sur la pelouse, c’est évident. Il faut bien avoir conscience que c’est une chance d’avoir ces joueurs-là dans notre championnat.

Cette année encore, le PSG a chuté en quart de finale de la Ligue des champions. Quand, selon vous, seront-ils capables de franchir un palier en Europe ?

Tout ne peut pas se faire du jour au lendemain, le projet n’a que trois-quatre ans, il faut être patient. Regardez une équipe comme le Real, ça a beau être le plus grand club au monde, ils ont mis douze ans pour aller chercher leur dixième Ligue des champions. En France, on veut tout gagner tout de suite. Parce qu’il y a des stars, le PSG doit remporter immédiatement la C1, mais soyons sérieux, il faut plus de temps que ça. Il faut déjà se constituer un solide palmarès sur le plan national et continuer d’avancer. Tous les plus grands clubs européens ont gagné entre dix et vingt fois leur championnat, Paris ne l’a fait que quatre fois.

Pour en revenir à votre carrière, après votre départ du PSG, vous vous retrouvez à Bradford, en Angleterre, et l’on ne peut pas dire que ce soit une franche réussite. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

J’ai fait un très mauvais choix en allant là-bas. À la base, je voulais être prêté à Bordeaux qui était partant pour m’accueillir, mais Paris n’a pas voulu me laisser partir là-bas, pour ne pas renforcer la concurrence. Après ça, je signe un peu dans la précipitation à Bradford où l’entraîneur n’était même pas au courant de mon arrivée. Le manager qui m’avait fait venir ne l’avait pas prévenu. Donc bon, déjà, on part sur de mauvaises bases. Et puis tout était compliqué, je ne parlais pas la langue, l’entraîneur m’a bien fait comprendre qu’il ne voulait pas me faire jouer. À partir de là, c’est difficile de rester, donc j’ai pris mes cliques et mes claques et je suis parti.

Dans votre carrière, vous avez connu un total de onze clubs. Qu’est-ce qui vous a fait bouger si souvent ?

Je voulais jouer, tout simplement. Mon plaisir a toujours été d’être sur le terrain, c’est là où je me sens le mieux, et à partir du moment où je me retrouvais sur le banc, j’essayais d’aller chercher du temps de jeu ailleurs. Je savais qu’une carrière passait très vite, donc je voulais absolument jouer le plus possible. Le plaisir du jeu était le plus important, c’est ce qui m’a toujours motivé.
J’ai ouvert une boulangerie chez moi, à Bastia, avec un ami. C’était le plus simple et le plus rapide pour monter une affaire. Je n’étais pas aux fourneaux, mais à la vente.

Pensez-vous qu’il y a eu une fracture dans votre carrière après votre départ du PSG ?

Oui, totalement. J’aurais dû partir du PSG en signant dans un club plus intéressant pour ma carrière, mais bon, ça n’a pas été le cas. Après, si le PSG m’avait laissé partir à Bordeaux, je pense que tout aurait été différent. À l’époque, Bordeaux jouait le titre et la Ligue des champions, ce qui était très intéressant. Mais c’est comme ça, j’ai fait le mauvais choix au mauvais moment, c’est la vie. Après, je suis quand même très content de ma carrière, c’est déjà très bien de gagner sa vie en jouant au football. J’ai fait un mauvais choix, voilà tout, mais qui n’en fait pas dans sa vie, hein ? Des regrets, on en a tous, mais on ne peut rien y changer. Bien sûr, j’aurais aimé que certaines choses se passent différemment, comme l’équipe de France, notamment.

Comment ça ?

Je regrette d’avoir raté certaines compétitions. À l’époque de la Coupe du monde, je pense que j’étais dans les petits papiers du sélectionneur. J’étais l’un des meilleurs buteurs du championnat français, je m’entendais bien avec Robert Pirès sur le terrain, bref, il y avait des bruits qui circulaient. Et ils étaient assez intenses (rires). J’ai connu toutes les catégories de jeunes, les A’ également, donc je regrette de ne pas avoir connu l’équipe de France. Quand j’étais à Paris, Roger Lemerre m’avait appelé pour me faire revenir en A’ en me disant que j’avais des chances d’intégrer l’équipe pour le championnat d’Europe, mais je n’ai pas pu y aller à cause d’un blessure. Mais voilà, encore une fois, c’est comme ça.

Après une dernière pige à Clermont, vous mettez un terme à votre carrière en 2005. Cela n’a pas été trop difficile ?

Déjà, il faut savoir que je suis allé à Clermont car j’avais fait une promesse au président de l’époque, deux ans auparavant. Il était venu me voir à Lens pour me faire venir, et j’avais beaucoup apprécié, je lui ai dit que je voulais encore jouer au plus haut niveau, mais je lui ai promis de venir dans son club vers la fin de ma carrière et je l’ai fait. Malheureusement, je n’ai joué que cinq mois à cause d’une blessure et j’ai dû mettre un terme à ma carrière. J’ai quitté le football sans aucun regret, car j’en avais un peu marre à l’époque. J’ai tout coupé pendant cinq-six ans, et je le regrette aujourd’hui car, avec le recul, j’aurais bien aimé intégrer un club dans la cellule recrutement ou quelque chose comme ça.

Au lieu de ça, vous avez donc ouvert une boulangerie ?

Oui, tout à fait. J’ai ouvert une boulangerie chez moi, à Bastia, avec un ami. On a eu cette idée, car c’était le plus simple et le plus rapide pour monter une affaire. Je n’étais pas aux fourneaux, mais en revanche, j’étais à la vente. C’était une très bonne expérience, même si c’est un métier assez dur où il faut être sur le pont à six heures du matin. Ça n’a rien à voir avec la vie de footballeur (rires). Mais ça m’a appris un autre métier et j’ai beaucoup aimé, surtout que j’ai toujours apprécié le contact avec les gens.

Les clients n’étaient pas trop surpris d’être servis par Bruno Rodríguez ?

Un petit peu au début, forcément. D’ailleurs, au départ, les gens venaient peut-être un peu pour ça, mais j’espère qu’après ils revenaient surtout pour la qualité de notre pain (rires).

Et désormais, qu’est-ce que vous faites ?

Je m’occupe de ma femme, et de mon fils qui joue au tennis. Pour l’instant, il a douze ans et il a plutôt un bon niveau, on espère qu’il va intégrer le pôle France. Mais bon, le plus important est qu’il s’épanouisse, on verra bien pour la suite. Sinon, j’aimerais vraiment intégrer un club, mais ce n’est pas évident. J’attends, mais le téléphone ne sonne pas encore (rires).
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