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Bruno N’Gotty, du Rapid Vienne à la Coupe du Rhône
La saison dernière, il était sur les feuilles de match de Belleville Saint-Jean-d'Ardières, en Honneur Régional. S'il a choisi de lever le pied cette année, Bruno N'Gotty a pourtant bien signé une nouvelle licence à 44 ans. Au cœur du Beaujolais, l'ancien défenseur international vendange sans compter pour le seul plaisir du ballon rond.
Il y a vingt ans, la Coupe des coupes. Aujourd’hui, la Coupe du Rhône. De 1996 à 2015, les noms des trophées ont changé, mais la passion de Bruno N’Gotty reste la même. À bientôt 44 ans, l’ancien joueur du PSG continue de sortir son moteur et son pied droit chaque week-end sur les routes de la région Rhône-Alpes. Le voilà aujourd’hui en Honneur régional, soit deux niveaux en dessous de la CFA2, à Belleville Saint-Jean-d’Ardières. Mais après une saison passée comme taulier en défense centrale, le rythme des matchs et des entraînements a fini de l’user. « J’en avais ras le bol. Alors, avant que le corps ne dise stop, j’ai préféré raccrocher. » Enfin presque. Parce que Bruno est un homme de passions, il n’a pas résisté bien longtemps à l’appel du terrain, et a signé une nouvelle licence 2014/15. Pour jouer encore un peu, mais aussi pour donner des conseils. « Si besoin je suis là, mais c’est surtout pour être sur le banc comme dirigeant. Mon arrivée aux côtés de Pierre Chavrondier a pour objectif d’apporter un regard neuf et de casser la routine qui s’était installée » assure-t-il. Récemment, il a pourtant bien enfilé le short. Pour la bonne cause, donc.
Milan AC, des œufs et trente péquins
Le 8 mai 1996, à Bruxelles, Bruno N’Gotty prend son élan pour taper un coup franc. La frappe est lourde, et ne laisse aucune chance à Konsel, le portier du Rapid Vienne. C’est le seul but d’une finale qui envoie le PSG sur le toit de l’Europe. Paris remporte là la Coupe des coupes (C2), seul trophée européen qui orne aujourd’hui sa vitrine. Par la suite, le natif de Lyon va connaître une carrière entre la France, l’Italie et l’Angleterre. Et quelques touches avec les Bleus. Mais à la veille de la Coupe du monde 1998, il s’engage avec le Milan AC, alors que la saison n’est pas terminée. Ricardo, alors entraîneur du PSG, n’apprécie pas et le scotche au banc de touche. Aimé Jacquet appliquera sa condition : aucun joueur remplaçant dans son club ne sera appelé en équipe de France. « C’est clair que des choix de carrière m’ont bloqué, mais bon, on ne vit pas avec des regrets » , souligne-t-il.
C’est d’ailleurs grâce à cette même philosophie que Bruno N’Gotty joue encore au football. Il prend sa retraite en 2009, après une dernière expérience à Hereford United. Mais comme il sent que son corps peut encore suivre, il s’engage en 2011 en faveur du club amateur de l’AS Lattes, en Division d’Honneur Languedoc-Roussillon. En 2013, il passe par Belleville-St-Jean-d’Ardières, en DH Rhône-Alpes. Avec pour objectif d’aider le club à gravir les échelons et à remporter quelques trophées. D’ailleurs, avec ses compères, il lorgne aujourd’hui la Coupe du Rhône, place vide sur l’étagère du salon. En 8e de finale, Belleville Saint-Jean-d’Ardières n’a pas fait dans la dentelle contre Montrottier, club de district plus connu pour sa fête des œufs que pour son football. Une première fois reportée pour terrain impraticable, la rencontre s’est jouée une semaine plus tard, fin février. « On a bien passé la matinée à éponger l’eau sur le gore, mais ça n’a pas suffi » , déplorait le portier bénévole du petit village des monts du Lyonnais. Bruno, lui, avait fait le déplacement. Et comme tout le monde, il est rentré pour revenir un mardi soir pour empiler devant trente péquins. Au final, 11-0. Rien à dire, Bruno a fait le métier sans broncher. Le plaisir simple.
Des envies d’entraîner
Forcément, la présence d’un ancien international sur des terrains amateurs, héros des supporters parisiens depuis ce soir de mai 1996, a de quoi surprendre ceux qui croisent sa route. Cédric Fregonara était, la saison dernière, entraîneur d’un club de district, le FC Valsonne. Au moment de vérifier les licences, il a eu comme un doute : « J’ai bien noté le nom de Bruno N’Gotty, mais je n’ai fait le rapprochement que quand je l’ai vu sur le terrain. C’était un peu surréaliste de le voir là, sur notre terrain pourri, à jouer un match de deuxième série. » Là aussi, il y a bien eu un coup franc. « Il ne voulait pas vraiment le tirer, mais ses collègues ont insisté. Quand j’ai vu l’élan qu’il prenait, j’ai pensé qu’il allait détruire l’un de mes joueurs. Bon, ben, ça n’a rien donné, si ce n’est qu’on a dû perdre le ballon dans la rivière. »
Si l’envie de taper des coups francs est toujours là, une autre volonté est en train de naître chez Bruno N’Gotty : celle d’entraîner. Aujourd’hui adjoint de Pierre Chavrondier, lui aussi Lyonnais de la génération 90, le champion d’Italie 1999 avec le Milan AC sait qu’il ne restera pas éternellement en DH. Même s’il ne lâchera pas les siens avant d’avoir obtenu des résultats importants. « Tout d’abord, l’objectif est d’évoluer en Honneur avec Belleville, ce qui serait déjà un bon niveau pour le club. Après, à titre personnel, je vais passer les diplômes d’entraîneur. Puis, franchir des paliers avec un club pour espérer le CFA2 ou CFA, voire National. Mais bon, je n’ai pas non plus de plan de carrière établi. » De Lyon en passant par le Milan AC, Marseille ou encore Bolton et l’équipe de France, Bruno N’Gotty a engrangé suffisamment d’expérience pour la partager. En attendant le prochain match de Coupe du Rhône…
Par Cédric Perrier