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Bruno Genesio, on envoie la suite ?
L’avenir à l’OL de Bruno Genesio devrait être scellé ce mardi soir par Jean-Michel Aulas, qui doit communiquer sa décision de prolonger son entraîneur ou pas à l’issue de la rencontre face à Rennes. Et malgré la gronde des supporters, la solution du maintien semble la plus logique.
« Face aux mauvais résultats, aux critiques, aux choix, vous êtes seul parce que c’est vous qui devez décider. C’est normal, c’est votre rôle. » Bruno Genesio a beau avoir pris du recul sur sa fonction, ce n’est pas lui qui a aujourd’hui la main. Car c’est de son avenir qu’il s’agit et le dernier mot reviendra forcément à son président, Jean-Michel Aulas. En général, dans un grand club, un entraîneur en danger joue son avenir sur une manche de Coupe d’Europe, voire sur un match qui servirait de bascule pour valider ou non les objectifs. Mais, pour Bruno Genesio, rien n’est jamais ordinaire, à moins que l’OL ne soit pas un si grand club qu’il veuille le laisser paraître. Sa prolongation se jouera donc sur une double confrontation face à Rennes, à cheval sur deux compétitions. Le match de championnat a été empoché sur le gong (0-1), laissant Lyon sur le podium avec le LOSC dans le viseur, et c’est donc après cette demi-finale de Coupe de France à domicile que les choses devraient se décanter.
Nuits blanches, idées noires
Samedi, le journal L’Équipe pensait savoir que Jean-Michel Aulas s’apprêtait à donner du rab à son entraîneur, installé depuis le 24 décembre 2015 sur le banc rhodanien. Peu importe la supposée fin du cycle, peu importe la gronde des supporters : le choix de la continuité semble le plus logique. Et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, parce que Bruno Genesio, malgré les éternelles réticences qui l’entourent, a rarement déçu. Lorsqu’il n’a pas qualifié l’Olympique lyonnais en Ligue des champions, il l’a emmené en demi-finale de Ligue Europa. Une stabilité que pourrait jalouser de nombreux clubs français. Pourtant, le président de l’OL a tenu à garder la primeur de sa décision aux membres du comité de gestion du club. Une question de courtoisie, ou juste une manière de garder sous pression staff, joueurs et supporters. Il est fort probable que le technicien, à cette heure-ci, sache ce qui l’attend. Mais tant que l’officialisation n’est pas tombée, cette incertitude n’a pas dû lui offrir des nuits paisibles.
Un peu comme depuis de nombreux mois. « Je ne dors pas. On s’endort, mais très tôt ou très tard, nous confiait-il récemment. Une fois que je m’assoupis, je dors plutôt bien, mais il faut y parvenir. On repense à tout, même quand on a gagné. » Ce soir, tout pourrait être beaucoup plus clair dans son esprit. Quoi qu’il arrive, soit il ressortira de cet épisode renforcé, soit l’ancien adjoint pourra enfin relâcher une pression qui ne le quitte plus depuis qu’il a pris les manettes de l’OL. Celle inhérente à son poste, mais celle qui est aussi imposée par les supporters lyonnais. En dehors des accrochages qu’il a pu avoir dans les rues de Lyon, c’est dans le stade que le désaveu est le plus violent à encaisser. Comme en atteste cette banderole déployée le 19 mai dernier, alors que son équipe venait d’assurer la qualification en C1 contre Nice : « Bruno, ton amour pour l’OL t’honore, mais il est temps de tourner la page. »
Le mieux est l’ennemi du bien
« Tourner la page » , mais pour y écrire quoi ? Les supporters remettent en cause la capacité de leur entraîneur à faire progresser son groupe, ses prétendues lacunes tactiques, son style de jeu soi-disant laborieux. Des observations et des critiques qui peuvent s’entendre, de la même façon que ce serait une erreur de donner les pleins pouvoirs à Genesio pour deux exploits contre Manchester City et le PSG. En revanche, les Lyonnais savent ce qu’ils perdent, moins ce qu’ils gagnent. Émargeant à 1,2 million euros par an, difficile de trouver un remplaçant avec un standing nettement supérieur à des tarifs raisonnables. À titre de comparaison, José Mourinho, que certains verraient bien s’asseoir sur un banc de Ligue 1, facturait 26 millions d’euros annuels à United.
Ce qui touche Bruno est finalement symptomatique du mal des entraîneurs français, partant avec toujours moins de crédit qu’un étranger, et ce quelles que soient ses références. Aujourd’hui, c’est un entraîneur qui arrive plus qu’on ne le pense à fédérer un groupe, reste en course pour la qualification européenne, a amené l’OL en huitièmes de finale de Ligue des champions pour la première fois depuis 2012, qui est capable de piloter une campagne de recrutement de manière intelligente, et semble aussi être le plus compatible avec Jean-Michel Aulas, qui a ses valises de faites en attendant la sentence. Peut-être que le timing mériterait d’être peaufiné.
Par Mathieu Rollinger