- Coupe de France
- AS Valence/Arles-Avignon
Brunel : « Entraîner ? Oui, j’aime ça ! »
Philippe Brunel est un vrai joueur de Ligue 1. Plus de 300 matchs et une trentaine de buts. Installé aujourd’hui dans la Drôme à Valence avec ses deux enfants, l’ancienne patte gauche lensoise joue toujours, à l’AS Valence en CFA et s’apprête à défier une ligue 2 samedi pour le 7ème tour de la coupe de France. Et à l’écouter, le Boulonnais à l’air heureux.
Vous avez fait toute votre carrière en Ligue 1. Ca fait quoi de se retrouver en CFA ?
C’est toujours compliqué quand on descend de niveau. Quand j’ai fini en Ligue 2, je pensais retrouver un club de national, j’étais resté un an sans jouer, à m’entraîner avec la CFA d’Angers. Ce projet de venir à Valence, ce n’était pas prémédité, ce n’était pas pour jouer mais pour m’associer avec un ancien partenaire, Mickaël Stephan, pour reprendre un club de Squash et de Badminton. Mais j’ai rencontré l’entraîneur Fabien Mira, il m’a demandé si je voulais encore jouer, il m’a fait une proposition et j’ai dit ok. Du coup pour l’instant, c’est plutôt football que squash mais peut-être qu’après j’entraînerais le club, je ne sais pas encore.
Entraîner, c’est quelque chose qui vous plaît ?
Oui, j’aime ça. Avant, j’entraînais des mômes de 15 ans. Il faut d’abord passer les diplômes, commencer petit, en CFA ou CFA 2, mais oui, ça peut être intéressant de découvrir autre chose, et pourquoi pas à Valence, si on monte en National, je ne sais pas. Même en tant qu’adjoint pour débuter ça peut être intéressant.
C’est quoi le quotidien d’un club amateur ?
C’est quasiment entraînement tous les jours. Plutôt le soir, à 18h30, pendant 1h30 voire 2h. En professionnel, c’est plutôt le matin. Là, on a notre journée de repos le jeudi pour ceux qui n’ont pas de boulot. Il faut quand même avoir une certaine condition physique, une hygiène de vie. Je ne fais pas n’importe quoi non plus, j’essaie de manger des pâtes et du riz régulièrement mais après les matchs, on peut se faire plaisir. Même si ce n’est pas un club pro, on a des pesées toutes les semaines, le club veut progresser et devenir une référence dans le coin. Tout le monde fait des efforts. On est dans un groupe difficile, celui de l’Est, donc on a des déplacements longs et difficiles et le club nous met dans de bonnes conditions pour préparer les matchs. Après, ce sont aux joueurs de prouver sur le terrain.
Votre quotidien à vous, c’est football ou famille ?
On fait la part des choses. Du matin jusqu’en fin d’après-midi, j’ai ma vie de famille (une fille de 12 ans, un garçon de 7 ans, ndlr) et le soir, c’est foot. Avant, j’avais moins de temps pour ma famille, maintenant, j’en ai beaucoup plus. Mais je m’acclimate très bien au monde amateur, on a du temps la journée, et puis vu que je ne bosse pas encore…
Pourquoi finir en CFA ? Vous aimiez trop le foot pour arrêter ?
Oui voilà, et puis je ne voulais pas arrêter brutalement ma carrière. Quand j’ai fini avec Angers, je pensais trouver un autre club, en National, en Ligue 2 et finir pépère mais bon. Après un an sans jouer, je ne voulais pas arrêter là-dessus. La CFA, c’était bien pour finir. C’est un championnat intéressant, serré, ça joue au ballon, ça ne fait pas que défendre.
Les exigences du haut niveau, vous essayez de les transmettre à vos partenaires ? Ils vous écoutent ?
Dans le monde amateur, c’est encore plus dur. Il y a des jeunes attentifs, intelligents, ambitieux. J’espère que quand je leur donne des conseils, ils m’écoutent. J’essaie d’échanger avec eux, de rassurer les joueurs en manque de confiance, je leur dis que dans le foot, tout va très vite. Il y a plein d’exemples, Savidan, Giroud … Après c’est une question d’ambition, certains sont plus réceptifs, ont les yeux qui brillent, d’autres s’en foutent. J’aimerais que des joueurs en qui je crois réussissent.
Vous êtes un ancien. Comment se passe la relation avec votre entraîneur ? Et avec le groupe ?
Parfois c’est un peu bizarre. Au départ, je suis venu pour jouer, pas pour prendre la place de l’entraîneur. Il n’y a pas de malaise avec le coach mais parfois, j’ai l’impression de dire des choses à sa place. Après quand on discute, il y a un bon échange, bien sûr, parfois c’est constructif, parfois moins. Mais j’attends toujours qu’il vienne me demander mon avis, je ne vais pas me permettre de le faire de moi-même. Mais tant mieux, chacun son rôle. Après dans le groupe, mon expérience de pro peut servir, en plus on une super ambiance, si ça peut servir aux jeunes tant mieux. Moi je suis là pour jouer, je ne discute pas les décisions, avec le recul je sais que ça ne sert à rien, mais c’est sûr que je ne suis pas venu ici pour jouer des bouts de matchs.
Samedi soir, vous jouez une équipe de Ligue 2 en coupe de France (Arles Avignon). Ce match c’est quoi : l’occasion pour les jeunes de se montrer ou un match à gagner ?
Il y a un peu de tout en fait. Bien sûr, c’est un bon moyen pour les jeunes de se montrer. Moi je pense aussi à la qualification. Ce serait un exploit de battre une Ligue 2, en sachant qu’ils ne sont pas au mieux cette année. Ca reste des pros, ils ont de l’amour propre, de l’orgueil, ça ne va pas être facile pour nous. Si on veut passer, il faudra sortir un gros match. Après, il ya des joueurs qui sortiront du lot. Il y aura peut être des recruteurs, ça peut nous booster. On vient de perdre en championnat et si on joue de la même manière, on va prendre une valise. On sera vigilant, on doit faire un match plein.
L’objectif cette saison : le maintien en CFA ou la montée en National ?
Principalement, c’est le maintien, c’est la priorité. Après, si dans la deuxième partie de championnat on est 3 ou 4ème, on jouera la carte pour la montée, c’est clair. Mais déjà, 5 ou 6ème ce serait un bon championnat, tout le monde serait content. Mais si on peut poursuivre la spirale de la montée, on ne se privera pas. Ce serait franchir un palier. Il faut penser à tout. Se donner à fond et gagner de l’argent, car dans le foot maintenant… Si il y en a qui veulent manger des cailloux toute leur vie… Moi je pense que l’on peut améliorer les choses. Il faut rester sur cette constante et réussir à garder nos jeunes, et surtout pouvoir les payer. Il faut passer un cap et sortir le portefeuille si on monte en National. Il faut y croire.
Votre meilleur souvenir en pro ?
Forcément, le titre de champion de France 98 avec Lens. Il faut le savourer, pour un club comme Lens à l’époque c’était quelque chose de fort. On était en concurrence avec Metz, on était deux clubs sympas avec des budgets moyens mais on avait une grosse équipe, avec Smicer, Vairelles, Drobnjak … C’était mérité, même si ça s’est joué au goal-average.
Vous avez des regrets quand vous repensez à votre carrière ?
Mon choix d’être parti jouer à Sochaux après Lille. C’est un de mes plus mauvais choix, mais bon, dans mon malheur, on a gagné la coupe de France, donc ça va. Je partais de très loin, j’étais à la cave, les dirigeants voulaient que je parte. Alain Perrin est venu me voir, me demander ce que je voulais, et finalement, je suis resté. C’était une année compliquée mais c’est bien d’avoir fini la saison en beauté. Et puis on savoure doublement les bons moments quand on passe par des moments difficiles.
Vous êtes né à Boulogne sur Mer. Valence, c’est votre dernier club ou on peut imaginer vous retrouver dans le Nord ?
Maintenant que j’ai acheté dans la région, je pense rester un moment. Si je peux entrainer un club dans la région, pourquoi pas l’AS Valence ce serait bien. Si j’avais eu une proposition dans le Nord, à Lens, à Lille, j’y serais peut être retourné mais je me plais ici donc tout va bien, il n’y a pas de raison que ça ne dure pas. Mais qui sait un jour …
Propos recueillis par Samuel Paillet