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Bruma, et si c’était lui ?
Alors que la France est encore et toujours à la recherche du nouveau Zinédine Zidane, le Portugal prépare, lui, déjà la succession de son capitaine Cristiano Ronaldo. Appelé pour la première fois par Fernando Santos, l'ailier du RB Leipzig, Bruma, espère bien être l'heureux élu.
« Nous avons suivi l’annonce de la sélection pour les prochains matchs du Portugal, et nous avons constaté avec beaucoup de tristesse que Bruma n’a pas été appelé. C’est un moment très triste. Il fait une superbe saison au Galatasaray, Nani est blessé, mais visiblement cela ne suffit pas. C’est triste, mais je pense que Bruma va réussir à le surmonter et va continuer à travailler. Il est encore très jeune et son tour viendra. » Bien vu. Quelques semaines après les déclarations de son agent, Catió Baldé, au journal Record, Bruma décide de tout mettre en œuvre pour entendre Fernando Santos prononcer son nom lors du prochain rassemblement du Portugal. Son terrain de jeu ? Le championnat d’Europe espoirs en Pologne. Son arme ? Une frappe ronaldesque qui lui permet de détruire les lucarnes adverses, du droit, comme du gauche. Deux parpaings tonitruants qui lui permettent, enfin, d’être appelé par Fernando Santos le 24 août dernier. Un honneur que Bruma célèbre en claquant à nouveau un but d’anthologie pour ouvrir son compteur avec le RB Leipzig, qui a tout de même déboursé 18 millions d’euros pour l’arracher du Galatasaray cet été.
[VIDEO⚽️] Bruma signe l’un des buts de la saison en Bundesliga avec une reprise de volée extraordinaire ! https://t.co/E1DpORr8hv
— beIN Sports (@beinsports_FR) 27 août 2017
« Cristiano est mon idole »
Vierge de capes internationales avec les A, Bruma n’a pourtant pas dû monter sur la table et pousser la chansonnette sur du Tony Carreira comme le veut la tradition. Acte de rébellion ou mal de gorge ? Non, l’ailier de 22 ans a simplement déjà fait parler son timbre de voix lors de son bizutage en 2013 où il a participé, sur le banc, à la victoire du Portugal face à la Suède, synonyme de qualification au Mondial brésilien. Bruma n’a alors que 19 ans, est considéré comme le plus grand espoir du football portugais, vient de signer au Galatasaray contre 10 millions d’euros et ne compte plus le nombre de défenseurs déjà humiliés par ses crochets destructeurs. Impossible alors d’imaginer qu’il devra attendre quatre longues années pour retrouver la Selecção.
Né en Guinée-Bissau, comme l’immense Éder, Armindo Tué Na Bangna, de son vrai nom, quitte l’Afrique pour Lisbonne à l’âge de 12 ans, en 2007, où il intègre le meilleur centre de formation du pays : celui du Sporting Portugal. Chez les Leões, Bruma grimpe les échelons année après année en compagnie des copains de sa génération : Carlos Mané, João Mário ou encore l’Anglais Eric Dier. Parallèlement, Bruma squatte toutes les équipes de jeunes portugaises où il brille par sa vitesse, ses dribbles et sa qualité de frappe. Un combo de qualités qui lui permet de terminer deuxième meilleur buteur (5 buts) du Mondial U20 en 2013, et ce, alors même que le Portugal s’est incliné en huitièmes de finale. De quoi avoir le droit aux premières comparaisons avec Cristiano Ronaldo. « Cristiano est mon idole, c’est le meilleur joueur du monde. Le fait qu’on me compare à lui me rend très heureux, j’espère être comme lui un jour » , déclare alors Bruma au journal portugais A Bola.
L’important ce n’est pas la chute, c’est les golazos
Finalement, cette performance au Mondial U20 n’a surpris personne au Portugal. Membre de l’équipe B du Sporting à l’aube de la saison 2012-2013, Bruma est déjà trop grand pour la seconde division portugaise qu’il quitte très vite pour rejoindre les pros en Liga Nos. Treize matchs suffiront alors à attirer l’œil des meilleures écuries européennes. Une étiquette de « futur Cristiano Ronaldo » qui fait légèrement gonfler la tête de Bruma qui veut alors aller vite. Trop vite. Considérant être en fin de contrat avec le Sporting Portugal, qui lui déclare qu’il lui reste encore un an, Bruma part au bras de fer avec le président Bruno de Carvalho qui laissera finalement sa pépite s’envoler à Galatasaray contre 10 millions d’euros.
Six mois à squatter le banc, une rupture des ligaments croisés, un retour sur les terrains compliqué, un prêt raté à la Real Sociedad, malgré un éclat de génie face au Real Madrid, et un retour en Turquie, voilà comment résumer les trois années passées par Bruma après son départ du cocon familial du Sporting Portugal. Décidé à ne plus perdre de temps et de ne pas garder à vie cette étiquette de « talent gâché » , le futur international portugais décide alors de prendre les choses en main. Et comme souvent dans la vie de Bruma, ceci se traduit par un golazo. Cet enroulé du droit face au FC Zurich en match de préparation sera suivi de six autres brindilles durant la tournée de matchs amicaux. Ou comment aborder une saison de la meilleure des façons. Une saison que Bruma éclabousse de toute sa classe. Moins de grigris, plus de passes et surtout plus de buts, puisque le Portugais terminera meilleur buteur du Galatasaray en championnat (11 buts). De quoi relancer les comparaisons avec son idole avec qui il partage la formation au Sporting Portugal, le goût des frappes dans la lucarne et l’amour du dribble. À Bruma de prouver qu’il peut devenir le nouveau CR7, et non pas le nouveau Yannick Djaló.
Par Steven Oliveira