- Ligue 2
- 11e journée – Clermont/Istres (18H45)
Brouard : « En Ligue 2, tout le monde essaye de contrer»
Après ses épopées en Coupe de France à la tête de Quevilly, Régis Brouard connaît un apprentissage difficile du monde professionnel à Clermont. Malgré une position de relégable (18e) avant la réception d’Istres ce vendredi (18h45), le technicien à la chevelure impeccable ne se sent pas menacé, même s’il se sait attendu au tournant. Il dresse par ailleurs un constat critique sur le jeu pratiqué en L2.
Régis, comment expliquez-vous ce début de saison manqué ?On espérait beaucoup plus au niveau des résultats en ce début de saison. Il y avait une attente. Mais il faut savoir qu’on a changé radicalement notre façon de travailler, notre projet de jeu. J’ai fait une erreur, c’est que j’ai donné à mes joueurs beaucoup trop d’informations et j’ai parlé de trop de choses en même temps. Quelque part, ça a fait embouteillage. Ça a été compliqué pour tout le monde. Et puis il y avait aussi la déception de la saison dernière (NDLR : la montée ratée de peu). Tout ça accumulé, ça fait un début de saison difficile.
Vous pensez galérer toute la saison comme ça ?Quand on fait un mauvais départ, c’est compliqué pour récupérer. Mais le championnat de Ligue 2 est tellement compliqué et serré que je ne peux pas vous dire si on va galérer. On ose espérer remonter, mais il y a une certitude : il va falloir s’accrocher.
Surtout contre Istres, qui cartonne en ce début de saison (3e)…Ça fait quand même deux ans qu’ils sont dans le haut de tableau. Leur effectif a très peu bougé, ils ont un véritable projet de jeu. Ils ont fait un très bon début de saison, au contraire de ce qu’ils faisaient auparavant. De toute façon, il nous faut enchaîner des victoires.
Vos dirigeants vous ont-ils mis la pression pour sortir de cette situation ?Non, ce n’est pas un club qui fonctionne comme ça. On a de très bonnes relations avec le président. Il voit ce qui se fait au quotidien. Ils sont habitués aux mauvais départs, à part la saison dernière. Il n’y a pas le feu. Il y a de la déception, évidemment, mais aussi beaucoup de recul. Ça se passe vraiment très bien.
Après avoir longtemps patienté pour avoir votre chance sur un banc professionnel, vous vous dites que vous n’avez pas le droit à l’erreur ?Je refuse de me mettre la pression. Clermont me donne la possibilité de mettre en place ce que j’aime et ce que je voudrais. Je sais très bien que je suis attendu dans le milieu du foot, mais ça ne me met pas plus de pression que ça. Je travaille de la même façon qu’avant. J’ai d’autres moyens pour travailler, mais mon projet de jeu reste le même. Je ne me mets pas la pression.
Votre médiatisation avec Quevilly vous dessert-elle un peu ?J’entends tellement parler de tout et n’importe quoi. Ce qu’on a vécu avec Quevilly, c’était très bien. Je souhaite à tout club, tout entraîneur ou tout joueur de vivre ce qu’on a pu vivre avec ces parcours en Coupe de France. Ça a été magnifique, mais je ne vais pas vivre avec ça, même si on ne va pas me l’enlever. Je me dois d’avancer.
Etes-vous déçu du niveau général de la Ligue 2 ?Je l’avais vu et on m’avait prévenu. La Ligue 2 est très axée sur l’impact, les duels, la récupération du ballon. Il y a très peu de prises de risque. Mais le constat que je fais, c’est que toutes les équipes qui montent en Ligue 1 ont des difficultés ensuite. En Ligue 2, tout le monde essaye de contrer. Après, une chose est certaine, c’est que tout le monde est très bien organisé. La démarche c’est : « On ne perd pas et on voit ce qui se passe. »
Ça veut dire qu’au niveau du jeu, vous preniez plus de plaisir en National ?Non, je prends quand même plus de plaisir en Ligue 2. Le niveau est autre, ça va plus vite, l’impact est plus important. Dans la durée et dans le temps, il n’y a pas photo. Je m’y retrouve plus qu’en National.
La gestion des hommes est-elle différente entre des amateurs et des professionnels ?Pour moi, l’approche est la même. Avec les pros, il y a une discussion plus importante, mais ils restent des êtres humains. Un groupe fonctionne d’une façon et, dans un autre club, il fonctionnera d’une autre façon. On est dans l’adaptation par rapport à tout ça. Le plus gros du métier d’entraîneur aujourd’hui est l’approche psychologique. Je pars du principe que si le mec est bien dans sa tête, il sera bien sur le terrain.
Qu’en est-il du cas Jean-François Rivière ?C’est lui qui souhaitait partir. Aujourd’hui, il est en attente. Des décisions vont se prendre avec la direction du club. Mais pour le moment, il est toujours au club.
S’il était amené à rester, vous pourriez le réintégrer dans le groupe ?On n’en est pas là aujourd’hui…
Propos recueillis par Alexandre Alain