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Brian Fernández, le dopé qui n’en est pas un
Contrôlé positif à la cocaïne, Brian Fernández, jeune attaquant de Racing, a été suspendu un an par la CONMEBOL. Marginalisé par son club, il souffrirait d’une réelle addiction. Focus.
Le 24 juillet 2015, la carrière de Brian Fernández bascule. Après un match contre River Plate en mai, le jeune attaquant de Racing, promis à un bel avenir, est contrôlé positif après un test antidopage. La Fédération argentine a la main légère, puisque le joueur de 21 ans est suspendu trois mois. Problème, après un second contrôle opéré après une rencontre Copa Libertadores – et donc effectué par les médecins de la CONMEBOL – la substance apparaît une nouvelle fois. Le joueur formé à Defensa y Justicia avoue, devant les instances du football sud-américain, la consommation de cocaïne. Outre cette addiction, le joueur souffre d’une dépression chronique depuis le suicide de son frère en 2012. Alors que le club lui a longtemps accordé son soutien, la situation de Fernández s’est aujourd’hui aggravée. Celui qui s’entraîne désormais avec la réserve du club aurait une nouvelle fois été rattrapé par la patrouille lors d’un contrôle de routine effectué par le club.
Addiction à la cocaïne et dépression
Une information dévoilée par le quotidien argentin Olé rapidement démentie par le joueur. Dans un message sur les réseaux sociaux, Brian Fernández se défend et insulte le journaliste à l’origine de cette révélation. Rapidement, Victor Blanco, président de Racing, dément aussi cette récidive. Un boss qui retourne désormais sa veste, puisqu’il n’avait pas hésité à tacler le joueur, son entourage, et même Diego Cocca (ancien entraîneur de l’Academia à l’origine de la signature de Fernández) au moment de la suspension, lors d’une conférence de presse : « Nous n’aurions pas recruté Brian si on savait qu’il avait une addiction. On ne veut pas perdre notre capital. Ce qui pourrait lui arriver de mieux, c’est d’être interné et de commencer une cure de désintoxication. » Et d’ajouter : « On savait qu’il venait d’une famille à problème. Mais les tests psychologiques ont donné de bons résultats et c’est pour cela que nous l’avons recruté. Son entourage familial et ses amis aggravent la situation. » Et un dernier tacle pour la route : « Cocca et l’agent du joueur n’ont rien dit avant le transfert. » Bref, pas le meilleur moyen de soutenir un joueur qui souffre d’une dépression depuis le suicide de son frère en 2012. Leandro, son autre frère qui joue à Independiente, raconte, sur les ondes de Radio Rivadavia : « On a une vie assez compliquée et tourmentée. On a perdu notre frère et ça a détruit Brian, qui était très proche de lui. »
La cocaïne, du dopage ?
Alors que le club se fait désormais discret sur la situation de son joueur – et refuse toute demande d’interview –, une question se pose. La cocaïne est-elle considérée comme du dopage ? Interrogée par So Foot, Liliana Grabin, médecin et psychologue du sport réputée en Argentine, explique les mesures à prendre : « Dans le cas d’une telle addiction, le sportif devient un patient en situation sportive. Si le règlement le permet, il doit continuer son activité, mais avec un traitement médical. Évidemment, un soutien psychologique est essentiel dans cette situation. » Selon la psychologue, le suicide du frère de Fernández peut être à l’origine de cette descente aux enfers sportive : « Un traumatisme peut générer une telle addiction. Mais souvent, cela arrive chez des personnes prédisposées, c’est-à-dire qui vivent déjà une situation compliquée, conflictuelle. C’est là que le diagnostic du patient est essentiel et où le club s’est trompé. » À l’heure où les cas de dopage se font de plus en plus rares, Liliana Grabin clarifie la situation de Brian Fernández : « Il faut comprendre qu’ici, ce n’est pas un cas de dopage. Il a été catalogué ainsi parce que c’est plus facile. C’est un cas d’addiction à la drogue. Pire, la consommation de cocaïne diminue le rendement du joueur. » Et de conclure : « Le club a un rôle essentiel ici. Les médecins doivent déterminer si le joueur est en état de s’entraîner ou s’il doit mettre un terme à son activité sportive afin de commencer un traitement. »
Après les rumeurs de nouveau contrôle positif, Victor Blanco, président du club du quartier d’Avellaneda (dans la banlieue de Buenos Aires) ne se cache plus derrière ses employés : « Désormais, nous savons que le joueur est malade. On doit le soutenir, être à ses cotés. Les informations qui sortent ne l’aident pas, puisqu’il est en pleine récupération. Nous travaillons pour le convaincre d’être interné. » Sebastián Saja, gardien et cadre du club, défend son jeune coéquipier, dans une interview pour Deportv : « Il s’est trompé, il a fait une grave erreur, mais nous devons le soutenir. Il est très jeune et il a un énorme futur devant lui. Sportif d’abord, car c’est un gamin talentueux. Mais il faut aussi qu’il comprenne qu’il a une vie devant lui et que ces erreurs se réparent. » Et s’insurge contre la sanction de deux ans (dont un avec sursis) qui lui a été infligée : « On doit l’aider, ne pas le lâcher. La sanction est démesurée. Il doit être considéré comme une personne normale, pas un joueur de football. Cette sanction ne l’aide absolument pas. Certes, une loi a été violée, mais cette sanction est illogique. Évidemment, il faut le sanctionner. Mais s’il n’y a pas d’aide derrière, c’est inutile. » Alors que son contrat ne devrait pas être rompu, le club affirme désormais tout faire pour soutenir son joueur. Le mot de la fin revient à Leandro Fernández, frère de : « J’espère qu’ils ne le laisseront pas seul. Il souffre, mais il doit assumer ses erreurs. »
Par Ruben Curiel