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  • 26 décembre 1962
  • Brian Clough bousille son genou et sa carrière…

Brian Clough 1962 : Play & blessure…

Chérif Ghemmour
Brian Clough 1962 : Play & blessure…

On oublie trop souvent qu'avant d'avoir été un des plus grands managers du foot anglais (le plus grand ?), Brian Clough avait été un fabuleux buteur de D2 anglaise. Un accident dramatique sur le terrain en 1962 accélèrera le passage de joueur à entraîneur. Un 26 décembre, Boxing Day tragique, resté légendaire en Albion…

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Mais comment a-t-on pu laisser se dérouler ce Sunderland-Bury dans de telles conditions ? Bien sûr, même en D2 anglaise, le Boxing Day c’est sacré. Et puis Sunderland est bien en course pour la montée en D1 ce 26 décembre 1962. Mais la météo est exécrable : en plus du froid sibérien qui s’est abattu sur Roker Park, il pleut des torrents glacés et des grêlons lourds comme des cailloux. L’autre grande affiche de la région, Middlesbrough-Norwich, a été remise à plus tard. Et pourtant le match entre Sunderland et Bury a quand même lieu… À la 27e minute, une attaque classique du Sunderland AFC : Len Ashurst balance en profondeur vers son avant-centre Brian Clough, parti à la limite du hors-jeu. Ce dernier aura à peine le temps de pouvoir jouer le ballon : il entre en collision avec le gardien de Bury, Chris Harker (Chris « Hacker » ?), qui avait bien anticipé l’action en profondeur. Le choc est brutal, mais pas assassin : en plongeant pour avoir le ballon, l’épaule d’Harker a heurté le genou droit de Clough. Pas grave, pense-t-on. Mais le n°9 des Black Cats ne parvient pas à se relever… En fait, Brian Clough s’est bêtement « fait les croisés » . Sauf qu’à l’époque, ce genre de blessures (qu’on ne soignait pas comme aujourd’hui) équivalait à la fin de carrière de joueur pro. Et c’est ce qui va arriver à l’infortuné Brian, 27 ans seulement, et au top de sa forme. Il garde le plâtre pendant trois longs mois, puis s’astreint à une douloureuse rééducation de 18 mois. En vain ! Il revient « dans le game » presque deux ans plus tard, en 1964, pour ne disputer avec Sunderland que trois petits matchs. Déprimé total, Brian doit se faire une raison : à 29 ans, il est totalement fini.

Un phénomène, une grande gueule

Le choc est aussi rude que lors de la fameuse saison 1962-1963 qu’il n’avait pas achevée. Cette année-là, Sunderland avait manqué la promotion en First Division (D1 anglaise) à la différence de buts : 3e derrière Chelsea (2e et promu avec Stoke, leader) pour 10 buts d’écart. Or, cette saison-là, Brian avait cartonné en atteignant au soir du funeste 26 décembre le total de 24 buts inscrits. On ne refait pas l’histoire, mais avec un Brian Clough valide et prolixe tout au long de la saison, Sunderland aurait peut-être pu le faire. Et Clough aura vu son rêve de jouer un jour en première division s’évanouir à jamais. Mais, au fait… Pourquoi s’attarder sur cet événement aussi mineur concernant un simple attaquant de D2 anglaise ? Parce qu’en décembre 1962, le dénommé Brian Clough est tout bonnement un phénomène bien connu du foot anglais.

C’est d’abord un buteur extraordinaire, même s’il n’a évolué qu’en D2 : de 1955 à 1961, il a inscrit 204 buts en 222 matchs de championnat de D2, dont une quarantaine et plus durant quatre saisons consécutives ! Ces stats aussi affolantes lui vaudront deux sélections avec l’Angleterre A en octobre 1959, hélas sans marquer, alors qu’il joue en division inférieure. À la fin de sa carrière ( « Boro » + Sunderland), il totalisera toutes compètes confondues 251 buts pour 274 matchs. Aujourd’hui encore, Brian Clough détient le record du meilleur ratio buts marqués/matchs joués des championnats pro anglais (0,916) parmi les buteurs ayant dépassé la barre des 200 buts inscrits… L’autre facette de Brian Clough, c’est qu’il est ce que les Anglais appellent « a character » : un « personnage » , une grande gueule, un bon client…

Et Clough devint Cloughie…

Outre qu’il était un buteur prolifique et célèbre à Middlesbrough (où il est né), il s’était fait constamment remarqué par ses penchants individualistes, réclamant à chaque saison d’être transféré dans un autre (grand) club. Or, à l’époque, on ne changeait pas de clubs aussi facilement… Il avait aussi la sale habitude d’agonir ses coéquipiers de ses sarcasmes, notamment du fait que la défense de Boro était catastrophique et que les buts encaissés réduisaient à néant tous les buts que lui, Brian, marquait. Un jour, après un 6-6 contre Charlton Athletic il leur demanda combien de buts il faudrait marquer pour gagner au moins un match… Plus grave, il accusa publiquement ses mêmes coéquipiers de Boro de parier contre leur propre équipe et même de laisser passer des buts !

En juillet 1961 il quitte enfin le Middlesbrough FC… pour Sunderland, le rival mortel du coin, le club le plus haï ! Mais les années passées à Middlesbrough n’ont pas été vaines pour Brian. Il s’est lié d’amitié profonde avec le gardien Peter Taylor, son aîné de sept ans. En plus de leur humour ravageur commun, les deux gars passent des heures, et des nuits à « refaire le match » , à discuter ballon encore et encore. À Sunderland, Brian Clough fit une autre rencontre décisive en la personne de son coach, Alan Brown. Grand malade de la discipline et aux codes très stricts, il infligeait à ses joueurs des amendes pour des écarts parfois même bénins. Une fois, Brown renvoya Clough direct aux vestiaires parce qu’il avait parlé à un pote pendant l’entraînement ! Quand « Cloughie » deviendra coach, il s’inspirera des méthodes d’Alan Brown, allant jusqu’à terroriser ses gars…

Le manager le plus jeune du foot anglais

Après son arrêt forcé du foot pro en 1964, précédé d’une phase quelque peu dépressive (Brian développera une phobie des hôpitaux), il savait que sa reconversion ne serait pourtant pas trop malaisée. Sa petite renommée d’ex-bon client et d’ex-crack lui ouvrirait les portes des médias. L’autre option, bien que plus précoce qu’il ne l’aurait souhaitée, consistant à devenir coach, un job qu’il se savait capable d’exercer au plus haut niveau. Ainsi en 1964-65, il accepta d’entraîner la réserve de Sunderland. Il y exerça une saison avant d’être contacté par un club de D4, Hartlepools United, qui cherchait son manager. Ce vieux filou de Brian Clough accepta, car à 30 ans, il devenait le manager le plus jeune du foot anglais, petit événement qui ne passe jamais inaperçu en Albion…

Mais son acceptation fut d’abord conditionnée par la venue à Hartlepools de son vieux pote Peter Taylor comme assistant. Peter répondit favorablement… Les deux gars ne le savaient pas encore en cet été 1965, mais ils allaient constituer la paire managériale la plus légendaire du foot anglais. Après Hartlepools, Brian et Peter iront à Derby County en 1967 (D2). Les deux compères aux penchants éthyliques bien connus firent monter le club dans l’élite en 1969 et permirent aux Rams (les Béliers) de décrocher le titre de champion d’Angleterre pour la première fois de leur histoire en 1972. La saison suivante, Derby parviendra même en demies de C1 1973. Puis viendront les années Nottingham Forest (de 1975 à 1982, année où Peter et Brian se sépareront dans la haine) et le titre national 1978, les deux Ligues des champions 1979 et 1980 et deux Coupes de la Ligue… Et si Chris Harker n’avait pas démonté le genou droit de Cloughie ce 26 décembre 1962 ?

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Chérif Ghemmour

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