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Breton : « Gascoigne est un joueur surréaliste »
Comme son nom l'indique, le quintet Breton est... anglais. Cela va de soi : les lads du Sud de Londres ont tous un club de cœur, ainsi qu'un avis tranché sur le football. Adam Ainger, le batteur, cause PSG, films de foot et district. Et surréalisme. Forcément.
Votre nom de groupe vient du poète André Breton. Mais saviez-vous qu’il y avait un derby breton en Ligue 1 ?Non, on ne connaissait pas ! On a joué plusieurs concerts cools, que ce soit à Rennes ou à Nantes, donc je ne peux pas dire où se situe notre préférence pour ces deux équipes. En général, on supporte les outsiders, donc la prochaine fois qu’on aura l’occasion de voir un match Rennes-Nantes, on fera notre choix.
Jamais de derby breton, donc. Un match en France, par contre ?Malheureusement non, mais notre manager est un gros fan du PSG. À chaque fois que l’on fait des tournois FIFA sur Xbox à la maison, il prend toujours le PSG. En plus, il adore s’imaginer qu’il est bon à ce jeu, donc on a un peu une relation amour/haine avec ce club… En revanche, on a parfois la chance d’aller voir du foot à Londres. C’est du gros calibre, le foot, à Londres. Ceci dit, maintenant que Monaco s’est fait racheter par un milliardaire russe, les cartes vont peut-être être redistribuées, notamment en Ligue des champions à l’avenir.
« Payer pour voir des matchs de Premier League à Londres, c’est devenu problématique à cause du prix »
Si vous êtes de Londres, quels clubs supportez-vous ? On n’est pas tous fans de foot dans le groupe. Certains d’entre nous supportent des clubs un peu partout en Angleterre, pas uniquement Londres. Ryan est un fan hardcore du Bromley FC (en Conference South, la sixième division anglaise), Ian suit Newcastle, moi je supporte une équipe locale, Dulwich Hamlet (en Isthmian League Division One South, la huitième division anglaise) et Dan est fan de Milwall. Décider de suivre une équipe en particulier, c’est un truc qui ne se prend pas à la légère à Londres. Si tu te retrouves dans le mauvais bar avec le mauvais maillot, ça peut très mal finir pour toi… Je crois que c’est pour ça que j’ai décidé de supporter une équipe dont personne n’a jamais entendu parler !
Et les autres, pourquoi ces clubs ?Ryan est de Bromley, donc je pense que c’est là qu’il a tapé pour la première fois de sa vie dans une balle et qu’il y a vu un match. La même pour Ian. Dan et moi avons bougé à Londres au même moment et on a commencé à aller au stade du coin. Dan kiffe l’ambiance des stades. Enfin, il aime surtout le prix des places pour les matchs de Dulwich, je crois… Pour être honnête, on fait toujours un effort minutieux pour suivre tous les derbys londoniens, puisqu’il y a toujours un enjeu pour l’un ou l’autre de nos potes. Mais payer pour voir des matchs de Premier League à Londres, c’est devenu problématique à cause du prix et de la demande.
André Breton est mort en 1966. L’année du seul trophée remporté par l’équipe d’Angleterre. Coïncidence ?Haha, peut-être, ça dépend surtout de comment Breton percevait le foot anglais… En tout cas, je me rappelle pas avoir lu qu’il aimait le foot dans le Manifeste du surréalisme.
« Paul Gasgoine était un trésor national »
D’ailleurs, quel est le joueur surréaliste par excellence ?Paul Gasgoine. Parce que ce mec a été, à un moment de sa vie, considéré comme un trésor national. Pour finir tragiquement par devenir la risée de tous en tentant d’amadouer le criminel en cavale Raoul Moat avec du poulet accroché à une canne à pêche. C’est quand même un beau parcours surréaliste. Il y a quelques décennies, les joueurs avaient plus de liberté, pouvaient être eux-mêmes, se détendre. Maintenant, les mes sont obligés de faire très attention à leur comportement à cause de l’enjeu médiatique et financier, à cause de la pression qu’implique le fait de gagner des matchs.
Vous êtes également réalisateurs, avec le BretonLABS. Vous pensez quoi des films de foot ?Je pense que certains d’entre eux sont pas mal. En toute honnêteté, bon nombre d’entre eux se sont focalisés sur les hooligans et les matchs, ce qui fait ressortir le côté mauvais garçons du football (particulièrement en Angleterre). Ça donne de bonnes images, de bons plans, mais ça écarte également le spectateur du jeu en lui-même. C’est pourquoi je trouve que Zidane, un portrait du XXIe siècle était une façon aussi passionnante que novatrice de présenter le football au grand public. Avec Breton, nous n’avons jamais essayé de filmer un match, mais lorsque le football est bien filmé, on comprend mieux pourquoi on surnomme ce sport « the beautiful game » …
Et donc, la meilleure façon de le filmer, à ton sens ?J’aimerais bien voir les idées qui pourraient émerger d’un groupe de jeunes réalisateurs innovants si on leur donnait comme thème imposé « filmer le football différemment » . Mais j’imagine quelque chose entre Zidane, un portrait du XXIe siècle, Enter the Void (de Gaspar Noé, ndlr) et un documentaire de Werner Herzog.
DJ Set de Breton le jeudi 26 septembre 2013 au Social Club (entrée gratuite – voir l’évènement sur Facebook). Leur premier album Other People’s Problems est toujours disponible chez Fat Cat Records.
Propos recueillis par Matthieu Rostac