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Brest a le vent dans le dos
Tombeur de Reims dimanche à Auguste-Delaune (1-2), le Stade brestois est sur un petit nuage. Après cinq journées de Ligue 1, les Ty-Zefs pointent fièrement à la deuxième place du classement alors qu'ils luttaient pour leur survie dans l'élite il y a encore quelques mois. Mais comment le club finistérien en est-il arrivé là ?
Et si Brest était l’équipe surprise de cette saison ? Après la victoire inaugurale face au RC Lens (3-2), dauphin du Paris-SG la saison dernière, le succès face aux Rémois de Will Still est la confirmation que le Stade brestois commence fort sa dix-huitième saison dans l’élite. Pour la première fois de leur histoire en Ligue 1, les Pirates d’Éric Roy ont remporté trois de leurs cinq premiers matchs de championnat. Un départ en fanfare qui surprend, mais qui n’est pourtant pas le fruit du hasard.
Un mercato intelligent réalisé avec des bouts de ficelle
Avant le lancement des hostilités, on ne donnait pas cher de la peau du club de la cité du Ponant dans les pronostics pour cet exercice 2023-2024. Dans les prédictions statistiques, quand Brest n’était pas dans la zone de relégation, les Bretons ne figuraient pas au-delà de la 15e place. Pas si illogique à première vue, d’autant que, sur le papier, le recrutement pouvait paraître insuffisant. Bridé par un budget limité (48 millions d’euros), et ce, malgré la vente de Franck Honorat au Borussia Mönchengladbach pour environ 9 millions d’euros cet été, Gregory Lorenzi a dû, comme à son habitude, faire preuve d’imagination pour embellir les rangs du SB29. Mis à part l’achat définitif de Mahdi Camara et de Bradley Locko, pour la somme totale de 3,5 millions d’euros, le directeur sportif est parvenu à dénicher des joueurs libres comme Jonas Martin et Adrien Lebeau, et a assuré le coup en obtenant de bons prêts : Martín Satriano (Inter), Bilal Brahimi (Nice) et Jordan Amavi (OM), notamment. Si, parmi ces belles pioches, certains ont déjà montré de belles choses, l’effectif semblait n’être toutefois pas assez consistant pour jouer les beaux rôles, surtout avec le départ de cadres comme Haris Belkebla, Jean-Kévin Duverne et Christophe Hérelle. Cependant, il ne faut pas oublier la prolongation de joueurs clés, comme Kenny Lala ou Marco Bizot, qui ont joué un rôle majeur dans le maintien breton la saison passée. Ajoutez à cela Romain Del Castillo, en ébullition, et Pierre Lees-Melou, toujours aussi souverain dans son rôle de sentinelle, et l’addition rend ce collectif loin d’être sevré de talents. Sans oublier Éric Roy, l’entraîneur brestois, qui commence à convaincre les plus sceptiques.
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Le choix du Roy
Lors de sa prolongation, beaucoup d’observateurs étaient dubitatifs. Arrivé en mission pour cinq mois après 11 ans sans avoir entraîné en janvier 2023, Éric Roy, ancien joueur baroudeur de Ligue 1 (Nice, Lyon, Marseille, Troyes…), a pourtant atteint l’objectif qui lui avait été fixé : maintenir Brest en Ligue 1 pour la cinquième saison consécutive. Rapidement considéré comme un pompier de service, l’ancien milieu de l’OM s’était tiré une balle dans le pied avec sa sortie lunaire sur l’opération maillot arc-en-ciel et ses discours virilistes en conférence de presse ou dans les vestiaires. Mais huit mois après avoir débarqué en Bretagne, les résultats sont là : depuis mai 2023, Brest a remporté sept de ses onze derniers matchs de Ligue 1. Des résultats qui donnent raison au board breton et qui installent le natif de Nice dans des chaussons. « On a dix points, on avance, on essaye de cultiver l’humilité et le travail, sans oublier qu’on peut avoir de l’ambition. Si les joueurs continuent de produire ce genre de contenu et de performances, on continuera à marquer des points », a soufflé le technicien breton après la victoire face à Reims.
Les débuts sont séduisants – surtout avec un calendrier corsé (Lens, Marseille, Rennes) –, mais Éric Roy et son équipe savent qu’il ne faut pas se voir trop beau. Tout juste promu dans l’élite en 2010, le Stade brestois avait réalisé un début de saison exceptionnel, au point d’être leader du championnat début novembre, notamment grâce à une défense de fer qui n’avait encaissé que quatre buts en onze matchs. Bilan à la fin de la saison : une seizième place à deux petits points des relégués. « On ne s’enflamme pas, on prend les points. On est capables de continuer et d’être l’équipe surprise de la saison. Il faut être réguliers. On peut le faire avec ce groupe. Je suis optimiste », a confié Hugo Magnetti au micro de France Bleu Breizh Izel dimanche. Le chemin vers le maintien est encore long pour les Brestois, mais cet excellent début de saison peut permettre aux Ty-Zefs de rêver plus haut. Et pourquoi pas de se frayer une place dans le top 10 de l’élite pour la première fois depuis 1990.
Par Thomas Morlec