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Brésil, un statut à assumer
Face à la Corée du Sud, le Brésil doit à la fois se qualifier pour les quarts de finale, se rassurer dans le jeu en l’absence de Neymar, sur le banc, et donner de la force au roi Pelé. Tout un programme pour une Seleção qui doit enfin enfiler le costume de favorite.
Le Brésil retient son souffle. Et sans manquer de respect à la Corée du Sud, l’anxiété qui règne dans le pays n’a rien à voir avec le huitième de finale de Coupe du monde de ce lundi. Personne n’ose réellement douter de la qualification en quarts de finale de l’armada auriverde. Ce qui paralyse le pays, c’est bien l’état de santé du roi Pelé, hospitalisé depuis mardi, un temps annoncé en soins palliatifs, avant de rassurer ses fidèles dans un post Instagram samedi soir : « Je crois en Dieu, et tous les messages d’amour que je reçois du monde entier me donnent plein d’énergie, tout comme de regarder le Brésil à la Coupe du monde. » En sous-texte, au-delà d’eux-mêmes, les Brésiliens jouent maintenant pour leur Roi.
Le roi n’est pas mort, vive le roi
Mais avant de s’inquiéter pour leur souverain, les Auriverdes ont un autre problème depuis deux rencontres : l’absentéisme de leur héritier, Neymar. Depuis sa sortie sur blessure lors de la première rencontre face à la Serbie, le Ney n’a pas refoulé les pelouses qataries, paralysé par une entorse. En son absence, le Brésil est venu à bout de la Suisse (2-0), et aurait dû s’imposer face au Cameroun (0-1), mais les étoiles jaune et vert n’ont pas franchement brillé. Du moins, pas autant qu’elles sont supposées le faire. La galaxie brésilienne a pour l’instant surtout été efficace, à défaut de propulser les siens au septième ciel. Grand favori de la compétition, ce Brésil qui fait tant saliver laisse pour le moment tout le monde sur sa faim. Bonne nouvelle toutefois : Neymar devrait être de retour pour ce huitième face à la Corée du Sud.
C’est en tout cas ce qu’a promis Tite, tout en nuance : « Il s’entraîne. S’il va bien, il sera au match. Le fait que Ney soit aligné dépend du feu vert de l’encadrement médical. Je préfère toujours utiliser mes meilleurs joueurs dès le début. C’est ma responsabilité, ma décision. » Heureusement, car si ça ne tenait qu’à son adversaire Paulo Bento… : « Nous serions hypocrites si je vous disais que je préfère affronter Neymar. Ce serait un mensonge. Je préfèrerais qu’il ne soit pas là, évidemment. » D’autant que la Corée du Sud, qualifiée sur le fil après sa victoire surprise face au Portugal, bénéficie d’un jour de repos en moins : « 72 heures entre deux matchs, c’est trop court, aucune équipe ne peut faire ça. Outre notre fatigue physique après le Portugal vendredi (2-1), il y avait la fatigue émotionnelle. C’est un handicap pour notre équipe. Ce n’est pas juste », a pesté Paulo Bento. Balayés 5-1 en juin dernier par la Seleção, les Sud-Coréens n’auraient pas été contre un peu de répit avant leur huitième de finale. Pas de quoi attendrir le Brésil, en mission, à l’image de Thiago Silva : « C’est la Coupe du monde. Même s’ils sont fatigués, ils seront surmotivés et voudront effacer le score de notre match amical. »
Des étoiles titulaires, mais pas encore alignées
Co-meilleure défense de la phase de poules (1 but encaissé, comme le Maroc, la Croatie, les Pays-Bas, les USA et la Tunisie), le Brésil refuse de prendre de haut qui que ce soit. Les trois petits buts inscrits expliquent la prudence auriverde, à l’heure du rendez-vous sud-coréen. « On ne peut pas dire que tel ou tel adversaire est plus facile, ou que nous avons un avantage », insiste Tite. Avec Neymar sur le retour, mais surtout sans Gabriel Jesus et Alex Telles, le sélectionneur préfère rester prudent dans ce Mondial plein de surprises. Le retour de Danilo est en ce sens une bonne nouvelle, même si c’est celui du Ney qui est attendu. À deux buts du record de Pelé en sélection (77 pions), le Parisien compte bien coiffer le roi de son vivant, et contenter ce dernier, qui avait demandé, avant d’entrer à l’hôpital, à Neymar et ses copains de « ramener ce trophée à la maison ».
Première étape pour cela : l’obstacle sud-coréen, pas si évident que cela. « On sait combien il est difficile de les affronter, leurs milieux font circuler la balle rapidement, nous devrons être prudents. Son(Heung-min)et Lee(Kang-in)sont des joueurs très doués, avec beaucoup d’expérience, une haute qualité technique. Nous les avons affrontés par le passé, nous savons combien c’est difficile », prévient Thiago Silva. Car si on promet un tableau sans encombre jusqu’aux demi-finales aux Brésiliens, qui affronteraient le vainqueur de Japon-Croatie en quarts, avant de retrouver les Pays-Bas ou l’Argentine en demies, il faut déjà se défaire d’une Corée du Sud tombeuse du Portugal. Pour cela, il faudra que les étoiles brésiliennes s’alignent enfin, pour briller ensemble d’un même feu, après trois premiers matchs faits de coups d’éclat, mais sans continuité. Favori sur le papier, le Brésil doit maintenant le montrer sur le pré pour redonner le sourire à tout un pays. Et entretenir la flamme du roi Pelé.
Par Adrien Hémard-Dohain