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Brésil-Japon, par amour
La Coupe des confédérations ouvre ce samedi avec les deux seules équipes qualifiées jusque-là pour le prochain Mondial auriverde. Joli couple et un flirt brésilo-japonais qui dure depuis plus d'un siècle.
On connaissait le « pétrole contre nourriture » . Dès le début du XXe siècle, le Brésil et le Japon avaient déjà entériné un « mariage » diplomatique pratique : le pays auriverde, plus riche, troquait ses ressources vivrières contre de la main-d’œuvre nipponne dite « disciplinée » et bon marché. Avec 50 jours de bateau à s’enquiller d’abord. L’expérience aurait dû être courte mais aujourd’hui, la plus grande diaspora japonaise du globe se situe bien au Brésil (1,6 million dont 1,5 à São Paulo). Et c’est sans doute ce lien qui a intimé au Japon de s’intéresser au ballon rond, via le prisme de l’esthétique brésilienne, de son exubérance aussi, à mille lieues de la réserve japonaise.
L’elastico, made in Japan
Dans ce mariage, le plus amoureux a toujours été le Japon. Les premiers émigrants, qui ne devaient rester que peu de temps en Amérique du Sud, y sont finalement restés, pas franchement désirés non plus par un Japon qui voit toujours d’un mauvais œil les siens se plaire plus à l’extérieur qu’à la maison. Ces Nippons y ont même gagné un nom : les « Issei » , « Nikkei » puis « Nissei » pour la dernière génération issue de ces exilés. Mais ce que le Brésil n’avait sans doute pas prévu, c’était que son amoureuse allait même quelque peu prendre ses aises. Sans doute un cadeau d’amour, sur son terrain favori : le « foutchebôle » . Oui, le geste de l’élastique ne venait même pas de Rivelino mais bien d’un Nissei, Sergio Echido, selon les propres aveux de la plus belle moustache du foot do Brasil : « Lors d’un entraînement, en 1964, avec la réserve des Corinthians, il a fait ce geste. Je suis allé le voir et suis allé lui demander : « Eh le Japonais, c’est quoi ce geste que tu viens de faire ? » Il me l’a alors enseigné. »
Par amour, le génial Kazuyoshi Miura est même allé effectuer sa formation au Brésil pour arriver pro à Santos, avant d’entamer une carrière « gravelainement » stable, entre Croatie, Italie et Japon. Le Brésil ne s’intéressera vraiment à sa dulcinée que près de 30 ans plus tard, lorsque la J-League, avec quelques jolis chèques aussi, décide de faire de Zico son ambassadeur dans les 90’s et celui qui va apporter au Japon un peu de folie, mais surtout beaucoup d’organisation et de professionnalisme. D’autres suivront, comme Leonardo, même si celui-ci voulait avant tout découvrir le Japon pour Zico. Et aujourd’hui, le Japon reste la première des destinations non-européennes pour les exportés brésiliens, même si la crise asiatique a considérablement asséché les coffres nippons, et donc, le renom de ses recrues qui aujourd’hui se résument à Simplicio, Severino Lucas ou Kempes.
Olivier Atton
Alors oui, il y a bien eu quelques Brésiliens, venus s’expatrier dans le foot nippon pour quelques billets et qui ont opportunément fini par se faire naturaliser japonais, pour porter le maillot des Samouraïs (Marcus Túlio, Alex, Ruy Ramos). Mais la plus belle des histoires d’amour brésilo-japonaise reste à n’en pas douter celle de Roberto Sedinho. Celui qui répétait à l’envi « Le ballon est ton ami » à Olivier Atton dans Olive et Tom. Oui, ne soyons pas dupes : l’alcoolique Roberto et son œil malade devaient évidemment passer leur temps à déniaiser maman Atton, orpheline de son mari, toujours parti en mer. Et on connaît les marins.
Par Ronan Boscher