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Brésil : Casemiro, meneur d’enjeux
Brillant de bout en bout contre la Serbie jeudi dernier, le numéro 5 brésilien s’est encore affirmé comme le point d’équilibre crucial d’une Seleção qui penche naturellement vers l’avant. Et si c’était lui - davantage que Neymar - le joueur le plus indispensable des Auriverdes ?
Ce lundi contre la Suisse, la piste aux étoiles brésiliennes semblera d’un seul coup beaucoup plus dégagée. Neymar – blessé encore au moins pour une rencontre – ne pourra plus magnétiser le jeu d’une sélection dont il est devenu le point névralgique technique et médiatique. À moins que l’épicentre du jeu brésilien ne se situe en réalité ailleurs. Un cran plus bas. Là où la Seleção remue les nuages et condense la foudre, que son meneur de jeu peut ensuite faire tonner. Face à la Serbie jeudi dernier, c’était encore grâce à un certain numéro 5, impeccable à la récupération et dans l’anticipation, que le typhon auriverde commençait bien souvent à souffler. Moralité ? Pas d’orage sans tonnerre préalable. Pas de génie sans labeur de l’ombre. Pas de Brésil sans Casemiro.
Beau, moche et tout ça à la fois
Et si c’était lui, encore plus que Neymar, le joueur réellement phare et indispensable de sa sélection ? Face aux Aigles blancs, le néo Mancunien aura livré une rencontre qui n’a pas été bien loin de titiller la perfection. Adroit et inspiré dans le jeu long, il aura également tapé le poteau adverse d’un puissant tir aux 20 mètres en fin de rencontre. Un signe, aussi, qu’il serait bien réducteur de limiter l’ancien Madrilène à un rôle de milieu destructeur. Casemiro se définit lui-même comme le prototype du joueur adaptable, capable aussi bien de prendre son pied à fermer avec acharnement les espaces, qu’à catapulter une frappe monumentale en lucarne, comme il l’avait fait mi-février 2017 face au Napoli, en huitièmes de finale de Ligue des champions. « L’une de mes vertus principales est de m’adapter au match. Pas seulement en matière de position. Si c’est un bon match, je sais comment le jouer. Si c’est un match moche, je sais aussi comment le jouer. Si je dois me battre, je suis là. Si je dois prendre du plaisir, j’y suis aussi. » Face aux Serbes, on l’aura ainsi vu exploiter avec une efficacité optimale les deux facettes de son jeu, quitte à devenir le vrai point d’équilibre d’une formation qui penche naturellement davantage vers l’avant.
« Il n’y a pas d’autre footballeur capable de jouer comme il le fait »
Avec ses 5 duels gagnés sur 6 et ses 6 ballons récupérés, on l’aura vu écœurer Dušan Tadić et Sergej Milinković Savić – désarmés dans l’entrejeu – comme couper court à de nombreux contres adverses, annihilés avant qu’ils n’aient réellement pu prendre forme. Un art de la défense qui conjugue vision du jeu périphérique, intelligence tactique et puissance athlétique, soit un cocktail de qualités que peu de joueurs parviennent actuellement à additionner. Peut-être même aucun, à en croire les entraîneurs successifs du Brésilien : « La vérité, c’est qu’il n’y a pas d’autre footballeur capable de jouer comme il le fait, à son poste », assénait Zidane, quand il pilotait encore le Real. Fraîchement nommé sélectionneur du Brésil en 2016, Tite ne disait pas autre chose du bonhomme : « Le joueur qui fait la différence au Brésil, c’est lui. Il donne de l’équilibre à cette sélection. C’est de la qualité de ses interventions que dépend la liberté dont vont bénéficier Neymar et nos autres attaquants. » Sept ans plus tard, rien n’a changé ou presque pour Casemiro et la Seleção : quand le tempête offensive brésilienne gronde, c’est bien parce que son numéro 5 est là pour la manœuvrer, furtivement planqué dans l’œil du cyclone.
Par Adrien Candau
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