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Brésil : ça va valser à Vienne !
La Seleção dispute dimanche, à Vienne, son dernier match de préparation avant le Mondial. Une rencontre face à l'Autriche comme ultime répétition générale où l’on récoltera les derniers enseignements utiles avant l'entrée en lice des hommes de Tite contre la Suisse le 17 juin prochain.
C’est un signe qui ne trompe pas : les rumeurs très récentes qui placent Tite sur la short list des probables successeurs de Zidane au Real attestent de la reconnaissance internationale de plus en plus importante du sélectionneur brésilien. En Europe, là où ça compte. Et à Madrid, qui plus est ! Pas mal, mais Tite a fermement démenti des spéculations qui parasitent son boulot à une semaine du Mondial : « C’est une attitude irrespectueuse et un mensonge. Je fais ce que j’aime et je suis au meilleur endroit possible, je suis à un poste où tout autre technicien aimerait être. J’apprécie énormément ce poste, et c’est pourquoi je suis contrarié. » Fermez le ban et retour à la Seleção !
Thiago, ce héros !
Car Tite alignera dimanche après-midi, au Ernst Happel Stadion de Vienne, ce qui devrait être pas loin du onze type qui commencera la Coupe du monde. Ligne par ligne, les enseignements tirés du match contre la Croatie dimanche dernier (2-0) ont sans doute permis au coach brésilien de préciser sa réflexion. En latéral droit, il semble que ce sera bien Danilo plutôt que Fagner (Corinthians, 28 ans), que Tite apprécie, qui occupera le poste. Pourtant, une fois de plus, face à la Croatie, Danilo n’a pas offert en sélection toutes les garanties requises : la Seleção s’est souvent trouvée en difficulté dans son couloir. Quant à l’apport offensif du Citizen, il n’a pas été déterminant. On comprend mieux pourquoi le Brésil déplore la perte de Dani Alves. À gauche, Marcelo figure plus que jamais en proprio plutôt qu’en locataire. Mais c’est en défense axiale que les choses se sont consolidées avec la paire désormais quasi certaine Miranda-Thiago Silva. Une doublette qui a justement permis au Brésil de ne plus prendre de buts depuis cinq matchs…
Quel retour au premier plan pour le capitaine parisien ! Après le camouflet du Bernabéu le 14 février dernier, où Emery l’avait installé sur le banc face au Real (3-1), et à la suite d’une longue séquence en Seleção où il était en balance avec Marquinhos au gré des rencontres, il a fini par acter son retour en grâce. Grâce d’abord à un dernier tiers de saison impressionnant avec Paris et en profitant de l’absence de Marquinhos, blessé, lors des matchs amicaux en Russie (3-0) et en Allemagne (1-0). Lors de ces deux rencontres, il a démontré toutes ses qualités sur et en dehors du terrain. Mieux ! Contre la Croatie, la fébrilité de Miranda, auteur de pertes de balle inquiétantes, l’a carrément placé comme le maillon fort du binôme axial. En l’absence de Dani Alves, il est aujourd’hui le seul des 23 Brésiliens à disputer sa troisième Coupe du monde. Un épilogue printanier qui tombe à pic pour Tite qui, dès sa prise de fonction en juin 2016, avait misé sur lui, le banni de l’ère Dunga. Rejeté aussi par une bonne partie des supporters brésiliens, Thiago Silva a été judicieusement réincorporé par Tite. Par petites touches. La bascule s’effectuant en juin 2017 lors d’un Argentine-Brésil perdu 1-0, mais où il prit le brassard de capitaine. Une responsabilité totalement inenvisageable depuis le fiasco des Auriverde au Mondial 2014, d’où il était sorti en quasi-paria…
Alerte au milieu !
Au milieu, le match contre la Croatie avec une ligne Paulinho-Casemiro-Fernandinho a mis en évidence les vulnérabilités d’une Seleção qui déjoue sous la pression du bloc adverse, notamment quand Casemiro est neutralisé. Les Croates l’avaient bien compris en tarissant les liaisons entre les défenseurs et le 6 du Real. Véritable plaque tournante du Brésil, initiateur du jeu en meneur reculé, Casemiro a été isolé par un marquage assez serré, qui l’a privé de son rayon d’action habituel. Du coup, les défenseurs brésiliens ont dû jouer long, en sautant le milieu, pour un rendement médiocre puisqu’ils ont rarement touché des attaquants déjà bien pris par l’arrière-garde croate. Évidemment, la Seleção encore en préparation a manqué de rythme pour bousculer les Croates, mais la bande à Modrić a révélé avec éclat ce dont on se doutait et qui devrait inspirer ses adversaires, à savoir pratiquer un pressing haut, dense et agressif qui fait carrément déjouer les Brasileiros !
C’est pourquoi il semblerait que Tite apporte une touche plus technique à son milieu en titularisant d’entrée face à l’Autriche Coutinho, en lieu et place de Fernandinho, un peu trop passif face aux maillots à damier. Dimanche dernier, le Barcelonais, qui avait commencé attaquant, avait avantageusement reculé au milieu à l’entrée de Neymar, remplaçant du Citizen. Cette reconfiguration avait redynamisé, en seconde période, le jeu d’une Seleção mieux en place, mieux déployée et plus offensive. Du coup, Tite va-t-il remettre en cause son milieu habituel à trois récupérateurs (Paulinho-Casemiro-Renato Augusto) ? On verra bien… Les spéculations de la semaine dernière sur la condition physique de Renato Augusto, après une inflammation du genou gauche, le maintiendraient très certainement à nouveau sur le banc dimanche après-midi. En tout cas, face à la Croatie, il n’était pas entré en jeu. Enfin, dernière nouvelle au milieu : le forfait de Fred, touché lui aussi au genou.
Neymar titulaire !
En attaque, la triplette de départ actera donc sur le terrain le retour de Neymar, mais ce coup-ci en tant que titulaire, en compagnie de Willian et de Gabriel Jesus. Pas encore à 100 %, prudent sur les duels et les contacts (notamment face à l’agressivité de Lovren), le numéro dix du PSG a réussi son retour en jaune, 97 jours après sa blessure face à l’OM. Son entrée en jeu, doublée du soutien de Coutinho passé au milieu, a rendu son visage conquérant à une Seleção capable de marquer à n’importe quel moment, voire contre le jeu. Neymar a ainsi fait basculer la rencontre sur un raid personnel dont il a le secret. Un nouveau but face à l’Autriche achèverait de le remettre sur les bons rails. Attention, ceci dit ! Neymar reste encore fragile, et une rechute n’est pas à exclure, que ce soit sur une agression adverse ou à la suite d’appuis violents trop sollicités. On le répète : le Ney n’est qu’en fin de convalescence et non pas rétabli à 100%.
À ce titre, il devrait certainement céder sa place en cours de match. À l’inverse, disputer 90 minutes renseignerait mieux sur sa condition actuelle réelle. À suivre… Un dernier mot sur Willian et Gabriel Jesus. Ils auraient intérêt à mieux figurer à Vienne que lors du match à Liverpool, dimanche dernier. Exonérés en partie par les faiblesses au milieu qui les ont souvent privés de ballon, Willian et Jesus doivent toutefois prouver bien davantage aujourd’hui. D’autant plus qu’il n’aura échappé à personne que Firmino, entré en jeu à la 60e à la place du buteur de City, a lui aussi contribué à la bonne deuxième mi-temps brésilienne. Buteur létal, il a été bien mieux trouvé devant par ses partenaires que Jesus. Ce dernier tient la corde, mais il sait désormais que l’attaquant de Liverpool lui mord les talons.
Pour Leonardo, Zinédine Zidane a bien fait de refuser le BrésilPar Chérif Ghemmour