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Bravo Nils !
Convoqué par Joachim Löw trois mois après avoir été sorti de la liste des 23 élus pour la Russie, Nils Petersen devrait avoir l'occasion de croquer cette semaine dans une deuxième sélection internationale. Enfin !
Il paraît que ce type n’attend « rien » des autres, ni du foot. Du moins, c’est ce qu’il avance lorsqu’on lui met sous le nez la question de l’avenir. Nils Petersen avale les nouvelles et les étapes comme certains avalent les burgers : en croquant et digérant la chose, rien de plus. L’expliquer est simple : un jour, le bonhomme a trébuché après être sans doute monté trop haut, trop vite. Tout était pourtant parfait, non ? La Bavière, le Bayern, l’assurance de continuer de grandir au milieu des plus grands (Gómez, Olić, Robben, Ribéry, Schweinsteiger, Lahm, entre autres, sur le terrain ; Jupp Heynckes sur le banc). Pas mal quand on a 22 ans, donc. Le jour de son arrivée à Munich, au printemps 2011, Petersen a même entendu Christian Nerlinger, alors directeur sportif du Bayern, lui imaginer tout fort « une voie royale » et assurer au monde que le buteur deviendrait « un grand » à bord du Rekordmeister. Pourquoi en douter ? Nils Petersen sort d’une saison à vingt-cinq perles enfilées du côté de l’Energie Cottbus, en 33 matchs de 2. Bundesliga, et semble suivre la courbe parfaite du footballeur allemand modèle. Facile à dire : au Bayern, le natif de Wernigerode se fait avaler par la concurrence, l’explosion définitive d’un certain Thomas Müller, et le poids des attentes (un numéro neuf plaqué sur le dos, par exemple). Au total, ça donnera quatre buts en quinze matchs officiels avant de faire ses valises. La suite ? Un rebond majestueux : jeudi, à Munich, Petersen pourrait ainsi glisser sur la pelouse de l’Allianz-Arena avec le maillot de la Nationalmannschaft sur les épaules. Solide.
Deuxième meilleur joueur allemand de l’année
La nouvelle est tombée de la bouche de Joachim Löw le 29 août dernier au milieu d’une conférence de presse bouchée par le cas Mesut Özil et la volonté féroce du sélectionneur allemand de dégager au loin les accusations de racisme formulées par le meneur de jeu d’Arsenal. Trois mois après avoir été sorti de la liste définitive des convoqués pour la Coupe du monde russe, où l’Allemagne a pris la porte dès le premier tour, le flingueur de Fribourg est bien de retour en sélection et pourrait connaître cette semaine sa deuxième sélection internationale après 76 minutes croquées en Autriche (2-1) le 2 juin dernier. À quoi cela tient ? Aux retraites consécutives de Mario Gómez et Sandro Wagner, qui n’était, lui non plus, pas du voyage en Russie ? Il y a de ça, mais il faut se dire les choses : voilà déjà un moment que Nils Petersen est prêt pour le grand bain. C’est d’abord ce que sa saison dernière – quinze buts claqués en trente-deux matchs de Bundesliga avec un Fribourg en galère, dont Petersen a planté 47% des pions – a raconté, tout comme le fait qu’il ait été élu deuxième meilleur joueur allemand de l’année derrière Toni Kroos.
Du côté de Fribourg
C’est aussi ce que son père, Andreas, 58 ans et coach à Halberstadt (Regionalliga Nordost, D4), a voulu signifier à Joachim Löw en personne lorsqu’il l’a croisé sur une plage, en janvier 2018. Ce jour-là, le paternel s’était retenu, et quelques jours plus tard, le fils a répondu d’un lob délicieux au Signal-Iduna Park de Dortmund. Assez pour convaincre Löw de le convoquer, « insuffisant » de l’avis de Petersen Jr. pour filer disputer une Coupe du monde. Cela a permis au deuxième meilleur buteur du dernier championnat d’Allemagne de s’éviter une annulation de vacances, mais aussi de ne pas vivre de l’intérieur le crash historique de la Nationalmannschaft.
Le nouveau chapitre qui s’ouvre cette semaine, sans grande révolution interne, pourrait lui offrir un rôle, même à 29 ans et même si l’histoire internationale de Nils Petersen se résume avant tout aujourd’hui à un penalty raté en finale des Jeux olympiques de Rio, en 2016. Il y a moins d’un an, son entraîneur à Fribourg, Christian Streich, avait évoqué son buteur, muet lors des deux premières journées de la saison, comme « une bénédiction » , « une aubaine dont le club profite chaque week-end depuis quatre ans » et avait invité Löw à « regarder un peu du côté de Fribourg » . L’heure semble définitivement arrivée : et si c’était vrai ? Ce serait la confirmation que l’Allemagne tient bien un « grand buteur » avec Petersen, définitivement. Mais ça, la Bundesliga le sait déjà.
Par Maxime Brigand