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Brassard LGBT : la FIFA fait plier les sélections

par Matthieu Darbas
4 minutes
Brassard LGBT : la FIFA fait plier les sélections

Sept sélections ont renoncé à ce que leur capitaine respectif encoure une sanction en raison du port du brassard LGBT. Ce qui pouvait être considéré comme une touchante démarche politique a donc tourné au vinaigre, jusqu’à devenir une triste victoire de la FIFA et du Qatar.

À la veille de l’entrée en lice de l’Angleterre, Harry Kane avait tapé du poing sur la table.« Nous avons clairement dit que nous souhaitons tous, en tant qu’équipe, et le staff également, que je porte ce brassard OneLove. » Sauf que voilà, le capitaine des Three Lions ne s’est jamais présenté avec ce bout de tissu autour du bras au lendemain de cette déclaration. La raison ? Dès la rosée de ce lundi matin, les sélections néerlandaise, galloise, belge, danoise, allemande, néerlandaise et suisse, qui s’étaient lancées dans cette initiative, ont fait faux bond. « La FIFA a été très claire sur les possibles sanctions sportives qu’encourent les capitaines qui souhaiteront arborer ce brassard arc-en-ciel. Comme les autres sélections, nous ne pouvons pas mettre nos joueurs dans une position délicate dans laquelle ils pourraient être sanctionnés. Nous avons donc demandé à nos capitaines de ne pas le porter », peut-on lire dans un communiqué publié par l’instance britannique. La FIFA s’est rangée dans le camp de l’intolérance du Qatar.

Paroles et paroles et paroles…

« Aujourd’hui, je me sens gay, aujourd’hui je me sens handicapé, aujourd’hui je me sens travailleur immigré. » L’anaphore du président de la FIFA Gianni Infantino il y a deux jours avait beau être bien ficelée, elle manque cruellement de sens au deuxième jour de l’évènement le plus attendu de l’année. Si Kane avait assuré en conférence de presse que les dirigeants des différentes parties échangeaient sans relâche pour trouver un terrain d’entente, il n’en a rien été. Dans le communiqué, les sept fédérations se sont dites « frustrées » de la position de l’instance du football mondial. « Nous étions prêts à payer des amendes applicables en cas de non-respect des règles sur les équipements et étions très engagés autour de ce brassard. Mais nous ne pouvons pas mettre nos joueurs dans cette situation. » Et comment ne pas les comprendre ? Impitoyable face à la communauté LGBT, la réglementation sur les équipements du Mondial indique que l’arbitre d’une rencontre peut demander au joueur de quitter le terrain pour « corriger sa tenue ». En cas de non-respect de cette consigne, ce dernier peut être averti.

Qatar-FIFA : love to love

Cette issue déplorable rappelle à quel point la FIFA est toute petite lorsqu’elle s’assied à la table du Qatar. Si l’UEFA – sa grande rivale – avait encouragé le port de ce brassard lors des rencontres de septembre de Ligue des nations, l’instance dirigée par Infantino a de son côté choisi de faire un pas en arrière sur le terrain des droits de l’homme. Elle envoie ainsi un très vilain message en n’imposant pas un si petit compromis au pays organisateur. Il faut dire que la communauté LGBT n’a déjà pas beaucoup de droits dans la Péninsule arabique. « Nous savons tous comment les choses se passent ici », a même lancé l’international belge Thomas Meunier face aux journalistes ce lundi. L’homosexualité n’est pas autorisée dans l’émirat, et toutes les démonstrations publiques d’affection sont désapprouvées et sanctionnées. Mais si un footballeur peut écoper d’une biscotte, la sentence est plus drastique pour un citoyen lambda : tout acte corrélé à la communauté LGBT est sanctionnable d’une peine d’amende assortie à sept ans d’emprisonnement. En ce début de semaine, la fédération néerlandaise fait bien de rappeler que « cette décision va à l’encontre des valeurs du sport ». De son côté, Peter Bossaert, le CEO de l’Union belge, s’est aussi montré agacé au moment d’apprendre que le deuxième maillot des Diables rouges, imprimé de la mention « LOVE », a été à son tour recalé par la FIFA. Pour lutter contre toutes formes de discrimination, les soldats de Gareth Southgate ont tout de même posé un genou à terre avant le coup d’envoi. Espérons que ce geste ne soit pas lui aussi interdit dans les prochaines heures. Avec la FIFA, il faut désormais s’attendre à tout. Et surtout au pire.

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