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- 9e journée
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Branislav Ivanović, la droite dure
Peu commode dans le jeu, le latéral droit des Blues est également un excellent buteur (trois buts depuis le début de saison). Avec lui, Chelsea s'est trouvé une machine presque parfaite. Un tueur au sang froid.
Carlos Tévez, Juan Mata, Frank Lampard, Gervinho. Au milieu des habitués, Branislav Ivanović n’a pas à rougir, lui qui a également défloré trois fois le gardien adverse cette saison. Sauf que le Serbe n’est pas un joueur offensif. Une prouesse donc. C’est simple, le latéral de Chelsea est le défenseur qui marque le plus de buts cette saison. On est encore loin des statistiques d’un Steve Bruce du temps de sa splendeur à MU au début des 90’s (13 caramels en 1990-1991), mais le Serbe est un homme atypique dans une défense. D’autant qu’il ne joue pas à son poste de prédilection. Son CV indique un bon mètre quatre-vingt-huit, mais « Bane » (son surnom) squatte plutôt le côté droit de la défense de Chelsea, alors que sa nature aurait plutôt opté pour l’axe. Il faut dire que la défense centrale des Blues dégueule de prétendants avec Terry, Cahill et David Luiz. N’y voyez pas un acte de faiblesse, ce n’est pas le genre de la maison. Non, Ancelotti, Villas-Boas, puis Di Matteo ont préféré caler le Serbe sur le côté droit, car il est infranchissable. Petit à petit, Paulo Ferreira, Bosingwa ou le dernier venu César Azpilicueta ont dû se rendre à l’évidence : pas facile de dénicher le joueur formé au FK Srem. Dur sur l’homme, rapide, bon dans les airs, loin d’être maladroit avec ses pieds, Ivanović est le latéral moderne. Un mec capable d’avaler les kilomètres tout en serrant de près son attaquant. Le type est bon sur toute la longueur du terrain. Une perle doublée d’un salopard. Un génie.
Mourinho sous le charme
Rien d’étonnant à voir la moitié des clubs européens venir le courtiser lors de la dernière fenêtre des transferts. Outre le Barça et des clubs italiens, c’est surtout le Real Madrid qui a tenté le coup de poker. José Mourinho adore le joueur et a tout fait pour le braquer aux Anglais cet été. En vain. Il faut dire qu’à Londres, on a bien compris l’importance du type. Ce qui n’était pas forcément le cas lors de son arrivée, pour plus de dix millions d’euros, en provenance du Lokomotiv Moscou en janvier 2008. Avram Grant était alors en poste et a préféré envoyer le Serbe s’entraîner avec la réserve pendant six mois. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, et Ivanović a survécu à trois changements d’entraîneurs (Scolari, Ancelotti, Villas-Boas) pour remplir son armoire à trophées. Mieux, en 2010, il figure même dans le XI de rêve de la Ligue des champions. Oui, le mec à la dégaine de boucher. Un homme attiré par le sang, le combat et la sueur. À Chelsea, on est habitué à ce genre de lascar sur le côté droit. Avant lui, Steve Clarke (1987-1998) ou encore Dan Petrescu (1995-2000) ont enchanté Stamford Bridge avec cette envie de bouffer l’adversaire.
Contre MU, Ivanović sera de nouveau de la partie. Sur chaque corner, il ira traîner son jeu de tête de pivot NBA pour refermer une cicatrice. Ici, pas question de guerre ou autre. Il s’agit d’une saloperie de suspension qui a privé le joueur de la dernière finale de Ligue des champions. On comprend pourquoi ce sommet de la Premier League est beaucoup plus qu’un simple match entre le premier et son dauphin pour le numéro 2 des Blues.
Par Mathieu Faure