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Bracigliano : « Quand je vois qu’il y a des fils d’immigrés qui votent FN… »

Propos recueillis par Guillaume Vénétitay
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À la fois entraîneur des gardiens et joueur pour NorthEast United, l'ancien Nancéien parle de la spiritualité en Inde, du rythme de vie imposé par l'ISL et des besoins du football local. Et en profite aussi pour tacler le FN.

Bonjour Gennaro. Avant de parler de ta saison, on rembobine. Comment tu t’es retrouvé en Inde dès l’an dernier ?

Au départ, c’est un peu un choix par défaut. C’était très avancé avec le club de Platanias en Grèce, j’étais même allé là-bas. Avant de signer, je me suis blessé à l’épaule. J’ai donc repris avec l’UNFP. J’allais mieux, et Bruno Satin (agent français mandaté par l’ISL pour recruter les joueurs à drafter lors de la première édition, ndlr) est venu voir plusieurs d’entre nous, comme Bernard (Mendy) et moi. Il a évoqué le projet en Inde. Au départ, ça ne me parlait pas forcément. Mais j’avais encore la forme, j’étais encore en vie, donc j’ai dit banco !

Est-ce que tu connaissais l’Inde avant de venir ?

Oui, j’étais allé avec mon épouse en circuit au Rajasthan quatre ans plus tôt. On avait vu Jaipur, Jodhpur, le Taj Mahal… J’avais beaucoup apprécié le pays. Ce qui est marquant ici, c’est le dépaysement total. Dans le bon sens du terme. Que ce soit dans la cuisine, dans les manières de s’habiller avec des femmes en sari partout, la spiritualité à chaque coin de rue… À mon retour, je m’étais dit : « J’ai vécu dans un film pendant 12 jours ! » On voit aussi de la misère, et ce n’est pas ce qu’on a l’habitude de voir en France. Il y a des enfants tout nus, des gens qui dorment sur le trottoir.

Tu vois des différences entre Chennai, où tu étais l’an passé, et Guwahati dans l’Assam où tu te trouves aujourd’hui ?

Oui ! L’Inde, c’est un pays quasiment aussi grand que l’Europe, il y a 1,3 milliard d’habitants. Entre deux États indiens, il y a autant de différences qu’entre deux pays d’Europe ! Ça se voit physiquement, dans les mentalités et aussi dans les langues. Alors quand on me demande : « Comment ils sont les Indiens ? » , je réponds que ça dépend : Indiens du Nord, Indiens du Sud… Et c’est pareil pour le football ! À Chennai l’an dernier, c’était le cricket. On n’a pas vu un seul city stade dans la ville. Alors qu’ici, il y a des cages partout !

Tu as parlé de spiritualité. Tu as dû voir pas mal de choses ces derniers jours avec un festival très célébré dans l’Assam…

Oui, le festival de Durga Puja. Il y a une très grande diversité religieuse. Au départ, je croyais que les Indiens étaient hindous. Il y a aussi beaucoup de musulmans, de catholiques. Il y a une façon différente de pratiquer la religion si l’on compare à l’islam ou au catholicisme en France. Ici, le port du voile ne dérange personne. Chacun porte sa croix, son voile. Mais j’ai l’impression qu’il y a moins de mélanges. Dans les quartiers, les gens vivent avec leur communauté. Et on parle beaucoup de la tolérance en Inde, mais il y a aussi des tensions. Je suis pas mal l’actualité. Il y a trois semaines, un musulman accusé d’avoir mangé du bœuf a été lynché à mort. Mais dans notre expérience personnelle, de footballeurs, en tout cas, on n’a pas été confrontés à cette tension.

Tu connaissais donc l’Inde, mais est-ce que tu connaissais son football ?

Jouer au foot, c’est autre chose ! En plus, on ne savait pas vraiment dans quoi on mettait les pieds au niveau de l’organisation. On ne savait pas dans quelle équipe on allait évoluer avec le système de draft. Je n’avais rien d’autre et finalement, c’est une excellente expérience ! Il n’y a pas un sifflet, aucune hostilité, les supporters sont adorables ! L’an dernier, à Kochi, on avait marqué un but à 5 min de la fin et on avait été applaudis. Il y a des évolutions, peut-être que la saison passée, ils allaient un peu plus au spectacle. Au niveau des fans, ça s’organise.

Comment ça se passe le quotidien ? Vous êtes toujours à l’hôtel ?

Oui, on est dans des 5 étoiles. Il y a au moins un entraînement par jour, le matin. Et parfois un autre l’après-midi ou au stade en veille de match. On est un peu comme dans une mise au vert, mais avec moins de contraintes. Par exemple, on peut prendre le repas au buffet à l’heure que l’on veut.

Et tu as réussi à voir ta famille ?

Oui, la famille est venue pour deux semaines ce mois-ci. Ça tombait bien, puisqu’il y avait les vacances en France et une série de matchs à domicile pour notre équipe. Mon épouse et mes enfants ont pu voir 3 matchs.

Il y a des matchs tous les 3 ou 4 jours, des déplacements très longs. Comment vous gérez la fatigue ?

On termine les trois mois épuisés. On doit boire beaucoup d’eau, à cause de la chaleur et l’humidité. Au début, ce n’était pas facile, surtout pour un gars comme moi de l’Est de la France ! (rires) Après, en Assam, il fait moins chaud et on a de meilleurs terrains. On a pas mal de soins. Dans nos hôtels, on a toujours des salles de muscu, des masseurs, des bains d’eau glacée… On est chouchoutés, c’est tout sauf une galère. Avec Bernard (Mendy) l’an passé, en arrivant, on ne savait pas ce qu’on allait trouver, et en réalité, c’est confortable !

Pourquoi tu as changé de club cette saison ?

La priorité, c’était le retour en France. Au départ, j’avais discuté avec Pablo Correa à Nancy pour revenir comme 2e gardien. D’autant plus que je suis installé à Nancy désormais. Ma femme venait d’accoucher de notre 3e enfant, donc je ne me voyais pas repartir. Finalement, ça ne s’est pas fait, comme pour les autres touches que j’avais en L2. Et puis, NorthEast United m’a contacté, ils avaient besoin d’un entraîneur des gardiens. Je n’avais pas la garantie de jouer, mais j’ai réfléchi avec ma famille. Et puis, je me suis dit : c’est 3 mois, pourquoi pas ?

Et finalement tu as déjà joué deux matchs…

Oui, au départ le coach voulait jouer avec six étrangers (le maximum autorisé sur le terrain, ndlr) en joueurs de champ. Donc, j’étais vraiment là pour coacher les deux gardiens indiens, j’étais plus à disposition si tu veux. Plusieurs joueurs se sont blessés, donc on a eu besoin de moi.

Comment ça se passe ton poste d’entraîneur ? C’est quoi le niveau de tes gardiens ?

Je suis pro depuis 15 ans, donc pour les exercices, je connais ! Rahenesh et « Mawia » , les deux gardiens indiens, ont des qualités. L’objectif, c’est de les aider à atteindre l’équipe nationale. Chez les gardiens, je remarque qu’il y a un vrai potentiel en Inde. Je n’en attendais pas tant. Sur les autres postes, on va dire qu’il y a des bons à tous les postes, mais ils ne sont pas 150. Une équipe peut avoir un très bon arrière gauche, mais pas d’ailier droit.

Selon toi, qu’est-ce qu’il faut faire pour améliorer le niveau ici ?

Il faut miser sur la formation, c’est un des objectifs de l’ISL. Comme ce n’est pas le sport numéro 1, les joueurs arrivent au jeu parfois tardivement. Tactiquement, on doit apprendre des choses à nos coéquipiers. Des choses que tu maîtrises à 16-17 ans en fin de formation en France. Mais techniquement, il y a de la qualité. Et avec six étrangers sur le terrain, le niveau du championnat est sûrement plus élevé qu’au Qatar ou aux Émirats. Il faudra aussi regrouper l’ISL et l’I-League (le championnat domestique, ndlr), ce serait l’idéal. Avoir une ISL à 20 clubs, ça pourrait être énorme. Rien que d’en parler…

Tu te vois continuer encore longtemps pour voir ces évolutions ?

J’ai bien envie de continuer un peu. Tant que la santé est là et que je n’ai pas de pépin physique. Après, l’Inde, j’y prends goût, donc pourquoi pas une 3e saison ? En plus, j’ai une double casquette maintenant ! En tout cas, je suis à l’écoute de toute opportunité.

Revenons maintenant sur ton passage à Marseille. Comment, mentalement, on passe de titulaire à doublure ?

À Marseille, j’arrivais quand même comme doublure de Steve Mandanda, qui est une des deux références au poste en France ! C’était forcément une évolution puisque j’avais été longtemps à Nancy. Je savais que j’allais vivre des choses, avec une équipe qui participait à la C1 à l’époque. Après, c’est vrai que je suis passé 3e gardien (notamment après une faute de main face à Quevilly, en Coupe de France, ndlr), mais je suis resté professionnel jusqu’au bout. Je faisais chaque séance à fond. Je n’ai aucun regret de cette expérience.

À Nancy, Pablo Correa est revenu en 2013. Il a longtemps été ton coach et a toujours eu une réputation d’entraîneur chiant, qui bétonne. Qu’est-ce que tu en penses ?

Avec Correa, il y a un vrai respect mutuel. On a vécu beaucoup de choses ensemble, avec lui et tout ce groupe : la Coupe de l’UEFA, les premières places du championnat. L’image défensive, on a essayé de la coller à Nancy. Mais nous, ce qu’on voyait, c’est qu’on se battait les uns pour les autres ! Ce n’était pas péjoratif pour nous. L’étiquette n’est pas facile à décoller. Cette année, ils sont parmi les meilleures attaques !

Justement quand tu vois Hadji qui plante 13 buts l’an passé. Il est inusable…

Youssouf, ça ne me surprend pas. C’est tout sauf une surprise ! Il se passe plein de choses positives à Nancy. Michaël Chrétien aussi est revenu. Ce sont des mecs qui aiment ce club. Ils ont un comportement idéal, ils sont exemplaires. Je leur souhaite de monter, je pense qu’ils ont l’effectif. Mais bon, je disais déjà ça l’an dernier…

Pour revenir vers chez toi, tu es issu des quartiers populaires, à Farebersviller, à quelques kilomètres de Forbach. Ça te fait quoi de voir Philippot, numéro 2 du Front national, se présenter aux municipales à Forbach l’an passé, et plus généralement les scores élevés du parti d’extrême droite dans ta région ?

Je trouve ça triste. Vraiment triste. À la base, Forbach, c’est beaucoup d’immigrés, comme mon grand-père. Il y avait des gens de toutes les origines. Des Italiens, des Polonais… C’était l’époque des mines, il fallait de la main-d’œuvre. La région est touchée de plein fouet par leurs fermetures. Le chômage est élevé et ça tourne parfois au vote extrémiste. J’espère que les gens se rappelleront d’où ils viennent. Quand je vois qu’il y a des fils d’immigrés qui votent FN… Le FN si haut, ça me donne envie de vomir. Ça ne correspond pas à l’image de la région, qui a toujours été travailleuse et accueillante. J’espère que quelque chose va arriver pour redynamiser la région, qu’il va se passer quelque chose. (Silence) Tout est possible, et même le pire malheureusement.
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Propos recueillis par Guillaume Vénétitay

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