- C4
- Finale
- Fiorentina-West Ham (1-2)
Bowen, à rendre marteau
Buteur dans les derniers instants de cette finale de Ligue Europa Conférence, Jarrod Bowen a de nouveau endossé le costume de héros et fait chavirer les supporters de West Ham.
Soudain, à la 90e minute de cette finale de Ligue Europa Conférence, le temps a donné l’impression de s’arrêter à l’Eden Arena de Prague. Une passe au timing parfait de Lucas Paquetá, 20 000 supporters qui retiennent leur respiration et un homme qui échappe à cette anomalie dans l’espace-temps : Jarrod Bowen, qui file à l’anglaise dans le dos de la défense de la Fiorentina, résiste au retour de cette dernière et ajuste Pietro Terracciano, le gardien adverse. Le ballon vient caresser les filets, les fans des Hammers relâchent toute la pression engendrée (et celle restant dans leurs gobelets) et exultent à l’unisson. 58 ans après la victoire en Coupe des coupes, West Ham s’adjuge un second trophée européen, le tout après une saison très compliquée en Premier League (14e), et verra la C3 l’an prochain. Un succès qui vient mettre en lumière, une fois de plus, le talent de Bowen, chouchou du public.
Jarrod le caméléon
Dans un match où la Fiorentina aura montré plus de contenu dans le jeu, West Ham a finalement pu compter sur un brin de réussite et sur le talent offensif de Paquetá et Bowen pour s’imposer. Ce qui est tout sauf une surprise, notamment pour l’international anglais (quatre sélections), qui réalise la plus grande performance de sa carrière à 26 ans en remportant son premier trophée européen. « Bien sûr, je rêvais de marquer, a-t-il avoué juste après le coup de sifflet final. Mais inscrire le but vainqueur, dans les derniers instants et devant les supporters… J’ai cru que j’allais pleurer. Je suis juste heureux, on avait un rêve ce soir. On n’a pas fait une très bonne saison, moi y compris, mais ce qu’on a fait ce soir… Je suis aux anges. » Un but qui récompense une campagne européenne exceptionnelle des Hammers (13 matchs, 11 victoires et 2 nuls) où Bowen a joué un rôle crucial (5 pions, troisième meilleur buteur ex aequo de la compétition à une unité de Marcus Rashford et Victor Boniface, ainsi que trois passes décisives).
À l’instar des grands joueurs, Bowen a su bonifier la lichette de ballon qu’il a eu à sa disposition. D’abord, sur un contrôle de la poitrine, en provoquant une main de Cristiano Biraghi qui permet à Saïd Benrahma d’ouvrir le score sur penalty, puis avec cette fameuse action en fin de match, tandis que la Fiorentina galvaudait plusieurs opportunités franches sans comprendre que sa chance était passée. Un tour de passe-passe dont a le secret Bowen, qui parvient toujours à effectuer des grosses performances, peu importe si David Moyes le place ailier gauche, ailier droit, meneur de jeu ou même avant-centre. Sa polyvalence et son sens du jeu lui permettent toujours d’obtenir quelques occasions qu’il transforme avec un sang-froid déroutant. « Quand vous êtes dans ma position (au moment où il file au but, NDLR), vous partez dix fois au but et vous allez peut-être réussir à marquer une fois, mais j’étais confiant, a-t-il débriefé. Je n’ai jamais vécu ça de ma carrière, c’est peut-être mon plus grand match. Évidemment, l’émotion entre en jeu. Je pensais qu’on irait en prolongation, mais j’ai eu le temps pour une ultime occasion et je suis si heureux d’avoir marqué. » Un sacre européen qui vient clôturer une saison irrégulière collective et individuelle (13 buts et 9 passes décisives, loin de ses 18 goals et 13 assists de l’an dernier) pour le natif de Leominster dont la valeur marchande est forcément remontée à la hausse après cette finale, même si l’intéressé aura la tête ailleurs cette nuit. « Ce soir, je ne pense qu’à faire la fête, je veux célébrer cette victoire avec les supporters, mes coéquipiers et ma famille. » Les héros ont aussi le droit de savourer.
Par Fabien Gelinat