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Bouna soigne ses arrières
C'est l'heure de la reprise pour l'OM qui affronte Ostende en Ligue Europa ce jeudi soir. L'occasion de voir évoluer la recrue la plus surprenante de cet été. Il ne s'agit ni de Luiz Gustavo ni d'Adil Rami, mais du nouveau Bouna Sarr. Celui qui joue latéral droit.
21 septembre 2016, au Roazhon Park. On joue depuis un peu plus d’une heure quand Zinédine Machach perd le contrôle de ses nerfs pour la deuxième fois en dix minutes. Il est expulsé et laisse les Marseillais à dix contre onze pour tenir le score 2-1. Franck Passi, qui doit composer avec la sortie sur blessure de Hiroki Sakai en tout début de match, tente un pari. Celui de remettre André-Franck Zambo Anguissa dans le cœur du jeu, et faire descendre Bouna Sarr, entré juste avant l’expulsion de Machach, au poste d’arrière droit. Après plus de vingt minutes à tenir le score, l’OM craque aux 86e et à la 88e minutes. C’est Adrien Hunou qui inscrit le but de la victoire pour les Rennais, parfaitement servi par Kamil Grosicki côté gauche qui remporte son duel avec Bouna Sarr. Le pari tactique du technicien marseillais est alors immédiatement pointé du doigt, moqué, raillé. Mais aujourd’hui, c’est El Local qui doit bien se poiler, lorsqu’il voit Rudi Garcia reprendre une de ses idées. En effet, depuis le début de la préparation, le Franco-Guinéen évolue au poste de latéral droit et devrait faire office de doublure de Sakai cette saison.
Système D
Si Hiroki Sakai, l’une des belles surprises marseillaises la saison dernière, est promis à un statut de titulaire dans le couloir droit, sa doublure reste pour l’heure incertaine. André-Frank Zambo Anguissa et Boubacar Kamara ont bien dépanné à ce poste l’année passée, mais ils devraient tous deux être sollicités pour participer au turn-over du milieu de terrain et en défense centrale. La meilleure option reste alors Bouna Sarr, essayé à plusieurs reprises à ce poste durant les matchs de préparation : contre Sion, l’Étoile sportive du Sahel et Fenerbahçe. À chaque fois, l’ancien Messin s’est montré plutôt convaincant, en tout cas plus qu’à son poste de prédilection depuis qu’il est arrivé à Marseille.
« Il a toutes les qualités pour jouer là. Ça peut être un latéral offensif, il se replace bien, a la capacité de faire des allers-retours, justifiait Rudi Garcia il y a quelques jours en conférence de presse. Il faut voir le positionnement. Il peut amener des centres, il est capable de marquer, comme on l’a vu. En l’absence d’Hiroki, on peut développer Bouna à ce poste. Avant de trouver une solution externe, on l’a peut-être en interne. » Des prédispositions naturellement offensives, qui perpétueraient l’équilibre trouvé entre le remuant Sakai à droite et le plus prudent Évra à gauche. Surtout que l’OM revient cette saison avec d’autres ambitions, celles de s’imposer comme une équipe dominante dans tous les matchs. Face à des formations regroupées qui lui laisseront le contrôle du ballon, il faudra prendre des risques avec des latéraux offensifs pour imprimer une pression constante.
Motivé, motivé
Une bonne solution de dépannage, mais reste à savoir si cela peut durer. Les exemples de milieu de terrain qui se sont reconvertis en latéral ne manquent pas, notamment du côté de l’OM avec Éric Di Meco et Jocelyn Angloma. C’est une évidence, Bouna Sarr ne fera jamais partie du même monde que ces joueurs-là, mais il peut très bien envisager une reconversion définitive. « Défensivement, il faut acquérir les repères. D’autant que j’étais vraiment porté sur l’attaque, donc, quelquefois, je pouvais pécher à ce niveau-là.(…)Il faut être prêt mentalement. Moi, ça m’a pris un peu de temps, mais le jour où je me suis mis en tête que j’étais un vrai défenseur, ça a changé » , juge Jocelyn Angloma, persuadé que le repositionnement de Bouna Sarr peut être une bonne idée.
« Bouna Sarr devra travailler la puissance ; il faut être bon de la tête pour couper dans l’axe, anticiper. Mais il est félin, svelte, il a des prédispositions. Il sait jouer au ballon, il faut qu’il apprenne à tacler avec justesse sans commettre de faute. Pour progresser, il faut avoir envie et j’ai cru comprendre que c’était le cas. Si le poste lui plaît, il va s’adapter » , poursuit Angloma, optimiste. En tout cas, bien conscient qu’il pourrait s’agir là d’une chance de se relancer à Marseille, Sarr ne rechigne pas à la tâche. Mieux, il se « plaît de plus en plus » dans son nouveau poste. « Je dois encore m’adapter, je suis encore en apprentissage, concède-t-il. D’après ce qu’on m’a dit, ça peut être amené à durer. Ce n’est pas un problème, car ça ne m’a jamais dérangé de défendre. » Pas si fou que ça, Franck Passi.
Par Kevin Charnay
Propos de Jocelyn Angloma tirés de La Provence