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Boudewijn Zenden : « Pendant la Coupe du monde, je supporterai la Belgique »
La dernière fois que les Pays-Bas ne s'étaient pas qualifiés pour une phase finale de la Coupe du monde, Boudewijn Zenden avait vécu ça à l’intérieur. Rencontre nostalgique avec l’ancien ailier, qui pensent que les Oranje doivent se servir cette non-qualification pour se réinventer.
Cette Coupe du monde sans les Pays-Bas, tu vas la vivre comment ?Je vais la vivre en vacances. En plus d’être adjoint de Philippe Cocu sur le banc du PSV Eindhoven, je suis aussi analyste des matchs de l’équipe nationale à la télé. Nous ne sommes pas qualifiés, donc je resterai chez moi. Je n’ai pas de choix.
Tu vas supporter quelle équipe ?En tant que consultant et entraîneur, je vais surtout suivre certains joueurs, mais si je dois choisir une équipe, je prends la Belgique. J’habite à côté de la frontière et j’ai toujours apprécié son football.
Crois-tu que la Belgique peut être la surprise de cette Coupe du monde ?
Ça fait longtemps que la Belgique n’est plus une surprise ! À ce niveau, récemment, je ne trouve pas beaucoup d’équipes avec autant de talent. L’équipe belge est composée de joueurs qui évoluent dans des grands clubs et qui jouent la Ligue des champions. Cependant, il faut reconnaître qu’ils n’ont jamais réussi à aller très loin lors de leurs dernières campagnes. C’est à eux de démontrer que leur football est désormais réaliste et efficace.
D’ailleurs, l’exclusion de Radja Nainggolan est bizarre…Je ne suis pas dans les coulisses de l’équipe belge, mais j’imagine que si le sélectionneur (Roberto Martínez, N.D.L.R.) ne l’a pas appelé, c’est parce qu’il a déjà une idée concrète de comment il va gérer son groupe. Pour une compétition comme la Coupe du monde, il faut toujours choisir des éléments qui peuvent bien se mélanger avec les autres. Créer une osmose.
La dernière fois que les Pays-Bas n’ont pas participé à une Coupe du monde, c’était en 2002. Et tu faisais partie de cette équipe…Ce tour préliminaire fut maudit. Au match aller, face au Portugal à Rotterdam, quelqu’un du public a sifflé. Nous nous sommes arrêtés en pensant que c’était l’arbitre, alors que les Portugais continuaient de jouer et ont marqué ainsi le seul but de la partie. Au match retour, à Porto, on mène 2-1, et à la fin du match, Frank de Boer fait une boulette qui provoque le penalty qui sera converti en but par Luís Figo. Après, à Dublin, l’Irlande avait tout fait pour que la pelouse soit dans un état lamentable et qu’on ne puisse pas développer notre jeu. C’était dommage car on avait une belle équipe. Cette fois, en revanche, c’est différent.
Pourquoi ?La génération actuelle n’est pas aussi bonne que la nôtre. Il ne faut pas oublier que les Pays-Bas ont raté aussi l’Euro 2016. Et si on n’a pas réussi à se qualifier pour la Coupe du monde, avec le groupe que l’on avait (France, Suède, Bulgarie, Luxembourg, Biélorussie, N.D.L.R.), ça veut dire qu’on ne méritait pas de la jouer. C’est comme ça. Il y a plein de problèmes d’organisation dans la Fédération, on a trop changé d’entraîneurs récemment. Mais c’est vrai aussi que la qualité des joueurs n’a rien à voir avec ça.
Avec les Pays-Bas, tu as joué un très bon Euro 2000. Quel est ton souvenir de cette incroyable demi-finale face à l’Italie, qui s’est achevée sur une défaite aux tirs au but ?On jouait chez nous, on était convaincus qu’on pouvait gagner ce tournoi, car on avait les moyens pour le faire. Ce match fut l’un des meilleurs que j’ai fait avec l’équipe nationale et je me le rappelle parfaitement : je provoque l’expulsion de Zambrotta avant la mi-temps, tout semble être à notre avantage, mais finalement on perd. Si tu rates deux penaltys pendant le match et quatre pendant la séance de tirs au but, ça veut dire que ce jour là était vraiment maudit. En revanche, Toldo avait fait le match de sa vie.
L’Italie est l’autre grande absente de cette Coupe du monde…
On peut faire le même discours que pour les Pays-Bas. C’est une époque où les choses n’ont pas tourné dans le bon sens, mais on peut aussi voir tout ça comme une opportunité. L’Italie et les Pays-Bas doivent se regarder dans le miroir pour comprendre ce qu’il faut changer pour s’améliorer dans le futur. Après, c’est vrai aussi qu’ici, on est 17 millions de personnes, on ne peut pas comparer les Pays-Bas avec l’Angleterre, la France, l’Italie ou l’Allemagne. La Hollande a eu des grands moments de foot dans son histoire, mais n’a jamais changé sa façon de jouer ni celle d’interpréter son foot. Cette non-qualification peut être la bonne occasion pour essayer de changer notre mentalité et de faire quelque chose de nouveau. Pareil pour l’Italie.
Il y a quand même quelques bons espoirs dans le foot hollandais, non ?La sélection U17 vient de gagner l’Euro, et Justin Kluivert a les moyens pour devenir un grand footballeur. Mais il faut être patient avec les nouveaux talents, et surtout les laisser évoluer un peu plus de temps dans le championnat national. À mon époque, on partait vers 25 ans, pas avant. Maintenant, les meilleurs quittent l’Eredivisie trop tôt, sans avoir accumulé assez d’expérience avec l’équipe première. Donc forcément, ils n’arrivent pas à développer leur jeu sans pression.
Tu as joué un peu partout en Europe : Barcelone, Liverpool, Chelsea, Marseille… Qu’est-ce que tu en retiens ?L’étape à l’OM a été spéciale, surtout par l’ambiance qui y règne. J’étais déjà un footballeur mûr, mais je n’avais jamais vécu quelque chose de si fort.
Quand on gagnait, on était des dieux ; quand on perdait, les supporters venaient nous demander des explications, comme si c’était possible de les donner… Les supporters de l’OM sont vraiment exigeants, mais ils te donnent tout. Je continue à suivre l’équipe et je suis content des bonnes performance des Marseillais cette année. D’ailleurs, je vais supporter aussi un peu la France puisqu’il y a mon pote Steve Mandanda, avec qui j’ai partagé de bons moments dans le vestiaire.
Crois-tu que la France peut gagner le Mondial ?Ils ont les joueurs et les moyens pour le faire. Ils arriveront sans doute très loin. Mais les favoris sont toujours les Allemands. Quand il s’agit d’aller au bout des compétitions importantes, ils sont toujours là.
Propos recueillis par Antonio Moschella