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Boubacar Kamara : secret défense
Bonbon de la formation marseillaise, Boubacar Kamara confirme lors du championnat d’Europe U19, où les Bleus ont rendez-vous avec l’Italie jeudi après-midi en Finlande (18h) pour une place en finale, la grosse pile d’espoirs nourris par sa première saison professionnelle à l’OM.
De la grande bouffe, servie sur la côte du golfe de Botnie. L’équipe de France des moins de 19 ans s’est pointée lundi, en début de soirée, à Vaasa, pour sauver sa peau face à une Angleterre championne d’Europe en titre. L’issue : une mise à mort (5-0) et une deuxième rencontre consécutive bouclée avec cinq buts inscrits. Tout ça pose une équipe, un groupe, des types. C’est pourtant autre chose qui bluffe, alors que la bande à Diomède s’apprête à disputer jeudi la demi-finale de l’Euro de sa catégorie face à l’Italie, invaincue jusqu’ici et sortie en tête du groupe A devant le Portugal : ces Bleus ne font pas le spectacle à la finition, mais ailleurs. Une ode à l’architecture collective. Une preuve ? Contre les Anglais, peu avant la pause, Yéhvann Diouf, gardien vainqueur de la Gambardella avec Troyes au printemps dernier et aujourd’hui scotché dans le viseur de Tottenham, relance rapidement avec Boubacar Kamara, et le défenseur de l’OM décide alors de saisir l’instant pour faire plaisir à tous les amateurs de belles courbes : une ouverture délicieuse pour Moussa Diaby, Myziane Maolida à l’arrivée, but. La séquence est devenue en quelques heures un must et un argument.
L’ouverture à la David Beckham est signée: Boubakar Kamara.Encore un match de haut niveau pour le marseillais! ?⚪️#TeamOMpic.twitter.com/YU2ydMSIhd
— Vincenzo Tommasi (@Vincent1393) 23 juillet 2018
Le message à Garcia
Un argument pour qui, pour quoi ? Pour Rudi Garcia, d’abord, qui aura passé l’ensemble de la saison dernière à tenir une ligne : à ses yeux, Kamara est un six et c’est ainsi qu’il deviendra grand. Le coach marseillais l’a une première fois affirmé à l’été 2017 : « Je le vois en n°6. Je lui en ai parlé. Je pense qu’il peut faire un meilleur milieu que défenseur central ou latéral. Il est bon techniquement, a le sens de l’anticipation, il peut casser des lignes, porter le ballon… Peut-être aussi que son déficit de vitesse se verra beaucoup moins à ce poste que derrière. » Et c’est ainsi qu’il l’aura utilisé, avant de le faire finalement reculer en fin de saison. Pour le meilleur, bien souvent, et pour le bonheur de l’ancien directeur de formation de l’OM, Thomas Fernandez, qui n’avait pas hésité à affirmer qu’il ne retournerait au stade que lorsque Kamara jouerait défenseur central. Ce qu’on a vu en Finlande depuis le début de l’Euro U19 : un gosse installé dans l’axe, aux côtés de Malang Sarr, qui n’a peur de rien, qui sent les coups, qui en met et qui purifie la relance (il suffit de voir sa prestation face à la Turquie pour ne plus le lâcher des yeux). Tout d’un message, là aussi.
Et maintenant ?
Voilà ce que va donc récupérer Garcia à la reprise : un gamin dont la carrière démarre à l’allure d’un hors-bord, tactiquement mature, et qui va définitivement bousculer ses plans. Il est devenu difficile de le cacher, et Kamara apparaît aujourd’hui comme la troisième carte défensive derrière Adil Rami et Duje Ćaleta-Car, débarqué il y a quelques jours à la Commanderie. Soit à proximité de l’appartement que partage Boubacar Kamara avec sa mère, Kathy, femme qui faisait partie des plus de 300 Yankees qui avaient assigné l’OM en justice il y a deux ans au sujet de la commercialisation des abonnements. Lui ne l’a jamais caché : il est né avec l’OM, presque pour l’OM, qu’il a rejoint il y a maintenant treize piges, et c’est là qu’il veut exploser un peu plus d’un an après avoir signé un premier contrat professionnel, grâce au gros boulot de persuasion de Diomède et Zubizarreta, qui le lie au club jusqu’en 2020. Son heure arrive, cet Euro le prouve et confirme les nombreuses louanges balancées lors des derniers mois par ses coéquipiers, Grégory Sertic en tête : « Il s’intègre tout seul, il parle beaucoup, tout en étant discret. Je trouve qu’il s’épanouit sur le terrain, ça va être un très bon et un très grand joueur, je pense. J’espère qu’il restera très longtemps à l’OM. » Où son rôle devrait rapidement évoluer, au risque de voir un néo-bonbon marseillais s’ouvrir ailleurs : peut-être l’un des plus beaux d’entre eux.
Par Maxime Brigand