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Bouba Kamara, le paysagiste de l’OM
Joueur de champ le plus utilisé par André Villas-Boas cette saison, Boubacar Kamara est l’un des seuls éléments marseillais au niveau en Ligue des champions. Ce match face à Manchester City peut définitivement tamponner son laissez-passer vers l’autre monde et confirmer son statut de paysagiste de l'OM.
Boubacar Kamara n’a probablement jamais eu de bêche entre les doigts, ni tenu le moindre sarcloir. Le milieu de terrain de l’OM a pourtant l’image d’un paysagiste, d’un mec qui adore débroussailler et sait choisir par automatisme, comme l’explique très bien cette semaine le maître Louis Benech dans Libération, « la mauvaise herbe plutôt que la bonne à arracher ». C’est d’ailleurs ce qu’a toujours adoré chez lui son entraîneur, André Villas-Boas, qui estimait en décembre 2019 que son joueur pouvait devenir « l’un des meilleurs centraux du monde » avant de le stabiliser progressivement au poste de sentinelle. Vendredi, à Nîmes, c’est évidemment dans ce rôle que l’on a retrouvé Kamara et que le gamin de la Soude a joué avec ses outils, livrant au passage son match le plus complet de la saison après avoir déjà brillé comme un astre aux côtés de Valentin Rongier face à Nantes.
Depuis que le jeune Marseillais a débarqué dans le monde pro, on a souvent dit qu’il était doué, capable de faire jouer les autres comme s’il distribuait les cartes avant un poker et qu’il pouvait résister à n’importe quel choc. Ce qui est scotchant est ailleurs : à 21 ans, Boubacar Kamara n’a plus rien d’un petit ourson, mais est aujourd’hui le poumon de l’OM. C’est d’ailleurs lui qui est venu se mouiller face à la presse il y a une semaine afin d’évoquer la campagne européenne interminable de son club : « Il faut se le dire, on a fait de la merde. Mais c’est aussi une source de motivation, car il faut gagner et avoir de l’amour-propre. Il faut tout donner et se qualifier pour la Ligue Europa. » Derrière, l’OM a arraché trois points face à l’Olympiakos et s’est ouvert la porte d’un petit espoir qu’il faudra assumer mercredi soir, sur la pelouse de Manchester City. Un gazon où Kamara, l’un des rares joueurs marseillais au niveau cette saison en C1, peut aussi venir tamponner autre chose : son laissez-passer vers l’autre monde.
Fin d’apprentissage
Interrogé il y a quelques jours, Villas-Boas a en effet laissé entendre qu’il était bientôt l’heure pour Bouba de basculer : « C’est un joueur de 21 ans avec un grand futur dans le foot européen. Je ne l’espère pas, mais le moment arrive où Bouba a des gros clubs européens sur lui, de grands championnats… » Notamment la Premier League, où Kamara, dont le contrat avec l’OM court jusqu’en juin 2022, attire l’œil depuis plusieurs mois. Son début de saison va d’ailleurs dans le sens d’un envol : joueur de champ le plus utilisé par André Villas-Boas, le Français rayonne par sa capacité à tout bien faire dans son rôle d’essuie-glace. Aux Costières ce week-end, Boubacar Kamara a de nouveau joué du râteau (neuf ballons récupérés, huit interceptions, quatre tacles réussis) et n’a pas hésité à sortir les ciseaux pour piloter avec personnalité le losange de l’OM (92 ballons touchés, cinq dribbles réussis, deux passes-clés, deux tirs, plus de 70% de passes vers l’avant…).
De sa position, Kamara peut déclencher en jouant long (7 passes réussies sur 8 tentées dans ce registre à Nîmes)…
… et sait aussi casser le milieu adverse comme ici vers Cuisance.
Face à Nantes, une semaine plus tôt, il a aussi été brillant et a notamment été décisif sur l’ouverture du score en récupérant un ballon ensuite envoyé en profondeur par Rongier vers Thauvin. Kamara réussit surtout à n’exposer que rarement les centraux marseillais avec des un un-contre-un. S’il aimerait davantage briller à son poste de formation un cran plus bas, l’international espoirs donne surtout raison à un Rudi Garcia qui a toujours vu en lui un « très bon milieu de terrain ». Voilà ce qu’en disait à l’époque le coach de l’OL : « Il a toutes les caractéristiques du poste : il sent bien le jeu, il est puissant, il est bon de la tête (il a gagné en moyenne plus de duels aériens que Steven Nzonzi cette saison, N.D.L.R.), il est à l’aise techniquement, il a le sens de l’anticipation, il est capable de porter le ballon et de casser des lignes… En plus, son déficit de vitesse se verra beaucoup moins à ce poste-là que derrière. » Mûr tactiquement, Boubacar Kamara est aujourd’hui à point pour quitter le nid et vit certainement ses dernières semaines ou ses derniers mois sous le maillot de l’OM. L’apprentissage est pour de bon terminé.
Par Maxime Brigand