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Boštjan Cesar : « Jouer à l’OM a été une fierté indescriptible »

Propos recueillis par Adel Bentaha
Boštjan Cesar : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Jouer à l’OM a été une fierté indescriptible<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Ancien joueur de l’Olympique de Marseille et de Grenoble, Boštjan Cesar (38 ans) revient sur son parcours dans l’Hexagone. Visage marquant de la Ligue 1 de la fin des années 2000, l’actuel sélectionneur des moins de 19 ans de la Slovénie nous fait part de son attachement pour ses anciens clubs, entre la Canebière et l’Isère.

Comment se déroulent vos premiers pas comme entraîneur ?C’est assez particulier, dans le bons sens du terme, d’être de l’autre côté du terrain. Désormais, c’est moi qui vais donner les consignes et je suis très impatient. J’ai travaillé dur pour obtenir mes diplômes auprès de l’UEFA, donc c’est vraiment un soulagement. À mon sens, le message passe mieux chez les jeunes et il est plus facile de leur inculquer ses idées et ses méthodes. Nous sommes un peu les garants de leur réussite, car nous les lançons dans le bain professionnel.

Il faut souligner le rôle de Josip Skoblar dans mon transfert. Son statut de légende a permis d’avoir un intermédiaire entre le président Zdravko Mamić et l’OM.

Avant de devenir coach, la France vous a découvert en tant que joueur à l’OM en 2005. Pouvez-vous nous raconter votre arrivée ?Je jouais pour le Dinamo Zagreb, et ma dernière saison a vraiment été excellente. J’ai reçu plusieurs offres, notamment des Rangers et du Celtic. Je n’arrivais pas à me décider, j’avais un problème de riche. Un jour, je reçois un appel de l’Olympique de Marseille. Ils cherchaient un défenseur « solide » . Coïncidence, cet été-là, la ligue croate avait organisé un match entre une équipe all stars du championnat et le Bayern Munich. Après la rencontre, j’ai donc échangé avec José Anigo. Nous avons discuté, et le lendemain, j’ai donné mon accord pour signer. Il faut aussi souligner le rôle de Josip Skoblar dans mon transfert. Son statut de légende a permis d’avoir un intermédiaire entre le président Zdravko Mamić et l’OM.

Que gardez-vous de votre premier match sous les couleurs marseillaises ?Pour commencer, avant d’arriver à Marseille, je me suis préparé psychologiquement. Je connaissais bien évidemment le club, dont Marcel Desailly qui était l’un de mes joueurs préférés. Jouer à l’OM a été une fierté indescriptible. Pour mon premier match en Ligue 1, on jouait au Vélodrome contre Troyes, c’était le bordel en tribunes ! Nous avons gagné, mais je me suis gravement blessé à la cheville. (Rires.) Je ne l’ai dit à personne, car je ne voulais pas sortir du onze. Après la rencontre, la douleur devenait insoutenable, et j’ai dû être pris en charge par les médecins du club. Ça a mis un coup d’arrêt à mes objectifs.

À votre arrivée, Milenko Ačimovič brillait également en Ligue 1, au LOSC. Vous avez discuté avec lui avant de rejoindre l’OM ?Oui, nous avons discuté. Milenko Ačimovič m’a énormément aidé lors de ma signature à l’OM. Je le côtoyais en sélection, et lui faisait de très belles choses à Lille. Il me parlait du niveau élevé de la Ligue 1, surtout durant cette décennie. Je lui ai donc demandé conseil avant mon arrivée en France et il m’a conforté dans mon choix de signer à Marseille.

Sur le terrain, il fallait communiquer, et pratiquement personne ne parlait anglais. Hormis Fabien Barthez, Taye Taïwo et Lorik Cana, c’était le désert.

Au club, il y avait Lorik Cana, également originaire des Balkans. Sa présence vous a permis de vous intégrer plus facilement ?Lorik Cana a fait beaucoup de choses pour moi à Marseille. Lui qui est albanais comprenait tout à fait mes difficultés et m’a facilité la tâche. Il faut dire qu’en tant que défenseur, les premiers mois ont été compliqués sur le plan linguistique. Sur le terrain, il fallait communiquer, et pratiquement personne ne parlait anglais. Hormis Fabien Barthez, Taye Taïwo et Lorik Cana, c’était le désert. (Rires.)

Vous avez connu plusieurs entraîneurs à l’OM. Lequel reste pour vous le plus marquant ?Jean Fernandez a vraiment été essentiel pour moi. C’est lui qui a décidé de me recruter, et rien que pour ça, je me devais de me donner à fond. Lorsque tu as la confiance du coach, tu as fait la majeure partie du travail. J’ai joué énormément de rencontres sous sa direction. Malheureusement, après la cheville, j’ai eu une autre grosse blessure : une fracture du crâne face à Metz. J’avais la tête en miettes et je ne me souviens quasiment de rien. Sportivement, ça a complètement achevé mon passage à Marseille.

Vous aviez une génération talentueuse, surtout en attaque.Quand tu as des joueurs comme Franck Ribéry ou Mamadou Niang, mentalement c’est beaucoup plus facile. Franchement, j’ai pris énormément de plaisir à voir tous ces mecs jouer et nous donner tant de spectacle. Ribéry était largement au-dessus des autres. Personne ne l’attendait et il a réalisé une Coupe du monde magnifique en 2006 ! Nous en avons beaucoup discuté d’ailleurs, il avait des étoiles dans les yeux. Il y avait aussi Wilson Oruma au milieu de terrain, qui est l’un des meilleurs joueurs que j’ai pu côtoyer. Une bête physique et un excellent relanceur.

Éric Gerets est arrivé entre-temps et je n’entrais plus dans ses plans. Je n’ai eu aucune explication mis à part les fameux « choix du coach ».

À la suite de ces blessures, vous êtes prêté à West Bromwich en Championship. Vous réalisez une bonne saison, mais à votre retour, l’OM ne souhaite cependant pas vous conserver.C’était très compliqué pour moi à mon retour de prêt. Éric Gerets est arrivé entre-temps, et je n’entrais plus dans ses plans. Je n’ai eu aucune explication mis à part les fameux « choix du coach ». Heureusement, les dirigeants compatissaient. J’ai clairement fait savoir à José Anigo que je voulais partir. Lui, il essayait de me convaincre de rester. J’ai alors négocié avec le club pour jouer avec la CFA le week-end, ce qui m’a permis de tenir durant ces six mois. Je dois également énormément beaucoup au sélectionneur de l’époque (Matjaž Kek, NDLR) qui me maintenait sa confiance et continuait de me convoquer.

Finalement, c’est Grenoble qui vous donne l’opportunité de vous relancer.Grenoble m’a sollicité au mois de janvier 2009. Monsieur Mécha Baždarević était l’entraîneur et il a pris contact avec moi pour me faire signer. Un peu avant de les rejoindre, j’ai également pu échanger avec Milivoje Vitakić qui jouait là-bas et qui m’a également dit beaucoup de bien sur le GF38. Il y avait un joli groupe de joueurs serbes au club, c’était super ! Par la suite, j’ai tissé une excellente relation avec Sandy Paillot, mon copain de charnière. Parmi les cadres, je me souviens surtout de Laurent Batlles, le grand frère de l’équipe. Il nous encadrait comme il fallait. Et puis, on avait beaucoup de talents, il ne faut pas l’oublier. Il y avait évidemment Sofiane Feghouli, qui faisait ses débuts, ainsi qu’Alaixys Romao. Lui, il était vraiment fort.

À Grenoble, le propriétaire japonais de l’époque ne s’impliquait plus autant dans l’équipe. Les investissements se faisaient de plus en plus rares.

La première saison se déroule plutôt bien avec un maintien en Ligue 1, mais un an plus tard, vous êtes relégués. La marche était trop haute ?La deuxième saison, c’est souvent celle de la confirmation et c’est toujours plus compliqué. On se donnait à fond, mais on sentait qu’on était à bout de souffle. Le propriétaire japonais de l’époque (Kazutoshi Watanabe, NDLR) ne s’impliquait plus autant dans l’équipe. Les investissements se faisaient de plus en plus rares, on le sentait, et l’engouement autour de l’équipe s’estompait. Nous avons enchaîné quatre ou cinq défaites de suite, et à partir de là, c’était plié. Je ne garde cependant que le positif du GF38. C’était vraiment un tout petit club, mais avec une organisation très minutieuse.

Durant cette période grenobloise, vous décrochez également une qualification pour le Mondial 2010 avec la Slovénie. Pouvez-vous nous raconter ces matchs de barrage face à la Russie ?Nous avons joué le match aller à Moscou. Ils dominaient et ont fini par mener 2-0. Juste avant le coup de sifflet final, on réduit la marque. Malheureusement pour eux, ils nous ont pris de haut et n’auraient jamais dû. (Rires.) Je me souviens qu’on inscrit le premier but et qu’on défend comme jamais. Je garderai toute ma vie en mémoire la rencontre de Samir Handanović, il nous a sauvés du début à la fin. Je pense que c’est cette rencontre qui l’a révélé aux yeux de beaucoup de monde.

Quels souvenirs gardez-vous de ce Mondial ? Vous échouez à un point d’une qualification pour les huitièmes de finale… Je vivais le plus beau moment de ma carrière, je n’aurais jamais cru arriver à ce niveau-là un jour. En revanche, l’élimination, c’était du gâchis : nous étions seconds lors de la deuxième journée, nous avions les cartes en main et une victoire contre les États-Unis nous permettait d’assurer la qualification. On menait 2-0 à la mi-temps et puis plus rien, le néant. Les Américains sont revenus au score 2-2 et nous sont passés devant au classement. Il fallait créer l’exploit face à l’Angleterre pour le dernier match, mais on s’incline. Une déception totale !

La réalité fait que la Slovénie reste un petit pays de seulement 2 millions d’habitants et que ça devient très difficile d’obtenir une reconnaissance internationale.

La Slovénie produit de nombreux talents sans pour autant parvenir à s’installer dans la durée. Comment l’expliquez-vous ?La Slovénie est une nation qui vit pour le football. Nous avons toujours eu d’excellents joueurs, depuis l’avènement de Zlatko Zahovič jusqu’à aujourd’hui et des joueurs comme Josip Iličić ou Andraž Šporar. En 2010, nous avons également vu des joueurs atteindre leur apogée comme Robert Koren ou Valter Birsa. Mais la réalité fait que nous restons un petit pays de seulement 2 millions d’habitants et que ça devient très difficile d’obtenir une reconnaissance internationale. Ce manque de visibilité est cruel, et on doit toujours travailler plus que les autres pour être considérés à notre juste valeur.

Vos gardiens de but sont pourtant parmi les meilleurs du monde. Quel regard portez-vous sur les performances d’Oblak ou Handanović ?J’ai évolué avec trois gardiens de but d’exception : Jan Oblak, Samir Handanović et Vid Belec. Ces trois-là jouent ou ont joué au plus haut niveau. Tel que je l’évoquais précédemment, lors du Mondial 2010, je pense que sans Handanović, nous n’aurions même pas vu le jour. Regardez ce qu’il fait à l’Inter encore aujourd’hui, c’est juste incroyable de garder autant de réflexes malgré le temps qui passe. De l’autre côté, vous avez Oblak qui est, à mon sens, le meilleur gardien du monde. Puissance, vitesse, agilité et détente, il a absolument tout. Ce qu’il réalise en Espagne et en sélection, c’est juste monstrueux. Pour certains, il n’est malheureusement « que » Slovène et cela ne pèse pas dans la balance. Mais pour les vrais suiveurs du football, ce monsieur est de loin au-dessus.

Les formateurs de votre pays s’attachent à ce poste de gardien ?Le parcours d’Handanović a énormément apporté à ce poste en Slovénie. Désormais, le rôle d’entraîneur des gardiens est pris très à cœur, et l’on s’attache à travailler dans ce secteur avec rigueur. Les plus grands clubs de Slovénie comme Maribor ou l’Olimpija travaillent ainsi énormément à la détection de nouveaux gardiens et collaborent souvent avec des préparateurs spécifiques.

La dernière étape de votre carrière fut en Italie, au Chievo Vérone où vous avez passé dix ans. Prenez-vous conscience de votre importance au sein de ce club ?Ce passage au Chievo a été un autre moment marquant de ma vie de footballeur. Les gens diront que c’est un petit club, mais pour moi, c’est immense. C’est assez drôle puisque le président (Luca Campedelli, NDLR) m’a toujours convaincu de rester. En 2011, après ma première saison, j’ai reçu une grosse offre de la Lazio. J’étais d’accord et je voulais partir, mais le président a refusé. Il m’a clairement dit non, et franchement, ça m’a un peu touché. J’ai fini par relativiser et me suis remis au travail. À partir de là, la direction me proposait une prolongation de contrat quasiment chaque année, et très vite, je me suis retrouvé à jouer plus de 200 matchs pour le Chievo. (Rires.) En plus, nous étions le meilleur club de Vérone. Le Hellas, considéré comme plus populaire, végétait en Serie B, et on a pris leur place.

J’ai disputé beaucoup de matchs chauds en Croatie, mais les PSG-OM, c’était abusé. Un vrai tremblement de terre.

Quels souvenirs retiendrez-vous de cette longue carrière, surtout en France ?Je retiens deux choses. D’abord avec la Slovénie : le coup de sifflet final de l’arbitre lors de notre barrage retour contre la Russie. J’ai encore le son dans ma tête et tellement de frissons ! Le deuxième : c’est mon premier et unique but avec l’OM (contre le Dinamo Bucarest, NDLR). Un moment fantastique. Ah oui, j’en ajoute un ! Nos victoires face au PSG. Je peux vous assurer que pour la première fois de ma vie, j’ai compris ce que voulait dire le mot « rivalité » . J’ai disputé beaucoup de matchs chauds en Croatie, mais là, c’était abusé. Un vrai tremblement de terre, on sentait le sol bouger avec des supporters qui mettaient le feu en tribunes. Exceptionnel !

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Propos recueillis par Adel Bentaha

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