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Bosnie, la longue marche

Par Nicolas Jucha
Bosnie, la longue marche

Dimanche 15 juin, au Maracanã de Rio, la Bosnie-Herzégovine va disputer son premier match de Coupe du monde contre l'Argentine de Léo Messi. Un moment historique qui trouve son origine un certain 30 novembre 1995, au sortir de la guerre de Yougoslavie…

C’était il y a même pas vingt ans. Le 30 novembre 1995, à Tirana, la Bosnie-Hérzégovine dispute le premier match officiel de son histoire, neuf jours à peine après la signature des accords de Dayton, lesquels prévoient la naissance de l’État bosnien le 14 décembre de la même année. C’est un match symbole plus qu’autre chose : une rencontre amicale en Albanie, avec pour tout effectif treize joueurs seulement. « Beaucoup d’entre nous n’avions pas été autorisés par nos clubs à aller en sélection, car ils avaient des matchs à jouer et la rencontre n’était pas calée dans le calendrier international » , se souvient Mehmed Baždarević, l’ancien joueur puis entraîneur de Sochaux. Parmi les présents, l’ancien Monégasque Muhamed Konjić, capitaine, entouré d’un aéropage de seconds couteaux qui n’honoreront jamais de seconde cape. Au final, une défaite 2-0, devant 3000 spectateurs, et une anecdote insolite : sans équipements, les joueurs achètent eux-mêmes leurs maillots, une heure seulement avant de prendre l’avion. « Cela traduit la difficulté de l’époque, expose Baždarević. Notre équipe était un champ de ruines. Il manquait toujours des choses. Les premiers rassemblements étaient difficiles. On se déplaçait en voiture, et on passait parfois à côté des champs de mines… »
Moins d’un an plus tard, en juillet 1996, la Fédération bosnienne est définitivement membre de la FIFA. Malgré un coup d’éclat en novembre – une victoire en amical à Sarajevo contre l’Italie, vice-championne du monde, grâce à des buts de Salihamidžić et Bolić -, les affaires marchent moyennement pour l’équipe de Baždarević, nommé capitaine. Au terme de la campagne de qualifications pour le Mondial 98, la Bosnie termine en effet quatrième de son groupe, derrière le Danemark, la Grèce et surtout la… Croatie. Car ironie du sort, les deux nouvelles nations, autrefois regroupées au sein de la Yougoslavie, sont tombées dans le même groupe. Le match les opposant, en octobre 96, se joue à Bologne, en Italie, pour éviter les troubles. Baždarević se souvient : « Le capitaine en face, c’était Zvonimir Boban. C’était bizarre. Lui, Prosinečki, Bokšić… Quand on a joué sept ou huit ans avec des joueurs et que d’un coup, on les retrouve comme adversaires, c’est difficile. » La Croatie, future demi-finaliste du Mondial français, s’impose 4-1. Mais d’une certaine manière, l’important est ailleurs. « On avait une mission surtout diplomatique. Gagner des matchs était important, bien sûr, mais il fallait surtout montrer que notre pays existait, rencontrer d’autres nations, gagner du respect pour la Bosnie. »
Durant les campagnes suivantes, la Bosnie peinera encore à jouer un rôle autre que figuratif. Souvent quatrièmes de leurs groupes, les Dragons attendent les qualifications pour le Mondial 2006 pour vraiment humer l’odeur d’une grande compétition, avec une troisième place de leur groupe derrière la Serbie et l’Espagne. En 2010 et en 2012, ils sont encore mieux : ils finissent en barrages. Mais restent du mauvais côté de la barrière, la faute chaque fois au Portugal de Cristiano Ronaldo. Au final, une montée en puissance lente, mais sérieuse, et cruciale. « Je ne pense pas qu’il y ait autre chose qui ait fait autant parler de la Bosnie que le football, dit Baždarević. Beaucoup de nos joueurs évoluaient à l’étranger, ce qui fait que nous étions de véritables diplomates pour notre pays. » Albinko Hasic, fondateur et rédacteur en chef de BHD Dragons, média anglophone dédié à la sélection bosnienne, opine du chef. « La qualification pour le Mondial brésilien a été fêtée dans les rues par des milliers de gens à travers le pays. Ces gens voient les footballeurs comme nos meilleurs diplomates, d’autant qu’en Bosnie, où il règne une grande corruption, les politiciens sont détestés. » À l’heure de se retourner, Mécha Baždarević mesure lui aussi le chemin parcouru : « Notre match en Albanie nous avait permis d’être reconnus. Aujourd’hui, notre qualification au Mondial nous permet de franchir une étape supplémentaire, la suivante : être connus. Alors tous ceux qui ont participé à cette construction, à ces premiers pas, doivent se sentir valorisés par ce match contre l’Argentine. »

« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »

Par Nicolas Jucha

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