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Bordeaux : vive la crise !

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Bordeaux : vive la crise !

Le jour d'après... Ça donne quoi une élimination qui fait mal en Coupe d'Europe ? Beaucoup de tourments, sans doute. Mais Bordeaux dispose d'atouts pour rebondir et se voit même offrir une bonne occasion de se réinventer. Un challenge magnifique pour Laurent Blanc. Saura-t-il le relever ?

D’abord rendre hommage à Laurent Blanc. Le “Président” partage avec un Didier Deschamps la classe rare de toujours affronter l’adversité en public, de faire front face aux critiques et d’assumer ses propres erreurs quand erreur il y a. Éluder leurs responsabilités en se plaignant de l’arbitrage, du terrain mouillé, ou en enfonçant leurs joueurs, très peu pour eux… Lorsqu’ils étaient joueurs, Lolo et La Dèche ne fuyaient jamais la presse, prenaient le temps de répondre et de s’expliquer même quand ils devaient prendre sur eux. Laurent Blanc a tout assumé en perso : la spirale négative actuelle de Bordeaux qui a pris un tour dramatique avec l’élimination d’hier soir. Paradoxalement, il est peut-être enfin devenu un vrai grand entraîneur hier soir, précisément. On le devient quand on subit un gros échec (c’est le cas) et un licenciement (ça lui arrivera)… Lolo Blanc est en train de choper le virus du métier de coach, lui qui a toujours affirmé qu’il ne ferait pas ce métier longtemps. Il n’y avait qu’à le voir sortir de sa réserve habituelle, hier soir, sur le bord du terrain, à sauter en l’air, serrer les poings sur le but de Marouane, se prendre la tête à deux mains sur les occasions manquées, pousser des gueulantes quand Wendel faisait un mauvais choix… Une bonne nouvelle pour le foot français, finalement ? Oui, et d’autant plus que Lolo Blanc est un compétiteur : intérieurement, il va commencer à ruminer les deux échecs subis face à ses deux meilleurs ennemis, Claude Puel… et Didier Deschamps ! C’est que l’OM est passé leader de la L1 en battant Sochaux 3-0, juste avant Bordeaux-OL. Le Blanc nouveau est en train de naître et ça risque d’être passionnant. Bordeaux n’est pas mort…

Une élimination prévisible

Alors, cette élimination ? Elle était quasi certaine à cause des circonstances particulières du match aller (score élevé 3-1, défaite malgré une domination globale sur Lyon, penalty sévère, etc.). Au vu de la compo d’équipe de l’OL, hier soir, avant le match, on ne pouvait plus trop se faire d’illusions avec un milieu hyper renforcé Gonalons-Toulalan-Kallström. Ajoutez la hargne (Cissokho) et les “petits gestes d’antijeu” (5 cartons jaunes lyonnais) et tout était rendu quasi impossible pour passer. Bordeaux a été vaillant mais pas assez armé pour ébranler la forteresse puélienne. C’est à l’aller que tout s’est joué. Restreindre l’analyse de cette élimination sur la base des deux manches aller-retour est un peu trop juste. L’explication du marasme bordelais tient en une explication plus globale énoncée par Laurent Blanc lui-même, pratiquement dès sa prise de fonction à l’été 2007 : Bordeaux n’a pas la même puissance économique que l’OM, l’OL, voire Paris. Lolo Blanc nous l’avait encore réaffirmé l’an passé, avant la saison de feu 2008-2009. Concrètement, ça veut dire quoi ? Tout simplement que l’effectif était limité, donc sans grande profondeur de banc et composé de pas mal de jeunes joueurs. Allons à l’essentiel, la charnière défensive : il aura suffi que Diarra et Planus (et Fernando, hier soir) manquent à l’appel pour que la défense, point fort girondin, prenne l’eau. Ciani et Sané, plutôt très satisfaisants jusque-là, ne pouvaient se voir confier les clefs de la défense. En face, Puel peut aligner Cris, Boumsong, Bodmer, voire faire reculer avec succès un Toulalan… A Rennes, samedi, Puel a pu aussi faire souffler presque tous ses cadres et gagner quand même.

Et puis il y a l’expérience de la Coupe d’Europe : même à 100 % et parfaitement à sa place, un Planus n’a pas encore l’étoffe d’un Cris, leader charismatique, craint et écouté par ses coéquipiers. Là encore, Lolo Blanc l’avait dit dimanche et répété hier soir : le parcours européen de Bordeaux était « imprévu » , quasi inespéré au vu de l’effectif réduit pour un calendrier démentiel. Car Bordeaux paye aussi la débauche d’énergie consentie depuis une saison et demie, et surtout cette saison de Coupe du Monde 2009-10 avec son timing hyper resserré : un championnat désarticulé (matchs en retard), une Coupe de la Ligue involontairement mal gérée (fallait-il la jouer à fond, et notamment en finale contre l’OM, juste avant l’aller à Gerland ?), une Équipe de France qui a retenu Gourcuff, Diarra et Carrasso dans des circonstances souvent dramatiques (Irlande, Espagne). Un peu too much pour un groupe bordelais très (trop ?) sollicité. Viennent ensuite les aléas classiques qui s’abattent sur le Numéro 1 national : la pression médiatique. Pour un club “feutré ” comme Bordeaux, ça n’a pas raté. Il fallait voir la surprise teintée d’énervement des Bordelais quand la presse voulait à tout prix leur faire avouer qu’il y avait “crise” à Bordeaux. Les Girondins n’étaient pas préparés à ça, ça se voyait. Voir un Chalmé d’abord rembarrer la presse en esquivant les questions délicates sur la mauvaise passe du club, puis avouer le malaise et faire état des ses propres insuffisances, c’était subir au quotidien, une pression jusqu’alors évitée. Or, c’est le lot quotidien des grandes équipes : parler, communiquer, se justifier, démentir, tout le temps, 24 sur 24…

Parasitages

Et puis il y a eu d’autres circonstances perturbatrices, révélatrices de l’impréparation bordelaise à la gestion générale du haut niveau. D’abord le dossier Équipe de France, et les sollicitations imbéciles de JP Escalettes en direction de Laurent Blanc. Une sale affaire qui a perturbé l’intéressé lui-même, mais aussi le groupe. Jean-Louis Triaud a même commis l’erreur d’autoriser son coach à entraîner les Bleus de façon intérimaire… Il aura fallu toute l’autorité de De Tavernost pour imposer le black-out total sur cette affaire. Ensuite, la gestion “bizarre” du prolongement contractuel ou non de Planus, un “historique” du club : les choses semblent s’arranger, mais elles auront beaucoup (trop) traîné. Enfin, le départ de Chamakh à Arsenal a fait mal. Non pas que Marouane quitte Bordeaux : c’était “acté” depuis longtemps. Non, c’est que le club ne récupèrera aucune indemnité de transfert (fin de contrat, donc libre), mais seulement une indemnité de formation… Le genre de mauvaise opération que Aulas s’est presque toujours évité. Et puis, il ne faut pas se le cacher : avec le titre de champion de France 2008-09 et le très bon parcours européen, Bordeaux s’est “exposé”… Ça veut dire qu’à l’heure actuelle, quelques joueurs très en vue ont dû faire l’objet de sollicitions intéressantes. Pas de noms, juste quelques rumeurs. On en saura plus d’ici la fin de la saison…

Tout ça pour dire l’importance d’un événement passé un peu inaperçu : “l’entrevue secrète” du Bristol il y a quinze jours. Aulas, Leproux, Dassier et Nicolas De Tavernost sont passés à l’action en “mettant en demeure” la LFP de Thiriez de prendre en compte deux revendications majeures : une L1 à 18 clubs et une répartition des droits TV plus réorientée en faveur des “grands clubs”. La présence du président des Girondins ne pouvait pas tomber mieux, au moment où son club est à la croisée des chemins : rester un bon club français ou devenir un grand club européen. Un défi que la situation actuelle du club et du foot français en général révèle pour le moment insurmontable. L’avenir du FCGB passe aussi par la réforme des structures économico-légales du foot français : comment salarier et garder les meilleurs éléments ? Là aussi Laurent Blanc avait mis l’accent sur cet écueil du foot national dès sa prise de fonction… Et on ne parle même pas des retards du projet de nouveau stade, acte fondateur du renouveau girondin !

Restent le jeu et les joueurs

Revenons au présent, avec la suite du championnat puisque c’est l’ultime compète qu’il reste à jouer. On en est où ? Dans l’exagération, toujours… Autant, on s’est enflammé sur le jeu “extraordinaire” de Bordeaux quand tout allait bien, alors qu’en fait le jeu était juste bon, parfois très bon, mais surtout redoutablement efficace. Autant, ces derniers temps on a mis Bordeaux plus bas que terre alors que le contenu des matchs était encore de très bonne qualité. Les deux matchs contre Lyon, et même la défaite contre Nancy ont offert leur lot de vraies occases et de bonne maîtrise collective générale. On rappelle que si le match d’hier soir Bordeaux-Lyon avait été un match de championnat, Bordeaux aurait empoché les trois points de la victoire et enfoncé un cador de L1… Et puis depuis fin novembre, Bordeaux n’a perdu que trois fois en championnat et dans des circonstances particulières (4-2 à Rennes, mais surtout 2-1 à dom face à Auxerre et Nancy avec la C1 en ligne de mire). Alors, pas de catastrophisme. Bordeaux peut encore conserver son titre. Les Girondins ont toujours deux matchs en retard et un calendrier pas trop défavorable (avec un Bordeaux-OL, le 17 avril !). Une fois de plus, sur la base de son jeu encore solide, Bordeaux a les moyens de reconquérir sa place de leader. L’OM tire la langue et l’OL va se concentrer sur la Coupe d’Europe.

Restent plusieurs inconnues… Les blessés, d’abord. Quid de la durée d’indisponibilité des Diarra et Fernando, de l’état réel de Chalmé et Planus, plus que diminués ? Outre le fait qu’on ait insisté sur le manque de banc de Bordeaux, il faut aussi insister sur l’apport plutôt décevant des remplaçants (Cavenaghi, Bellion, Gouffran, Jussiê, Henrique, etc.). Ce sont aussi eux qui avaient contribué au succès en championnat l’an passé… Ce n’est pas le cas cette année. Lolo Blanc coupable de ne pas les avoir plus “impliqués” ? Pas impossible… Mais décevants à ce point, on s’interroge aussi. Et puis il y a cette inefficacité offensive. Ici se pose, entre autres, l’hypertrophie des coups de pied arrêtés dans le jeu bordelais. On l’annonçait en début de saison européenne, ces phases de jeu sont à double tranchant : si elles ont généré beaucoup de buts, elles ont aussi stéréotypé le jeu d’attaque des Girondins. Il n’y avait qu’à voir l’énorme frisson qui parcourt toujours les travées de Chaban à chaque coup-franc indirect de Wendel ou chaque corner de Gourcuff… Sauf qu’en face, hier soir, il y a avait Cris et Boumsong et qu’ils n’ont jamais été battus dans le jeu aérien. Sauf une fois… mais Super Lloris était là, ruinant une bonne fois pour toutes la croyance aveugle que toute victoire bordelaise ne s’acquiert que sur coup-francs indirects et corners. A ce propos, le départ de Chamakh est une très bonne chose : Bordeaux va devoir se réinventer. Élaborer d’autres façons de marquer et de porter le danger devant le but adverse, et non plus que miser sur le meilleur joueur de tête du monde. Même s’il est vrai que Bordeaux sait aussi marquer en jouant à terre, en tirant de loin ou en combinant de près…

Bordeaux n’est pas mort.

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