- Ligue 1
- J37
- Bordeaux-Lorient (0-0)
Bordeaux, Une soirée en enfer
Dernier depuis le week-end dernier et accroché à ses derniers espoirs de maintien par un fil devenu très ténu, Bordeaux a été incapable de prendre le meilleur sur Lorient, ce samedi soir (0-0). Un énième rendez-vous manqué au Matmut Atlantique, où a régné une ambiance délétère. Pourtant, la relégation des Girondins n’est pas encore officielle. Mais il faudrait être fou pour y croire vraiment, et l’ultime déplacement à Brest ressemblera surtout à la dernière étape d’un calvaire déjà bien trop long.
On ne trouvera pas meilleure image pour symboliser cette soirée. Le match entre Bordeaux et Lorient, disputé samedi soir, a été interrompu pendant une poignée de minutes en première période. La raison ? Les Ultramarines ont décidé de recouvrir la pelouse de rouleaux de papier toilette, jetés en très grand nombre depuis la tribune. Et pour donner du sens à cette initiative dispendieuse – rappelons tout de même que le cours du PQ s’est envolé ces dernières semaines -, les supporters ont déployé une banderole sans équivoque : « 89 buts encaissés, vous êtes à chier. » De but supplémentaire, les Girondins n’en ont pas encaissé face aux Merlus. Il s’agit d’ailleurs de leur seul et unique clean sheet de la saison à domicile. Mais il ne servira pas à grand-chose, au fond, car leurs attaquants sont restés muets et le score n’a jamais bougé (0-0). Monument du foot français, le club au scapulaire est plus que jamais proche d’une descente à l’étage inférieur. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas fait le nécessaire pour espérer s’en sortir.
Désolant sur le terrain, délétère dans les gradins
La donne était pourtant claire : lanterne rouge au coup d’envoi, le FCGB n’avait pas le choix. Il devait à tout prix battre son adversaire du soir pour se relancer et se rapprocher de la place de barragiste. Les hommes de David Guion n’ont toutefois jamais semblé être animés par un sentiment de révolte, par une force collective suffisamment puissante pour faire tourner la partie en leur faveur. Il y a bien eu quelques tentatives, de la part du remuant Sékou Mara en première période ou du toujours vaillant Hwang Ui-jo après la pause. Mais c’était trop peu, à l’évidence, et l’on notera qu’avec à peine davantage de réalisme sur ses temps forts, le FCL aurait pu donner à la soirée aquitaine une tournure encore plus cauchemardesque. On se demande alors de quelle manière aurait réagi le public du Matmut Atlantique. Tout au long de la saison, celui-ci a poussé derrière les siens. Contre vents et marées, malgré les enchaînements de résultats négatifs et pas mal de valises, les fidèles (et en premier lieu les ultras) ont toujours donné de la voix pour encourager leurs joueurs. C’était louable, et curieux à plusieurs égards. Sauf que samedi, l’ambiance était clairement plus hostile, de l’accueil houleux du bus des Marine et Blanc jusqu’au craquage de divers fumigènes en fin de rencontre, sans oublier les banderoles déployées, ni l’épisode du papier toilette. Sur le terrain comme en gradins, la soirée a été sinistre en tous points. Et le cauchemar n’est pas tout à fait terminé.
Scénario improbable, espoirs interdits
Car les amoureux des Girondins vont en effet être condamnés à souffrir jusqu’au soir de la 38e et dernière journée. Ils ne sont pas mathématiquement relégués ? La belle affaire ! Avec trois points de retard et une différence de buts nettement défavorable par rapport à Metz, barragiste (-41 contre -29), ce n’est même plus un miracle que les coéquipiers de Rémi Oudin doivent espérer. En cas de victoire par un but d’écart à Brest, samedi prochain, ils ne pourront passer devant les Grenats que si ces derniers subissent un très improbable 11-0 (ou score d’une ampleur plus importante) au Parc des Princes. Sans oublier qu’il faudra également compter sur un revers de Saint-Étienne (19e) à Nantes. En bref, les supporters bordelais ne peuvent pas vraiment considérer que leur équipe est déjà assurée de descendre en Ligue 2. Mais ils ne peuvent pas non plus se faire d’illusion sur l’issue de cette saison. Pour eux aussi, cet exercice 2021-2022 aura été d’une incroyable rudesse.
Par Raphaël Brosse