- Europa League
- Groupe D
- Bordeaux/Bruges (4-0)
Bordeaux, retour gagnant
Les Girondins ont plié leur match en moins de trente minutes. Entreprenants, victorieux et ultra-réalistes, les Marine et Blanc ont déroulé. Un match presque trop facile, mais qui fait du bien.
Bordeaux – F.C. Bruges : 4-0. Buts : Sané (13e), Gouffran (27e), Engels (47e, c.s.c) et Jussiê (66e) pour Bordeaux.
« Si l’on passe, ça peut nous booster pour le reste de l’année. » Cédric Carrasso, peu avant le barrage retour remporté face à l’Étoile rouge de Belgrade. Voilà, la vraie, la grande Europe est enfin de retour dans le Port de la Lune. Le gardien aquitain ne s’y est pas trompé : « Pas d’Europe, c’est un manque ; Bordeaux a une histoire qui est importante et il faut remettre tout ça en route, car cette C3, c’est notre objectif. » C’est donc chose faite. Juste récompense pour des types qui sont passés du statut de relégables potentiels à celui d’européens ravis. Retour des choses évident, même, pour ceux qui ont « beaucoup donné l’année dernière pour faire cette compète » .
Bordeaux à l’attaque
Ben, ce jeudi, fallait donc pas trembler au moment de raconter quelques histoires belges à des visiteurs du F.C. Bruges bien soucieux de gratter quelques points en Gironde. De laver l’affront d’une élimination subie ici-même en 2004, également. Mais Bruges, ce n’est pas seulement le nom d’une bourgade bordelaise attenante. Non, le F.C.B. – aussi appelé Club Brugge dans les Flandres – c’est un adversaire dont on se méfie à Chaban-Delmas. « Bruges est invaincu depuis le début du championnat, un peu comme nous… Ils sont classés 1er devant Anderlecht (et Waregem, 2nd), on les prend très au sérieux, expliquait Francis Gillot, il y a quelques heures. Évidemment, c’est un gros morceau, ils ont des qualités, et quatre points d’avance en championnat. » Et il fallait composer avec les absences de Ben Khalfallah, Obraniak, Nguemo (blessés) et Maurice-Belay (suspendu). En face, la même en couleur : sept absents. « 4-4-2 » mode losange pour les locaux et « 4-4-2 » modulable pour les visiteurs. Les CRS sont de sortie, la bière aussi, dans le camp d’en face. Les tribunes sonnent creux. On a compté : deux banderoles et quarante-huit drapeaux. Ou drapillons, plus exactement. 20 000 places vides, aussi.
Bordeaux joue haut d’emblée, comme pour imposer sa stratégie d’attaque. Et Plašil, servi aux avant-postes, crochète pour tirer au sol. Bon, c’est trop mou et Jorgačević rigole (3e). Mais c’est prometteur. Mariano centre de la droite, Diabaté place une tête qui passe de peu à côté (7e). Puis ça enchaîne : Plašil tire un corner pour une nouvelle tête de Diabaté, à bout portant, mais Jorgačević repousse sur sa ligne (10e). Henrique et Sané reprennent d’un pied commun, et ça passe au-dessus (10e). Bon, franchement, ça chauffe pour les Belges. Mariano s’échappe, lance Gouffran sur l’aile droite, frappe au sol ; Jorgačević repousse du pied (12e). Corner. Plašil le tape et Sané aux 5,50 mètres envoie un frontal… repoussé. Mais le ballon lui revient et il ajuste le portier serbe (13e). Voilà, ça fait 1-0. Logique.
Les toupies de Diabaté
Sinon, Carrasso joue en rose. Il faut le préciser, car il n’a manifestement pas voix au chapitre. 19e minute, c’est la première réelle incursion des hommes de Georges Leekens dans les trente derniers mètres bordelais. Résultat, un corner. Le temps passe et il profite aux Marine et Blanc. Gouffran de la tête pour celle de Diabaté, juste devant la cage. Et c’est… à côté (25e) ! À ce stade-là, c’est du sabotage. Mais ce n’est que partie remise, puisque le grand Malien, en tombant, prolonge intelligemment pour Gouffran, seul devant le but déserté… Ben quoi ? But, évidemment (27e). 2-0. Les Noir et Bleu – en jaune fluo, ce soir – ont visiblement loupé l’heure du réveil, après la sieste. Mariano, pour un classique de centre, et c’est Gouffran qui s’élève ; problème, sa tête passe au-dessus (32e). C’est trop facile, là. C’en est même louche. Corruption ? Drogue ? Lexomil dans le jus d’orange ? Non. De l’envie et de l’initiative pour des Bleus soucieux de ne pas manquer leur retour en C3. Diabaté, encore, gratifie l’assistance de ses « toupies maliennes » . Les jardiniers râlent, l’arrosage intégré en a pris un coup.
« Il ne faut pas faire que courir, il faut essayer d’être malin. » Jaroslav Plašil avait vu juste la veille, en conférence de presse. Et dès l’entame du deuxième acte, Trémoulinas donnait du sens à la phrase, en déboulant sur la gauche ; son centre, repris de la tête par Gouffran, échouait sur le pied de Engels, tout juste entré. Autogoal et bon coaching de la part de Leekens (47e). 3-0. Si les débats se calment un peu, Mohamed Tchité croit en la rédemption. Mais son tir, largement au-dessus (64e), rappelle les plus belles heures de Camille Lopez, demi d’ouverture de l’Union Bordeaux-Bègles, en rugby. Bilan : trois commotions cérébrales en tribunes. Et deux minutes plus tard, Saivet a la bonne idée de centrer pour Jussiê, dont la tête imparable vient se loger sous la barre transversale visiteuse (66e). 4-0. La messe est dite. Bon, ok, depuis longtemps. Mais pour la confiance, c’est bien. Planus, sur coup franc puissant (68e), veut marquer, tout comme Sertic, des trente mètres (73e) ; dans les deux cas, c’est non. À côté, et sur Jorgačević. Bordeaux gère désormais tranquillement et Lestienne pulvérise le montant gauche de Carrasso, pour donner le change (90+2). Mais c’est terminé et les Girondins se retrouvent premiers de leur groupe. Pas mal pour un retour.
Bordeaux : Carrasso – Mariano, Henrique, Planus, Trémoulinas (Marange, 67e) – L. Sané, Plašil (cap), Saivet (H. Sacko, 75e), Jussiê – Diabaté, Gouffran (Sertic, 61e).
F.C. Brugge :Jorgačević – Hoefkens (cap), Almebäck, Jordi, Hogli (Lestienne, 73e) – Jorgensen, Blondel (Odjidja, 74e), Vasquez, Van Acker (Engels, 46e) – Tchité, Bacca.
Par Laurent Brun, à Bordeaux