- France
- Bordeaux
Bordeaux-Petković : autopsie d’un fiasco
Sans surprise, Vladimir Petković n'est plus l'entraîneur des Girondins de Bordeaux après la nouvelle claque reçue dimanche à Reims (5-0). Incapable d'insuffler un état d'esprit conquérant à un effectif amorphe, le Suisse a failli dans les grandes largeurs, laissant les Girondins en position de relégable. Mais pas sûr qu'il soit l'unique responsable.
Ce lundi, Vladimir Petković et Antonio Manicone, son adjoint, ont été mis à pied par les Girondins de Bordeaux. Comme cela avait déjà été le cas pour Laurent Koscielny en janvier, la nouvelle est tombée par voie de presse, sans aucune communication officielle de la part du club. Un détail administratif dont les supporters girondins se fichent bien, tant ils souhaitaient le départ de l’entraîneur suisse. Il aura fallu une nouvelle claque, reçue cette fois à Reims (5-0), pour que le boardgirondin se décide enfin à se séparer de l’ancien sélectionneur de la Nati. Au rayon des reproches faits à Petko, rien de très original : il suffit de se pencher sur le classement. Après 23 journées, les Girondins sont 19es avec seulement 4 victoires, ont encaissé 58 buts et n’ont signé aucun clean sheet. En 2022, l’équipe a pris la bagatelle de 18 buts en 5 rencontres, perdu son invincibilité à domicile face à l’OM, et a été la victime passive d’actes de barbarie subis à Rennes (6-0) et donc à Reims dimanche dernier. Un cauchemar qui a poussé les Ultramarines à réclamer officiellement la tête de Petković pour la première fois, au retour de leur voyage en Champagne. « On a atteint un point de non-retour, confie simplement Florian Brunet, porte-parole du groupe de supporters. Même en tentant de régler les problèmes de leadership du groupe (mise à pied de Koscielny) et en recrutant, le coach n’y arrivait toujours pas. Il fallait activer ce levier, puisque c’était le dernier. » Recruté entre autres grâce à sa réputation de fin psychologue, le moins que l’on puisse dire est que Vladimir Petković n’a jamais réussi à inculquer l’esprit de la gagne à ses joueurs. Pire, l’équipe n’a jamais paru autant à la dérive, amorphe, se laissant saccager sans réactions par ses adversaires.
Admar Lopes omniprésent
Au-delà de ce fameux « problème de leadership », la qualité de l’effectif est en cause. Et notamment le recrutement effectué cet été. Et là, le technicien suisse n’y est pour rien. Mené par Admar Lopes, le directeur sportif arrivé dans les pas de Gérard Lopez, sans que Petković ne soit consulté, il s’est révélé catastrophique dans le secteur défensif. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Lopes a tenté de rattraper le coup cet hiver, en recrutant Marcelo, Ahmedhodžić, Guilavogui et Ignatenko, après avoir tenté d’attirer Phil Jones. Les raisons du refus de l’international anglais de déménager en Gironde sont d’ailleurs révélatrices. Selon une information de L’Équipe, le stoppeur de Manchester United se serait vu signifier par Admar Lopes qu’il devrait se contenter d’un rôle de doublure de Marcelo, ce qui ne lui convenait pas. L’anecdote peut prêter à sourire, mais elle révèle deux choses : la première, c’est que le Portugais est plus qu’impliqué dans les compositions d’équipe. La seconde, c’est qu’il s’immisce également dans les considérations tactiques, en validant une défense à quatre qu’on pouvait penser remise en question avec les arrivées de deux nouveaux défenseurs axiaux. Une forme d’ingérence, qui ne porte pour l’instant pas ses fruits, avec laquelle le futur entraîneur devra probablement composer.
Le « monde différent » des Girondins
Dimanche dernier, Canal+ diffusait une interview de Yacine Adli. Le jeune milieu bordelais y racontait qu’après avoir assisté à une bagarre entre un entraîneur et un joueur lors de son premier entraînement aux Girondins en janvier 2019, il avait compris qu’après avoir grandi au PSG, « un club avec une grande exigence », il avait réalisé qu’il arrivait « dans un monde différent ». Un monde dans lequel trois ans après sa signature à Bordeaux, il va connaître son cinquième entraîneur. Et si le problème se trouvait ailleurs ?
Par Mathias Edwards
Propos de F. Brunet recueillis par ME