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Bordeaux : Gillot plus fort que La Fontaine
Il y a des saisons où l’on ne comprend rien : rien à la logique, rien au sport, rien à la fatalité. C’est comme ça, surtout à Bordeaux. Après pratiquement trois années de chaos, les Girondins ont retrouvé leur esprit, leur jeu, leur objectif et leur âme. Autopsie d’une belle fable.
Passée la morosité de la période Blanc-Tigana, l’ère Gillot est venue consacrer un travail de fond qui a fini par payer. Et c’est Saint-Étienne qui en a fait les frais, dimanche dernier à Geoffroy-Guichard. La victoire à l’arrachée des Aquitains (3-2) dans le Chaudron, a permis au peuple marine de retrouver l’espoir, et de le savourer. Terminer 5e, sur le fil, devant son concurrent, quand on a été trois fois relégable, c’est pas si mal ! Mais si, au Haillan, on ne s’y trompe pas, on ne s’enflamme pas pour autant. Ça aussi, c’est comme ça. C’est dans les mentalités, dans la culture. Parce que l’on sait que, dès le mois d’août, en barrage, il va falloir être hyper sérieux et batailler ferme pour venir à bout d’un adversaire continental dont le nom pourrait bien être des plus difficiles à prononcer. La qualif’ c’est une « chance » , mais « la situation économique reste la même » . Parole de dirigeant, dure réalité ! Explications.
« Ça fait deux années que Bordeaux n’avait pas progressé, faisait observer Marc Planus, avant la 35e journée. Mais même en partant aussi mal, on a vu un groupe évoluer en bien. Certains joueurs qui sont arrivés jouaient le maintien dans leur clubs lors des quatre ou cinq années précédentes, et se sont retrouvés à jouer pour une hypothétique place européenne… Bon, ceux-là, au moins, ils n’ont pas été traumatisés et ont amené autre chose, expliquait le défenseur central, avant d’approfondir. Notre effectif s’était appauvri, surtout en perdant des internationaux, mais on finira peut-être avec un bilan supérieur à celui de l’année dernière (7e, ndlr), tout en ayant fait des économies. On avait moins, et on a fait un peu mieux (sic), ce qui veut dire qu’on a progressé, tant tactiquement que techniquement, avec un recrutement judicieux. »
Le lièvre et la tortue
Et merci qui ? Merci Francis ! « Globalement, après un début de saison poussif et un classement très contrariant, on finit 5e, se réjouit modestement Jean-Louis Triaud. On a presque fait mentir (Jean de) La Fontaine avec son histoire de la bête qui court vite et celle qui rampe (sic)… Parce qu’on est 5e à la dernière journée, alors qu’on l’a été deux fois dans la saison ! Quelque part, c’est un exploit » , conclut le président. Mais Prez’, revenons-en à l’essentiel : J-Lo. « Il a cherché des solutions à nos problèmes et les a trouvées. On a bien travaillé avec la cellule recrutement du club qui a joué un rôle important, (…) et les arrivées ont bonifié, redonné confiance, et apporté un nouveau souffle aux garçons qui étaient chez nous. (…) Cet effectif a donc retrouvé son niveau au bon moment. »
Une aubaine qui ne doit quand même pas tout à la chance, et qui va permettre aux Bordelais d’aborder le prochain exercice dans les meilleures conditions. De se refaire une santé, également. « Ça faisait deux ans qu’on ne faisait rien, et il y avait beaucoup de frustration à regarder les autres jouer, à la télé » , concède J.L.T. Mais en finissant la course dans le peloton de tête, les Girondins sont parvenus à « tourner une page » , en mettant un terme à « dix-huit mois pénibles » . Et maintenant, ils regardent devant pour « retrouver un équilibre économique » . L’autre priorité, l’autre challenge bordelais des années à venir…
Par Laurent Brun, à Bordeaux