- Ligue 1
- 2e journée
- Bordeaux/Monaco (4-1)
Bordeaux explose Monaco
Après avoir été menés sur leur pelouse de Chaban-Delmas, les Girondins, plus entreprenants et plus réalistes en seconde période, ont fait sombrer un édifice monégasque jusque-là plutôt solide (4-1). Une victoire flamboyante et une belle opération séduction pour Willy Sagnol et ses joueurs.
Au bout de quarante-cinq minutes de jeu, Monaco menait au score et pensait bien avoir pris une option sur la victoire finale. Mais c’était sans compter sur un sursaut d’orgueil bordelais. Des Marine et Blanc qui explosent littéralement les compteurs, en inscrivant notamment trois buts en quinze minutes, après leur égalisation. Transcendés par une volonté de vaincre, un repositionnement tactique, un énorme volume de jeu et peut-être par une soufflante à l’allemande de Willy Sagnol dans le vestiaire, les partenaires de Lamine Sané laminent sans fioriture leurs vis-à-vis. Une histoire de penalties (parfois litigieux) transformés en sus, et ils plongent l’A.S.M. dans un véritable cauchemar.
Pression de débutant et impératif de victoire
« Il faut prendre des risques, aller vers l’avant et faire le jeu. » Tout un programme décliné en quelques mots, par un Willy Sagnol débutant au poste, mais motivé à souhait. Qui plus est après une première sortie victorieuse à Montpellier (1-0). Même si le club de la Paillade, au vu de sa prestation d’ensemble, ne méritait probablement pas pareille mésaventure, il faut le souligner… Mais « l’envie d’embêter » les ténors de Ligue 1 ou d’éviter de qualifier de « gros test » l’opposition du jour face au vice-champion de France, témoignent de la – nouvelle – ligne de conduite du coach aquitain et de celle de son collectif. Deutsche qualität ! Bayern über alles !, Diego Contento (titulaire) et rouleau kompressor style ! Soit tout pour l’offensive, selon un Sagnol fortement imprégné par près d’une décennie de Bundesliga.
En face, Leonardo Jardim, lui aussi débutant, mais dans l’Hexagone, n’en menait pas large après un premier revers concédé sur la pelouse de Louis-II, face à Lorient (1-2). « L’urgence est de gagner, car il n’existe pas de projet sans victoire » , clamait dans la semaine le successeur de Claudio Ranieri. Soit de la détermination là encore, pour une rencontre – déjà – placée sous le signe de la pression. La mauvaise ; pas celle qu’on sert en terrasse dans les monaco. Mais il fallait faire sans Isimat-Mirin et Martial (en instance de départ et non convoqués, le second étant même suivi de près par Bordeaux), ni Carvalho (suspendu) d’un côté, puis sans Jussiê, Saivet, Abdou Traoré, Poko et Pellenard (blessés), de l’autre. Les absents ont toujours tort, la preuve : Falcao sur le banc de touche, au départ. Mais parfois, c’est pareil pour les présents. La preuve : la passivité de la défense bordelaise sur le but de Berbatov…
La calvitie de Berbatov
Mais c’était parti pour le spectacle. Bon, il ne faut pas s’attendre à de l’ultra brillant, mais quand même. Du rythme, des offensives, de l’intensité dans la circulation de balle, et peu de temps morts de part et d’autre. Deux 4-4-2, aussi. Un Bordeaux-Monaco comme avant, ou presque. Bien en place défensivement, la charnière Sané-Pallois montre sa puissance athlétique, quand celle imaginée en attaque en fait autant sur les corners… défensifs ! Le duo Sala-Diabaté s’illustre donc plus dans sa propre surface de réparation que dans celle située à l’opposé…
Sinon, c’était un premier acte plaisant, comme on en redemande. Même si les occasions se font paradoxalement rares. Mais l’essentiel n’est peut-être pas là. Alors, c’est vrai, la frappe tendue de Lucas Ocampos, détournée par Cédric Carrasso (20e), rassure les 59 supporters monégasques présents au stade Lescure, quant aux intentions de leurs idoles. Quand le coup franc axial de Wabi Khazri détourné par Danijel Subašić rétablit également l’équilibre dans l’autre camp (24e)… Mais c’est sans compter sur la technique haut de gamme d’Ocampos et la redoutable efficacité de Berbatov (45e). L’homme à l’ancien physique d’Andy Garcia. L’homme à la calvitie victorieuse. Un Bulgare qui, par la sienne au second poteau, assène là un véritable coup de massue sur la tête des Marine et Blanc. Juste avant la pause…
Des pénos et des buts
La deuxième période part sur les mêmes bases. Mieux même, d’un certain point de vue, puisque dès la reprise, Diabaté en moins, Plašil en plus, et c’est un 4-2-3-1 encore plus offensif qui booste les Girondins. Bilan des courses : égalisation au bout de trois minutes de jeu, grâce à un but d’école : débordement et grand pont de Faubert sur l’aile droite, centre au second poteau et remise de la tête d’un Diego pour un autre : Contento pour Rolan, lequel pousse dans la cage (48e). Et comme pour imposer sa suprématie tactique, le bloc bordelais pousse fort, jusqu’à faire craquer une deuxième fois la défense des Rouge et Blanc. Percée de Khazri dans la surface, croche-pied d’Aymen Abdennour, péno, but de Sala (61e). 2-1. Puis coup franc côté droit de Grégory Sertic, déviation aux 5,50 mètres de Sané pour Rolan qui score malgré une position de hors-jeu (65e) : 3-1. Et une A.S.M. à l’agonie. Dur pour Jardim, dur pour Jérémy Toulalan, et encore plus pour tous leurs potes, quand Khazri est « fauché » par Subašić dans sa zone. Re-péno, et re-but à ras-de-terre, mais cette fois-ci inscrit par l’ancien Bastiais (75e). Malgré plusieurs changements de joueurs, dont l’entrée de Radamel Falcao (62e), le rendement monégasque n’évolue pas dans le bon sens. Un João Moutinho hors-service, une arrière-garde statique, en plus d’une furia locale, suffisent au bonheur des hommes de Sagnol.
Pour le premier match de leur dernière saison dans le vieux stade Chaban-Delmas, les 28 000 spectateurs massés dans les gradins de l’ancien Vélodrome n’ont pas pédalé dans la semoule. Sagnol, Plašil et Maurice-Belay ont fait du mal à leur ancien club. En attendant, les Girondins s’emparent de la première place du classement, quand Monaco concède sa deuxième défaite en huit jours…
Laurent Brun, à Chaban-Delmas