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Bordeaux : défense d’en rire
Défaits par Brest dimanche dernier (2-1), les Girondins de Bordeaux ont encaissé 32 buts depuis le début de la saison. C'est trop, beaucoup trop, pour espérer quoi que ce soit dans ce championnat.
Le week-end dernier, Bordeaux s’est incliné pour la sixième fois de la saison en championnat face au Stade brestois, à domicile (2-1). En 15 journées, les Girondins ne se sont imposés qu’à deux reprises, face à Saint-Étienne et Reims, n’ont pris que 13 points, soit un de plus que la lanterne rouge vêtue de vert, et, surtout, ont encaissé 32 buts (personne ne fait pire). Une perméabilité rédhibitoire. Pour mieux se rendre compte du désastre, rien ne vaut un coup d’œil dans le rétro, équipé de jumelles performantes. Il faut en effet remonter à la saison 1959-1960 pour retrouver un total plus affligeant. La saison dernière, pourtant peu glorieuse, les hommes de Jean-Louis Gasset avaient encaissé 17 buts au même stade de la compétition, comme lors des deux exercices précédents. Quinze de moins que cette saison, soit pile un de moins par rencontre.
Buts encaissés par Bordeaux après 15 journées de championnat
Une armée mexicaine en défense
Dans le même temps, l’équipe de Vladimir Petković a planté 22 fois, soit plus que Monaco ou l’OM du fantasque Jorge Sampaoli, et autant que l’OL de l’enfant du football total qu’est Peter Bosz. De quoi rendre dingue les joueurs offensifs des Girondins, dont les efforts sont réduits à néant par leurs collègues du secteur défensif. À l’image de Yacine Adli, au micro de Prime Video après la défaite face à Brest : « On savait que c’était un match important, on devait prendre les 3 points, mais on encaisse trop de buts. 32 buts en 15 matchs, c’est impossible de gagner dans ces conditions ! » Une colère rendue légitime par la manière dont Bordeaux encaisse ces wagons de buts. Il n’est ici pas souvent question de lacunes tactiques, ou de manque d’implication collective, mais bien d’erreurs individuelles, à l’image de l’égalisation brestoise, offerte sur un plateau par Ricardo Mangas, auteur d’une belle passe décisive pour Jérémy Le Douaron. Pour le dire poliment, c’est le niveau individuel des joueurs constituant le secteur défensif – on ne peut décemment pas parler de bloc – qui inquiète. Recrutés pour épauler Edson Mexer et Laurent Koscielny, 69 ans à eux deux, c’est le contingent de recrues débarquées cet été en Gironde qui est pointé du doigt. Pour la plupart prêtées et très peu référencées au niveau attendu, c’est peu dire qu’elles ne convainquent pas pour l’instant.
Côté gauche, le Portugais Ricardo Mangas, 23 ans, prêté par Boavista – autre club appartenant à Gérard Lopez – fait preuve d’entrain et de motivation, tout en multipliant bourdes défensives et placements aléatoires. Son concurrent, Gideon Mensah, Ghanéen de 23 ans également, n’est, de son propre aveu, vraiment à l’aise que dans un rôle de piston dans une défense à cinq. Petković privilégie pour l’instant un système à 4 défenseurs, dommage pour lui. Il est prêté par le RB Salzbourg, pour lequel il n’a jamais joué, multipliant les prêts depuis trois ans. À droite, Timothée Pembélé, l’espoir prêté par le PSG (19 ans), laisse entrevoir d’évidentes qualités de contre-attaquant, mais ses lacunes défensives coûtent cher. Il alterne avec Enock Kwateng, au club depuis 2019 et qui n’a jamais joué autant que cette saison. Aucun de ces deux joueurs n’approche le niveau de Youssouf Sabaly, parti au Betis cet été. Dans l’axe, enfin, l’international norvégien Stian Gregersen, 26 ans, semble tenir la route. Cela tombe bien, c’est le seul achat du club dans ce secteur. Petković compte aussi sur Abdeljalil Medioub. L’Algérien de 24 ans, recruté en 2019 pour renforcer la réserve, ne compte que 5 apparitions en L1 (une seule titularisation), toutes effectuées cette saison. Paul Baysse est quant à lui toujours en réathlétisation, à la suite d’une rupture des ligaments au genou gauche subie en mai dernier.
Admar Lopes s’excuse
Grand bâtisseur (quasiment sans moyens) de cette forteresse branlante, Admar Lopes confie dans chacun des portraits qui lui sont consacrés qu’il a passé une grande partie de son adolescence à jouer à Football Manager avec sa sœur Tatiana. Mais le nouveau directeur sportif de 37 ans commence à se rendre compte que la réalité du terrain est bien différente de celle du gamer qu’il a été. Et le mois de septembre, où il assurait à Sud Ouest que son mercato était « bon » semble bien loin. Aujourd’hui, le Portugais « s’excuse auprès des supporters. Les joueurs ne sont pas à la hauteur de l’histoire du club.(…)Chacun doit prendre ses responsabilités. » Mais en ont-ils les capacités ?
Par Mathias Edwards
Les statistiques de l'historique des buts encaissés sont fournies par l'excellent site Scapulaire.com