- Ligue 2
- J10
- Bordeaux-Laval (0-1)
Bordeaux, ça sent le bouchon
Considéré comme favori à la montée, Bordeaux pointe à une médiocre 13e place après dix journées de Ligue 2. David Guion a payé les frais de ce début de saison manqué en étant mis à pied ce samedi. Pas sûr, néanmoins, que cela suffise à régler tous les problèmes des Girondins.
C’était devenu inéluctable. Il était 17h48, samedi, quand Bordeaux a publié sur X un communiqué aussi bref qu’explicite : « La direction du FC Girondins de Bordeaux a notifié à l’issue du match à David Guion sa mise à pied à titre conservatoire. » Une petite heure plus tôt, les Marine et Blanc étaient défaits à domicile par Laval (0-1) au terme d’une prestation au moins aussi indigente que les précédentes. L’entraîneur de 56 ans n’a donc pas résisté au début de saison très décevant de ses troupes, qui occupent la treizième place du classement de la Ligue 2 après dix journées et n’ont pris que deux points lors des quatre derniers matchs. C’est forcément trop peu pour un club qui aspire à retrouver l’élite en fin de saison, et Gérard Lopez, qui a aligné 40 millions d’euros cet été afin de franchir sans encombre l’obstacle de la DNCG, ne pouvait décemment pas s’en contenter. La décision du président bordelais a sans doute ravi bon nombre de supporters, tant Guion semblait faire l’unanimité contre lui depuis plusieurs semaines. Mais le considérer comme seul responsable des maux aquitains serait faire preuve d’un gros manque de clairvoyance.
COMMUNIQUE DU CLUB
La Direction du FC Girondins de Bordeaux a notifié à l'issue du match à David Guion sa mise à pied à titre conservatoire. pic.twitter.com/sFuZuLNykm
— FC Girondins de Bordeaux (@girondins) October 7, 2023
Il y a un an, le club au scapulaire avait réalisé une entame de championnat autrement plus convaincante (20 points au soir de la dixième journée), et ce, malgré un été très agité sur le plan administratif. Finalement repêché en Ligue 2 à trois jours du coup d’envoi de l’exercice 2022-2023, alors qu’il n’était pas encore autorisé à recruter, le FCGB s’en était remis à ses jeunes pousses pour engranger. Morts de faim, Dilane Bakwa, Junior Mwanga ou encore Malcom Bokele avaient donné le ton de la saison, insufflant une dynamique positive renforcée par le soutien sans faille des supporters. Cette dynamique, il n’en reste plus rien aujourd’hui. Bordeaux a vécu un été sans tracas, et même si plusieurs de ses pépites ont mis les voiles, son mercato ambitieux et la densité de son effectif en faisaient logiquement un favori – si ce n’est LE favori – à la montée en Ligue 1. Alors, peut-être que les Girondins se sont vus trop beaux.
Ce n’est certes qu’une hypothèse, mais un regard lucide sur les performances individuelles des uns et des autres permet de constater que peu d’entre eux évoluent à leur meilleur niveau. À commencer par les recrues estivales, franchement peu satisfaisantes jusqu’à présent. Gaétan Weissbeck n’a plus l’influence sur le jeu qui était la sienne à Sochaux, Jérémy Livolant fait bien moins la différence qu’à Guingamp, Žan Vipotnik n’a pas grand-chose à voir avec le redoutable finisseur tant attendu (un but en neuf matchs). Les cadres peinent aussi à assumer leur statut, à l’image de Yoann Barbet ou Danylo Ignatenko, tandis que Rafał Straczek n’a pas vraiment donné toutes les garanties attendues de la part d’un gardien titulaire. De quoi avoir incité Barbet, justement, à défendre Guion. « Ce n’est pas lui qui rate ses passes, ses occasions, qui défend mal, a relevé le capitaine bordelais en début de semaine dernière. C’est facile de le pointer, mais nous aussi, les joueurs, on doit se remettre en question. On n’est pas tous au niveau, moi le premier. » Collectivement, les copies rendues ont été au mieux correctes, au pire complètement ratées, entre largesses défensives et animation offensive défaillante. Et si les victoires arrachées dans la douleur face aux mal classés Concarneau (1-0) et Valenciennes (1-2) ont un temps servi de cache-misère, la claque reçue au Matmut Atlantique contre Auxerre, début septembre (2-4) a mis en lumière les importantes carences girondines. Tout en fragilisant mentalement un édifice qui n’était, de toute façon, pas bien solide.
Prendre exemple sur Metz
Reste maintenant à savoir qui va s’asseoir sur le banc du FCGB. Sud Ouest avance les noms de Felice Mazzu et Karel Geraerts, anciens entraîneurs de l’Union saint-gilloise, L’Équipe mentionne Oscar Garcia, Julien Stéphan ou Philippe Montanier. Quel qu’il soit, l’heureux élu devra trouver les bons mots pour réveiller un effectif qui sous-performe depuis deux mois, et appliquer la formule idoine pour que son équipe se transforme enfin en machine à gagner. Au quart du championnat, Bordeaux accuse quatorze points de retard sur le leader (Laval), dix sur son dauphin (Auxerre) et sept, déjà, sur le cinquième (Saint-Étienne), dernier qualifié pour les play-off. Le temps presse, oui, mais la situation n’est pas désespérée. L’an passé, Metz avait connu une entame très moyenne, avec quinze points pris en treize journées, avant de s’offrir une remontée vers les sommets grâce à une impressionnante série d’invincibilité, qui a tenu jusqu’au baisser de rideau de la saison (25 matchs d’affilée sans défaite). Un exploit rendu possible par une force collective sans faille et les nombreux buts d’un joueur trop fort pour la Ligue 2, Georges Mikautadze. Pour l’heure, les Bordelais n’ont à l’évidence ni l’un ni l’autre.
Par Raphaël Brosse