Bordeaux : Blanc fait tourner
Sans brio, les coiffeurs bordelais ont logiquement disposé de l'Impact de Montréal (2-1) lors du match de préparation qui clôturait le séjour québécois des Girondins. L'invincibilité se poursuit et Blanc a pu donner du temps de jeu à son habituel banc et innover tactiquement.
Déjà, avant de parler du match, trêve de plaisanterie, une constatation s’impose : oui, les Montréalais aiment le soccer. Trois jours après le Trophée des Champions et son affluence record, ils étaient encore plus de 11 000 spectateurs à assister à cette rencontre amicale sans aucun enjeu, au stade Saputo, l’antre de l’Impact (avec une vraie pelouse !). Sans enjeu pas vraiment, tant on sentait que dans les tribunes, les Québécois avaient envie de saisir l’occasion d’essayer de jouer un mauvais tour à ces maudits Français. En tout cas de ne pas voir leurs favoris se prendre la fessée annoncée par beaucoup.
Sympa, Laurent Blanc a contribué à ce que leur désir se réalise en alignant une équipe entièrement renouvelée par rapport au onze type qu’il avait fait jouer lors des deux précédents matchs, contre Marseille et samedi dernier. Onze remplaçants, donc. Enfin, dix plus Fernando, tant celui-ci fait tout pour regagner sa place. On va y revenir.
Tactiquement aussi, Lolo avait décidé d’innover avec un système de milieu en triangle à la lyonnaise et une seule pointe. Concrètement ça donnait Ramé dans les cages, Ducasse à droite, Placente à gauche, un duo défensif Jurietti – Sané, Fernando juste devant, Sertic et Jussiê relayeurs, Gouffran ailier droit, Saivet à gauche et Bellion à l’attaque.
En face, l’Impact propose un 4-1-4-1 timoré et évoluant très bas, particulièrement en début de rencontre. Les Girondins ont l’essentiel de la possession de balle et font tourner. A droite, à gauche, puis retour à droite, etc. La domination est totale mais stérile et les premières frappes trop lointaines pour inquiéter le pourtant pas très serein portier montréalais. C’est finalement l’Impact qui se crée la première grosse occasion de la partie sur coup-franc au quart d’heure de jeu, mais Ramé dégage des points. Saivet et Bellion changent de côté et monopolisent le ballon, les arrières latéraux locaux ayant une fâcheuse tendance à lâcher leur marquage. A la fois premier récupérateur et meneur, Fernando offre un premier caviar dans la profondeur pour Bellion, qui se rate. Le même genre d’action se reproduira au moins deux fois avant la fin du match. Sinon Jussiê fait admirer sa technique mais fonctionne à l’alternatif et Sertic, peu en vue, déçoit.
Présaison oblige, le jeu manque de rythme et Bordeaux a tendance à jouer arrêté. Le plus actif est Saivet. C’est lui qui est à l’origine et à la conclusion de l’ouverture du score à la 37e : le jeune espoir combine à l’entrée de la surface avec Jussiê, lequel remet en une touche de balle à Bellion, qui sert Saivet, but. En face, l’Impact a de bonnes intentions mais les rares incursions dans le camp adverse se terminent dans la précipitation. Ramé (excellent de bout en bout) doit quand même s’employer juste avant la pause pour détourner d’un réflexe une tête suite à un nouveau coup franc.
A la reprise, Saivet et Bellion testent le gardien de l’Impact, qui galère même sur des frappes anodines. Bordeaux s’amuse, se déconcentre et sur une énième relance dans la profondeur (la touche triangle, le secret du jeu à la québécoise), Jurietti et Sané oublient Donatelli, qui devance la sortie de Ramé (66e). Égalisation, le public s’enflamme, le jeu bordelais bafouille. Fernando, le plus lucide sur le pré, continue d’insister à transmettre des amours de passes à Bellion, qui continue de se rater.
Finalement Bordeaux va faire le métier en fin de rencontre grâce à Plasil, tout juste entré en jeu, qui s’infiltre dans la surface côté gauche et centre en retrait pour Jussiê ; la reprise foireuse du Brésilien profite à Gouffran au second poteau, qui marque dans le but vide. 2-1, score final.
Avec un minimum de sérieux et d’application, les remplaçants bordelais ont maintenu l’invincibilité. En revanche, le système tactique mis en place par Blanc n’a pas vraiment convaincu, avec trop de latéralité inutile et peu de travail vers la profondeur, hormis les tentatives de Fernando. Ce dernier a marqué des points, tout comme Gouffran, Saivet et Sané en défense (gros jeu de tête). En revanche, les arrières latéraux n’ont pas vraiment convaincu (Placente assez inutile et Bellion défensivement en souffrance en fin de partie). Dernier match de préparation dimanche à Royan pour les champions de France, face à Villarreal. Avec le retour des titulaires.
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