Bordeaux/Bayern (2-1) : 3 points et c’est tout!

Pas de Robben, pas de Ribéry. Alors, OK : “Les absents ont toujours tort”, “On ne réécrit pas l’histoire”, etc… Ceci dit, on sent que Bordeaux a eu la chance de jouer ce Bayern-là à ce moment-là de la saison, privé de ses deux stratèges. Parce que mêmes réduits à 10 depuis la 30ème minute et menés au score 2-1 dès la 40ème, les Bavarois ne se sont jamais vraiment désunis, contrôlant même la rencontre, dans le sens où les Bordelais ne les ont quasiment jamais mis en difficulté dans le jeu. Il aura donc fallu l’expulsion stupide du jeune Müller (20 ans) à la 30ème pour que les Bavarois compromettent leurs chances de succès. Un Bayern tout juste moyen, donc. Et le pire, c’est que les Bordelais n’ont pas su les battre “comme il faut”. La preuve : ils ont raté deux penaltys ! Ça semble incroyable et ça laisse penser qu’ils auraient pu l’emporter 4-1. Sauf que non : Bordeaux n’était pas bon, point final. Courageux, volontaires, mais pas bons. Gourcuff a manqué son penalty. Hors sujet avec un zéro pointé : une Panenka stupide (65ème). Jussiê, pas en reste, a frappé mollement à mi-hauteur un peu à droite de Butt, son meilleur côté, et le gardien allemand a repoussé sans trop de problèmes (87ème). Et dire que ces deux penaltys ont été “offerts”, le premier sur une tentative de relance idiote de Butt (en voulant dribbler Chamakh) et le deuxième, toujours Chamakh, ceinturé à retardement par Van Buytten, plus dans le match et à ce titre expulsé par l’arbitre…

Bordeaux a donc gagné parce qu’il a été peu plus que “moyen”, et ça a suffi. Tant mieux pour eux. En temps normal, les clubs français sont toujours punis au motif qu’ils ne savent jamais tuer les matchs. Et ça a failli se produire à nouveau quand à 2-1 pour eux, une tête de Luca Toni sur un long service de Van Bommel est venue mourir sur la base du poteau d’un Carrasso à la rue (71ème). Tant mieux pour les Girondins. Mais on ne peut s’empêcher de penser aux trois derniers matchs qui les attendent à Munich et à Haïfa, ainsi que la réception de la Juve. Jouer ces trois derniers matchs comme ils ont joué ce soir, et ce coup-ci à 11 contre 11, ça va être difficile pour s’imposer. Ce qui ne veut pas dire que la qualification sera compromise. Mais Bordeaux devra hausser son niveau de jeu. Parce qu’on a cherché presqu’en vain son emprise réelle et continue sur la partie. Gourcuff a apporté du mouvement mais bien pris alternativement par Tymotchouk et Van Bommel, le jeu girondin a tourné à vide. Les sprints de Trémoulinas côté gauche ont quelque chose de “rafraîchissant” mais pas encore de vraiment décisif. Le côté droit était amorphe avec un Chalmé moins mordant dans le couloir et un Plasil quasi absent d’un point de vue offensif. Fernando a déçu et Alou Diarra n’a pas apporté le “plus à la Vieira” qu’il sait insuffler habituellement. Plus grave : on dirait que Bordeaux a définitivement intégré le fait qu’il sait faire la différence presque exclusivement sur coups de pied arrêtés. Et malheureusement pour eux, c’est comme ça qu’ils ont marqué leurs deux buts ! Une splendide “Madjer en l’air” de Ciani sur corner au premier poteau (égalisation 1-1, 29ème) et sur un coup franc indirect de Wendel, un contre du bout du pied de Planus sur une tentative dégagement de Altintop (2-1, à la 40ème). Bordeaux, abonné à ces buts-là, est donc mal barré…

En fait, on a vu un vrai match de Ligue de Champions pendant la première demi-heure, juste avant l’expulsion de Müller. Match serré, très serré, avec deux équipes en place, très physiques dans les duels (ah ! Les semelles de van Bommel !), et appliqué dans le jeu. Avec l’ouverture du score contre le cours du jeu, un but gag contre son camp de Ciani… sur corner de Lahm (6ème). Ensuite, on a assisté à ces matchs récents de Ligue des Champions, plutôt faibles sur le plan tactique. Quand on se souvient de la tornade munichoise qui avait balayé la pelouse de Gerland l’an passé (3-0 à la mi-temps contre l’OL), on devine la déperdition dans le jeu, côté teuton. « Un an a passé » , disait Lolo Blanc, laissant entendre que son Bordeaux avait progressé. Exact : Bordeaux a appris à gagner les matchs imperdables. C’est déjà ça.