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Bonucci et la Juve, tout est bien qui finit mal
Après douze saisons de bons et loyaux services dans le Piémont, Leonardo Bonucci a été prié de faire ses valises. Si le motif avancé par la direction est une décision purement sportive, cette séparation fait aussi ressurgir la relation compliquée entre l’international italien et Massimiliano Allegri.
Taulier du vestiaire et dernier rescapé de la brillante Juve (depuis les départs de Buffon, Pirlo, Barzagli, Marchisio ou encore Chiellini), Leonardo Bonucci n’enfilera peut-être plus la tunique bianconera. En effet, le trentenaire ne semble plus faire partie du projet turinois. En vacances du côté de la Toscane, le champion d’Europe reprenait petit à petit les footings. Sauf que ce mercredi en fin d’après-midi, alors que les bruits de couloir circulaient depuis quelques jours, l’homme aux douze saisons avec la Juve a reçu la visite de Cristiano Giuntoli et Giovanni Manna qui lui ont annoncé la nouvelle : merci pour tout, mais dehors. Déjà absent de la reprise en début de semaine pendant que les Bianconeri préparent leur tournée américaine, Bonnie est autorisé à revenir à la Continassa (centre d’entraînement) pour s’entraîner à part du groupe en attente d’un nouveau point de chute. À 36 balais et après 502 matchs joués sous la tunique turinoise, Bonucci n’aura même pas eu la possibilité de dire un ultime « Ciao » aux tifosi blanc et noir.
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De la même manière que pour Mc Kennie, Zakaria ou encore Arthur, c’est une raison purement sportive qui a été avancée par les dirigeants de la Juve pour justifier cette décision. Il est vrai que les prestations de l’arrière central sont sur le déclin, particulièrement lors de la saison écoulée. Titulaire à seulement onze reprises, Bonucci s’est retrouvé au placard derrière Danilo, Bremer ou encore Gatti (révélation turinoise). Nulle raison d’expliquer que c’est l’âge qui veut ça, et le départ de Chiellini l’été dernier n’a pas non plus arrangé les choses. Néanmoins, si l’argument sportif peut se comprendre, la manière n’est pas bienséante… pour ne pas dire irrespectueuse. Lui restant un an de contrat, Leonardo Bonucci aurait très bien pu apporter son expérience à la nouvelle génération dans une Vieille Dame en pleine reconstruction. Surtout que sa volonté était de prendre sa retraite après l’Euro 2024, comme il l’avait lui-même annoncé en mai dernier. Mais dans cette histoire, le fossoyeur de rêve se nomme Maximilien.
Je t’aime, moi non plus
247. Tel est le nombre de matchs disputés par Leonardo Bonucci sous les ordres de Massimiliano Allegri, ce qui fait de lui le joueur le plus utilisé par le tacticien italien dans sa carrière (et inversement). Si les deux hommes ont connu de grands moments ensemble (cinq Scudetti et une finale de Ligue des champions, notamment), ils n’ont jamais vraiment avancé main dans la main. Une relation tendue ponctuée par plusieurs querelles, la dernière remontant à septembre dernier : la Juve vient de s’incliner chez elle face au Benfica en enchaînant un quatrième match sans victoire, et, dans le vestiaire où l’ambiance est électrique, Allegri s’en prend à plusieurs joueurs de manière virulente, dont Captain Leonardo… qui répond immédiatement, les noms d’oiseaux fusant et obligeant les personnes présentes à les séparer. C’est le début d’un énième divorce : alors qu’il commence la saison comme un titulaire avec le brassard autour du pectoral gauche, Bonucci se voit immédiatement reléguer sur le banc et connaîtra seulement huit titularisations après cette altercation. Fidèle à ses principes, Massimiliano Allegri a toujours eu une posture de chef de meute pour certains et de tyran pour d’autres. Un caractère clivant, qui n’est jamais passé avec l’international italien. Car oui, cette relation toxique ne date pas de la dernière pluie.
En février 2017, lors de la réception de Palerme, la Vieille Dame s’impose sans forcer contre Palerme (4-1). C’est le moment que choisissent les deux bougres pour se prendre la tête, Allegri lui lâchant même un « Tais-toi, tête de cul ». Quatre jours plus tard, pour un déplacement à Porto en huitièmes de finale de Ligue des champions, Leonard est envoyé en tribune. Et le départ à Milan de Bonucci à l’été 2017 se comprend, en grande partie, par ses multiples embrouilles avec Maximilien. Pendant deux saisons (2019-2020, 2020-2021), Leonardo Bonucci a connu la paix sous les ordres de Maurizio Sarri et Andrea Pirlo. Mais comme une ex avide de sang et de conflit, Massimiliano Allegri effectue son retour dans le Piémont à l’été 2021. « Bonucci capitaine ? Il devra acheter le brassard », lâche même le tacticien turinois lors de la conférence de présentation, avec un sourire vicieux. Une relation conflictuelle qui devait impérativement s’arrêter car, comme l’évoquent de nombreux médias transalpins, elle aurait même entaché la cohésion du groupe. C’était soit l’un soit l’autre, donc : puisque Super Allegri a été maintenu en poste, Leonardo Bonucci doit faire ses valises et trouver une nouvelle destination (la Sampdoria, Newcastle ou encore la Lazio sont les hypothèses les plus plausibles). Lui qui ne souhaite qu’une seule chose : disputer le prochain Euro.
Par Tristan Pubert