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Bonheur céleste pour les Bleus

Par Théo Denmat
Bonheur céleste pour les Bleus

Maîtrisé, de bout en bout. L'équipe de France s'impose 2-0 face à une Celeste impuissante et donne rendez-vous au Brésil ou à la Belgique mardi prochain, avec un message en objet : ces Bleus peuvent aller au bout.

Uruguay 0-2 France

Buts : Varane (40e) et Griezmann (68e) pour les Bleus

Si ce France-Uruguay était une petite maison de campagne, un habitant attentionné aurait probablement pris la peine de clouer un panneau sur son fronton : « Attention, chiens méchants. » Alors, au terme d’un quart de finale pour lequel on promettait l’enfer aux Bleus, que reste-t-il de ces clébards infernaux ? Pas grand-chose, finalement. Cette équipe de France-là monte en puissance, c’est une certitude, un constat valable même après avoir éventré un Uruguay dépourvu de Cavani. Un Uruguay qui n’avait encaissé qu’un seul but depuis l’entame du Mondial, aussi, et qui a bien été obligé de montrer ses failles face à la rapidité de Mbappé et la puissance de Paul Pogba. Bref, cette équipe de France-là est en demi-finales, et oui, on se dit qu’elle a encore davantage les traits d’un futur champion du monde.

Le contrôle des incontrôlables

Quoi, sa gueule ? Qu’est-ce qu’elle a, sa gueule ? La France conserve sur le papier le 4-2-3-1 qui avait marché face à l’Argentine, et l’on ne parle pourtant au coup d’envoi que de ce bec de lièvre qui pend à gauche. Tolisso sur l’aile, vraiment ? À voir. Et d’ailleurs, on voit : le jeu des Bleus penche dès l’entame sacrément à droite, côté Mbappé en mode feu follet face à un Laxalt qui se brûle à chaque touche de balle. Partie bleue, donc, le punk. En face : les chiens. Pendant que la France s’entête à combiner au centre avec un Grizou pas en réussite, l’Uruguay mord aux cuisses, et ce n’est pas parce que l’on s’y attendait que les coups de croc sont indolores, demandez à Pavard et Tolisso.

Les clébards ramassent tout ce qu’ils peuvent, à commencer par deux-trois têtes sur coups de pied arrêtés ou des demi-occasions qui ont le mérite de garder Lloris au chaud, tandis que les Bleus voient Mbappé envoyer la plus grosse occasion de la première période au-dessus des cages de Muslera (15e). Non, il y a du bon : on craignait le molosse incontrôlable, il a finalement quelques failles visibles, notamment cette patte gauche qui traîne un peu. Sur un coup franc justement tiré de ce côté-là par Griezmann, Varane dévie du crâne et met toute la défense uruguayenne en laisse (1-0, 40e). Et si, en attaque, Olivier Giroud domine son monde, Lloris fait de même de l’autre bout de la ficelle : cet arrêt monstrueux devant Cacérès (44e), c’est du Banks dans le texte, même si Godín derrière n’a pas le pied de Pelé.

Les Insoumis

Et puis l’odeur de soufre. Quand le chenil est trop calme, on se dit qu’il y a deux explications : soit les chiens dorment, soit les chiens complotent. Début de seconde période, Kanté est impérial, Varane tout autant, Pogba pioche dans les tibias adverses comme un nain en pleine mine de fer, et l’on se dit finalement que… c’est presque trop facile. On s’était fait une montagne de ce quart, et voilà qu’on marche pieds nus sur un chemin caillouteux : ça fait mal, mais c’est pas si compliqué quand on reste concentré. Ce match évolue en réalité sur un fil : celui du K.O ou celui de la relance, à qui tirera en premier. Mais puisque le temps est à la chaleur, Griezmann sort les ballons de plage et décoche un ace des vingt-cinq mètres sur lequel Muslera se troue totalement façon Karius en finale de C1 (2-0, 61e). Voilà les Bleus hors de portée, déjà, alors qu’Óscar Tabárez effectue ses trois changements et que la Celeste sort les canines sur une provocation de Mbappé.

Le reste, c’est un jeu de dressage, quand le clebs sauvage refuse encore d’admettre qu’il a rencontré plus fort que lui. Suárez se rebiffe, histoire de, Cristian Rodríguez frôlant même le poteau sur un énième simulacre d’occasion (64e), quand Tolisso enroule trop son ballon (73e). Et puis, au moment de comprendre, les larmes. Un plan de coupe sur un coup franc de Griezmann, Giménez pleure. Le visage rougi par l’effort, par la rage, la déception aussi. Il est là, personnifié, le fameux esprit uruguayen. La Celeste sort de ce Mondial les armes à la main, mais à bien y regarder, étaient-elles seulement chargées face aux Bleus ? Spoiler : le maté du soir de Suárez aura un goût bien amer, tandis que Griezmann aura l’impression d’y avoir mis du sucre.


Uruguay (4-4-2) : Muslera – Cáceres, Giménez, Godín (cap), Laxalt – Nandez (Urrestavicaya, 73e), Torreira, Vecino, Bentancur (Rodríguez, 59e) – Suárez, Stuani (Gómez, 59e). Sélectionneur : Óscar Tabárez

France (4-2-3-1) : Lloris – Pavard, Varane, Umtiti, Lucas Hernandez – Tolisso (Nzonzi, 79e), Kanté, Pogba – Mbappé (Dembélé, 87e), Giroud, Griezmann (Fekir, 92e). Sélectionneur : Didier Deschamps

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