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Bonga : « Les joueurs sont des danseurs »

Propos recueillis par Florian Cadu
5 minutes
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Chanteur international reconnu au Portugal et ancien athlète de haut niveau, l'Angolais Bonga a une affinité particulière avec le football. En témoigne son hymne qui a porté son pays lors du Mondial 2006. Interview.

Bonga, quel est votre rapport avec le football, vous qui êtes né en Angola et avez ensuite grandi au Portugal ?J’ai connu ce sport quand j’étais petit, en Angola. Dans les bidonvilles, il n’y avait pas de télévision, mais le ballon était tout de même omniprésent. Il y avait quelques terrains. Pour moi, les joueurs sont des danseurs, de véritables artistes. (Il répète.) Des danseurs de balle, oui, en quelque sorte… Ils sont incroyables.

Les équipes ne jouent plus pour faire le spectacle, elles préfèrent reculer et attendre.

J’ai toujours considéré le foot comme un spectacle à proprement parler. C’est un art. Mais aujourd’hui, je trouve cela beaucoup plus violent. Les équipes ne jouent plus pour faire le spectacle, elles préfèrent reculer et attendre. Or, comme disait Eusébio, le foot c’est en avant ! Ça ne devrait pas consister en quelques passes réalisées dans son propre camp… Je trouve qu’on a un peu perdu les chorégraphies de feintes et de dribbles que nous pouvions voir auparavant. Il n’y avait pas autant de stratégies, de tactiques…

Vous avez été supporter d’une équipe ?Moi, je supportais l’Atlético (club basé à Lunda en Angola, N.D.L.R.), aujourd’hui devenu Atlético Petróleos, puisque le club a été sponsorisé par une entreprise de pétrole. À partir de là, ça a été dur pour moi de soutenir une équipe reliée à toutes les manigances et tous les engrenages liés à ce genre de sponsor.

Au Portugal, les infrastructures du Benfica Lisbonne section foot étaient-elles juste à côté de celles de la section athlétisme, dont vous avez fait partie ?Non, elles étaient beaucoup plus loin.

Vous avez joué au foot à titre personnel ?Oui, même si j’ai très vite préféré l’athlétisme et que ce n’était pas très sérieux. À Kipiri, ma ville natale, c’était le sport phare ! Que les gens soient riches, pauvres ou entre les deux, tout le monde jouait.

J’adorais, et j’adore encore voir des joueurs galoper à toute vitesse jusqu’au but adverse, frapper, réussir ou échouer à faire trembler les filets.

On n’était pas toujours onze contre onze, on improvisait un peu. Il nous arrivait de taper la balle dans la forêt, avec des choses posées à terre pour les buts. Et on allait directement se baigner dans le fleuve quand on en avait marre de jouer. C’était notre douche à nous !


Vous étiez quel genre de joueur ?Je courais énormément. J’ai fait le cent mètres en onze secondes, alors quand on m’envoyait le ballon… J’évoluais en attaque. J’adorais, et j’adore encore voir des joueurs galoper à toute vitesse jusqu’au but adverse, frapper, réussir ou échouer à faire trembler les filets… Et je ne suis pas le seul à vibrer dans ces moments-là. C’est fantastique. C’est d’ailleurs ça qui m’a inspiré lorsque j’ai fait la chanson pour la Coupe du monde 2006.

C’est vrai que vous êtes l’auteur de l’hymne qui a accompagné la sélection de l’Angola lors de sa première participation au Mondial, en Allemagne.

Cet hymne est devenu un tube phénoménal. Il était synonyme d’espoir, de victoire.

Quel en était le titre ? (Silence) Aïe aïe aïe… (Rires.) Je ne me souviens plus du titre. Mais je sais le chanter ! « Joga, joga, joga bonito ! »

Quelqu’un vous a contacté pour vous proposer de faire cet hymne ?Non, c’était une initiative personnelle et très individuelle. C’est moi qui ai proposé mes services. J’avais une liberté totale pour écrire ce titre. Comme toujours d’ailleurs. C’est moi qui ai tout fait, de A à Z, de l’écriture à la production. Je l’ai écrit en une semaine. J’étais très inspiré, attention !

Il paraît que cet hymne a eu une répercussion énorme au pays…Tout à fait.

On ne fait pas une chanson de cette envergure si on ne s’est jamais déplacé au stade.

Dès qu’il y avait un match de foot, quel qu’il soit, les gens chantaient ça. J’ai même su après coup que les footballeurs eux-mêmes le chantaient. Plus globalement, tous les sportifs angolais l’entonnaient. Cet hymne est devenu un tube phénoménal. Il était synonyme d’espoir, de victoire… Il a accompagné l’équipe durant tout le mois de juin, et on l’entend encore aujourd’hui. On le rediffuse quand il y a un match. C’est un peu comme la France avec 1998 et I Will Survive de Gloria Gaynor.


Vous avez fréquenté des stades ?Et comment ! On ne fait pas une chanson de cette envergure si on ne s’est jamais déplacé au stade. Je suis souvent allé voir des clubs portugais, des clubs angolais… En revanche, je ne suis jamais allé voir de rencontres de Coupe d’Afrique des nations. Du fait de mon hymne, j’étais invité aux matchs de l’Angola lors de la Coupe du monde 2006. Au pays, la fête était grandiose, même si les politiques ont essayé d’en profiter… Mais notre équipe était compétitive, et portait la fierté de la nation. Rendez-vous compte, c’était la toute première fois que l’Angola participait à cette compétition ! Les rues s’enflammaient, c’était fou.

Sans oublier que sur le terrain, les Antilopes noires ont fait mieux que bonne figure (l’Angola, qui a été éliminé au premier tour après une défaite contre le Portugal et deux nuls contre le Mexique et l’Iran, était encore virtuellement qualifié pour les quarts de finale à un quart d’heure du terme de la dernière journée, N.D.L.R.). C’est clair, c’était fantastique ! Mais la défaite 1-0 contre le Portugal à Cologne a été le plus difficile à digérer. Si on avait gagné, cela aurait été une seconde indépendance pour l’Angola !

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Propos recueillis par Florian Cadu

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