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Bon Trippier, bon œil

Par Théo Denmat
Bon Trippier, bon œil

Il est le joueur le plus décisif de Premier League, il joue à Tottenham, il est adoré de Pochettino et membre de l'équipe nationale d'Angleterre, et il est... arrière droit. Kieran Trippier est la sensation du début de saison en Angleterre, laissant Serge Aurier à ses regrets. Portrait d'un type qui réfléchit avant d'agir, et qui a façonné son jeu autour d'un unique précepte : servir Harry Kane. Vite.

« Et si Pep Guardiola s’était trompé ? » Le titre est imprimé en Une, police Arial taille 40, lettres noires majuscules sous le bandeau jaune moutarde caractéristique du Manchester Evening News. L’édition date du 20 juillet 2017, une semaine jour pour jour après la signature de Kyle Walker à Manchester City en provenance de Tottenham. Pas tellement dans les habitudes de ce quotidien tiré quotidiennement à 90 000 exemplaires – « tous les jours sauf le dimanche » – de remettre en question les choix tactiques de son gourou chauve. Être le canard d’une cité coupée entre deux clubs, c’est aussi savoir rester neutre.

Pourtant, ce jour-là, un homme explose la bulle d’uniformisme dans les colonnes du journal. Steve Eyre a travaillé 21 ans en tant que coach de l’académie des jeunes Sky Blues, un type connu à la ville et reconnu au travail, quintuple vainqueur de la Youth League, réputé pour sa bienveillance et la qualité de son travail de formateur. Un type qui, pendant treize ans, a aussi eu sous ses ordres un certain Kieran Trippier, propulsé en première ligne sur le côté droit de la défense de Pochettino après le départ de Walker. « Il aurait été quasiment impossible pour lui d’évincer Zabaleta au top de sa carrière, mais il était parfait pour Pep cette saison, explique-t-il. Je trouve le cas de Kyle Walker fascinant parce que lui – et Antonio Valencia – sont des experts pour arriver au bout de leur aile à vitesse maximale. Mais le temps qu’ils y arrivent, la surface de réparation est déjà pleine à craquer de défenseurs. Kieran a plutôt tendance à centrer entre quinze et vingt mètres plus tôt. Charlie Austin(avec qui il a joué à Burnley, ndlr)et Harry Kane peuvent en témoigner : ses passes vous sortent du pack de défenseurs et vous mettent en parfaite position pour marquer. » Cette technique, acquise à la force d’heures sup’ et perfectionnée dans les stades de Championship, a fait de Trippier, quatre mois plus tard, le joueur le plus décisif de Premier League devant Kevin De Bruyne. Rien que ça.

Mexico, mojitos, Pochettino

Un coup d’œil aux chiffres permet de saisir en quoi Eyre était dans le vrai : depuis le début de saison, Kieran Trippier cumule quatre passes décisives pour huit titularisations en championnat – toutes pour Harry Kane –, auxquelles on ajoutera deux autres assists en Ligue des champions et une en Coupe. Surtout, son association avec son buteur anglais décape mieux les défenses que du papier de verre, comme il l’expliquait le 18 novembre dans un portrait que lui consacrait le Times : « La clé, dit-il, c’est de transmettre la balle le plus rapidement possible à H (Kane, ndlr). Si vous centrez assez tôt, c’est horrible pour les défenseurs. » Le gamin, qui se démarquait déjà à la City Academy pour sa vision de jeu et sa qualité de passe, a grandi devant les compilations Youtube de Garry Neville, Beckham et Pirlo. En étudiant « leur manière de frapper la balle et, encore plus important, quand la frapper. Prenez par exemple le but de Dele contre le Real. Quand vous faites une course dans les 16,50m, il y a tellement de rythme dans l’action que vous ne devez pas ralentir le jeu en faisant un contrôle. Mettre la balle rapidement dans la boîte rend la chose tellement plus difficile à défendre… »

Il faut dire qu’après quasiment deux ans sur le banc de Tottenham, le latéral a eu le temps de bosser ses gammes. Des morceaux inlassablement répétés lors de sessions d’entraînement à rallonge avec Ben Davies, son pendant à gauche, où d’immobiles mannequins prenaient la pose sous la pluie, compréhensifs. Arrivé à l’été 2015 pour cinq millions d’euros chez les Lilywhites auréolé du statut de meilleur passeur de deuxième division (14 passes décisives avec Burnley, ndlr), Trippier s’est pourtant d’abord vu confronté au regard inquisiteur du nutritionniste du club. Pour sa visite médicale de signature – au retour de vacances à Mexico –, il présente un taux de graisse de 18%. « Ça doit être les mojitos » , explique-t-il.

On lui fait comprendre que le résultat est bien au-delà des standards minimums exigés, et le forçat se tape un régime draconien qui le laisse sec comme un taureau, soutenu par Pochettino lorsqu’il a des coups de mou. Une tendresse qui est à la base de l’engagement du joueur dans son club aujourd’hui, et dont il parle toujours avec des gros cœurs dans les yeux : « Il m’a permis de garder confiance en moi. C’est un entraîneur incroyable, il m’a changé, m’a façonné, m’a rendu plus mature. » À la lecture de ses interviews, le bonhomme transpire la bonhomie. Respectueux de ses aînés, ami de jeunesse avec Kyle Walker dont l’une des grandes qualité est « de ne pas ronfler » , élogieux envers le rival à 25 millions qu’on lui a fourré cet été dans les pattes de manière ingrate, Serge Aurier. Il souhaite même reprendre l’école, regrettant d’y avoir parfois foutu le bordel.

Cinq matchs seulement de Ligue des champions dans les mollets

Steve Eyre se rappelle volontiers cet artiste de la passe, l’ayant vu débarquer à City en 1999 alors qu’il n’avait que neuf ans, et ressortir barbu et tatoué à vingt-deux berges en 2012. « Je vous jure que le vieil intendant a encore une marque du ballon Mitre imprimé sur la tête. Kieran est capable de cibler une personne à 45m et de lui coller un ballon à l’arrière du crâne. » Lassé des exercices pratiques sur cibles immobiles alors qu’il vient quand même d’avoir 27 ans, adoubé par la presse anglaise et membre des Three Lions depuis qu’il y a fait ses premiers pas en juin dernier (contre la France au poste de milieu droit), Trippier fait même depuis peu l’objet de tout un tas de statistiques un peu folles, ressorties du chapeau médiatique au soir de sa performance dantesque face au Real Madrid. Monsieur est donc le joueur qui présente le meilleur ratio minutes jouées/passes décisives délivrées en Premier League depuis… juin 2015. Une toutes les 165,7 minutes, mieux que, dans l’ordre, De Bruyne, Özil, David Silva, Payet et Eriksen. Comme quoi rien ne sert de courir, il faut centrer à point.

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Par Théo Denmat

Propos de Kieran Trippier tirés du Times, de Skysports et du Guardian.

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