- Mondial 2022
- Finale
- Argentine-France
Bon, en fait, merci Éder !
Alors qu'ils vont disputer leur seconde finale de Coupe du monde consécutive, les Bleus font preuve d'un état d'esprit de champions. Celui-ci a commencé à germer il y a six ans, après un but à la 109e minute en finale de l'Euro, inscrit par un dénommé Eder.
Le 10 juillet 2016, aux alentours de 23h20, Éder, d’une frappe lointaine, éteignait le Stade de France et embrasait le Portugal. Quelques minutes plus tard, des litres de larmes se sont mis à couler sur les joues des Français, qu’ils soient joueurs, ou supporters. De retour en finale d’une grande compétition, dix ans après 2006, qui plus est à la maison, les Bleus n’ont pas su bonifier leur demi-finale face à l’Allemagne, trois jours plus tôt à Marseille. La faute à une tentative presque désespérée de l’attaquant portugais, à un marquage pas franchement irréprochable, mais aussi à une certaine suffisance avant de défier Cristiano Ronaldo et ses hommes (et au poteau de Gignac, aussi).
Le 14 décembre 2022, soit très exactement 6 ans, 5 mois et 4 jours après, les Bleus se qualifient pour leur seconde finale de Coupe du monde consécutive, après leur victoire face au Maroc (2-0). Les joueurs de Didier Deschamps peuvent évidemment se féliciter pour ce formidable accomplissement, mais avec le recul, les Tricolores peuvent également remercier Éder.
L’élément fondateur
Ce but inscrit au Stade de France, en pleine prolongation, a en effet forgé un mental en acier trempé à tout ce groupe, qui, malgré les rotations, garde depuis 2016 le même état d’esprit. Didier Deschamps est bien sûr le premier garant de cette mentalité, mais les quelques joueurs présents cette nuit de juillet, comme Hugo Lloris, Antoine Griezmann ou Olivier Giroud, sont aussi les témoins de cette soirée maudite. Il y a quatre ans, du coup de sifflet final de la demie face à la Belgique jusqu’au coup d’envoi du match le plus important de leur carrière, les Bleus n’avaient que le traumatisme de 2016 à la bouche. « Après la victoire en demi-finales contre l’Allemagne, on avait été un peu euphoriques, on pensait que c’était presque acquis. Je ne sais pas, mais là c’est différent », témoignait Giroud. « On a l’expérience de cette mésaventure et on va tout mettre en œuvre pour mettre l’avantage de notre côté pour gagner ce match », lançait Lloris. « Il y a deux ans, ça été tellement douloureux », soufflait Paul Pogba.
Une blessure toujours ouverte
On pouvait alors se dire que les démons avaient été chassés après le succès face à la Croatie (4-2), synonyme de deuxième étoile. Malheureusement absent de ce Mondial 2022, Pogba est souvent revenu sur cet épisode de juillet 2016. « Je l’ai encore là par rapport à l’Euro. Cela n’a pas changé. Une autre équipe est venue prendre cette coupe chez nous », racontait encore le milieu de la Juventus sur Téléfoot en juin 2021, trois ans après avoir lavé cet affront. « Bien sûr que ça reste ! On a gagné la Coupe du monde, franchement c’était un mal pour un bien », confirmait-il tout de même. La preuve que même après avoir soulevé le plus prestigieux des trophées, les Français sont toujours animés par cet infernal sentiment de revanche.
Didier Deschamps, après la victoire contre le Maroc ce mercredi, en glissait encore une à propos de son bourreau, en comparant son but à celui de Randal Kolo Muani. « Le banc est important… Je me souviens d’un Portugais qui était entré en finale d’Euro il y a six ans, sans jouer une minute avant, et vous savez comment cela s’était fini », se remémorait-il en conférence de presse. Même si le sélectionneur oublie que l’ancien Lillois avait disputé six et sept minutes respectivement face à l’Islande et l’Autriche lors de la phase de poules, il n’a pas oublié ce coup de poignard. Voilà donc pourquoi, ce dimanche, DD ne lâchera pas du regard Paulo Dybala, lorsque ce dernier partira s’échauffer.
Par Léo Tourbe