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Bompastor 2023 : Make OL Great Again

Par Quentin Ballue et Tara Britton
8 minutes
Bompastor 2023 : Make OL Great Again

Le saut dans le grand bain a été plus rapide que prévu. Première femme à entraîner l’Olympique lyonnais à la suite du limogeage de Jean-Luc Vasseur, Sonia Bompastor s’est engagée avec son ancien club jusqu’en 2023. Sa mission : redonner à cette équipe une identité claire, ainsi que des titres, à commencer par celui de champion de France. Un défi à la hauteur de la joueuse qu’elle a été, latérale admirée et leader respectée.

« Tu as vu le reportage sur OLTV ? Élodie Thomis interviewe Sonia et lui dit : « J’espère que tu ne seras pas aussi exigeante que tu pouvais l’être. » Elles se sont regardées, elles ont juste rigolé. Parce que tu sais très bien que l’exigence fait partie de son ADN. » Pedro Bompastor parle en connaissance de cause, lui dont les petits matchs avec sa sœur avaient toujours du mal à se finir. « Avec quatre ans d’écart, j’avais le dessus au niveau athlétique, mais elle ne lâchait jamais. Elle n’a jamais aimé perdre, elle s’arrangeait toujours pour que les choses tournent à son avantage. » Le quadragénaire est depuis toujours aux premières loges pour suivre l’évolution de celle qui a débuté à l’US Mer, et qui a aujourd’hui un stade à son nom à Blois. Encore maintenant, c’est d’un œil particulièrement attentif qu’il a assisté à sa prise de fonction sur le banc de l’OL.

Elle a touché au tennis de table et à différents sports, mais on sentait très clairement que le football prenait une place prédominante, et ses qualités intrinsèques faisaient qu’elle avait du potentiel.

Une nomination qui n’étonne pas grand-monde tant Sonia Bompastor a démontré au fil des années qu’elle avait le cuir épais. Déjà petite, dans le Loir-et-Cher, elle se plaisait à ringardiser ceux qui la sous-estimaient. « Elle a touché au tennis de table et à différents sports, mais on sentait très clairement que le football prenait une place prédominante, et ses qualités intrinsèques faisaient qu’elle avait du potentiel, raconte son frère. Très souvent, elle venait voir mes matchs, et moi les siens. Quand l’équipe adverse arrivait, il y avait des réflexions comme :« Tiens, il y a une fille en face, ça va être beaucoup plus simple. » La rencontre se disputait, et en général, ils retenaient son nom et son prénom, parce qu’elle avait tendance à leur faire la misère. Elle se débrouillait mieux que les garçons, tout simplement ! En sport, quand on a l’impression que c’est facile, on prend généralement le mur en pleine tête, et il y en a plus d’un qui se l’est pris. »

French connexion

Avec un père dans l’arbitrage, la native de Blois contracte rapidement le virus du football. De La Roche-sur-Yon à Lyon, en passant par Montpellier, Washington et le PSG, elle laissera le même souvenir d’une joueuse acharnée. Celui d’une grosse personnalité, aussi, qui n’hésite pas à dire ce qu’elle pense. Froissé, Bruno Bini avait ainsi décidé de l’écarter des Bleues après les Jeux de Londres, malgré ses 156 sélections. « C’est clair qu’il vaut mieux l’avoir dans son équipe, souligne Ophélie Meilleroux, sa coéquipière dans l’Hérault ainsi qu’en équipe de France. La carrière qu’elle a traduit son état d’esprit. Elle était compétitrice, détestait perdre, et a toujours cherché la performance à n’importe quel âge. Sur le terrain elle ne lâchait rien, ne trichait pas. Qu’elle ait eu le brassard ou pas, en fonction du choix du coach, elle a toujours été une leader sur le terrain. Elle était toujours là pour booster toute l’équipe et aller chercher la gagne. Elle a naturellement la personnalité d’une leader. »

Elle a immédiatement établi une connexion avec tout le monde, sur et en dehors du terrain. Manager, c’est justement se connecter à tes joueurs et en tirer le maximum, alors ça devrait être assez naturel pour elle.

Capitaine à Montpellier et Lyon, elle goûtera même quelques fois au brassard à Washington, où son association avec Abby Wambach a fait quelques ravages, lui valant deux nominations au All-Star Game. « J’ai toujours vu en Sonia une vraie professionnelle, une gagnante et une leader, pointe Jim Gabarra, qui l’a fait venir aux États-Unis en 2009. Des joueuses comme elle, on aimerait en avoir trois ou quatre ! Elle était l’une des meilleures latérales du monde, on l’a même fait jouer au milieu de terrain quand on avait besoin, et elle s’est bien débrouillée là aussi. Elle s’est immédiatement intégrée, et c’est particulièrement impressionnant de la part de quelqu’un qui arrive d’un autre pays. Un jour à l’entraînement, Sonia et Lisa de Vanna étaient en train de parler portugais. Je me suis arrêté : « Une Française qui parle portugais avec une Australienne ? Mais pourquoi elles parlent portugais ici ? »Puis j’ai appris que leurs deux mamans étaient portugaises. Elle a immédiatement établi une connexion avec tout le monde, sur et en dehors du terrain. Manager, c’est justement se connecter à tes joueurs et en tirer le maximum, alors ça devrait être assez naturel pour elle. » Son frère embraye : « Connaissant son caractère et ses compétences, c’est une suite logique. Elle s’est programmée et quand elle se met dans un projet, c’est à 2000%. » Tant mieux, car les défis n’attendent pas.

C’est le retour à l’ADN Olympique lyonnais avec une des joueuses les plus prestigieuses, qui m’a permis dès les débuts de donner des valeurs extrêmement précises au groupe.

Le sang de la veine

Pour sa première sur le banc, Sonia Bompastor s’est montrée fidèle à elle-même. Même à la 88e minute de jeu, alors que son équipe avait pourtant pris le large au tableau d’affichage, l’ancienne internationale française était encore campée dans sa zone technique, distillant consignes et encouragements à tout bout de champ. « Je suis une coach présente sur le banc de touche. J’aime accompagner l’équipe », a-t-elle reconnu au micro d’OL TV après la victoire (5-1) face au Havre. L’ancienne latérale gauche a la lourde tâche d’insuffler un supplément d’âme afin de revenir sur le PSG dans la course au titre et d’éviter la banqueroute totale après, déjà, la perte de sa couronne européenne. « Ce n’est pas l’habitude de la maison de changer en cours de saison, mais l’enjeu le voulait, avait explicité le président lyonnais lors de la première conférence de presse de présentation de la nouvelle coach. C’est le retour à l’ADN Olympique lyonnais avec une des joueuses les plus prestigieuses, qui m’a permis dès les débuts de donner des valeurs extrêmement précises au groupe. »

L’ancienne capitaine des Fenottes est en effet un modèle de réussite à Lyon. Première Française à avoir soulevé la Ligue des champions en 2011, elle incarne à merveille la machine de guerre lyonnaise qui a commencé à écraser toute concurrence dans l’Hexagone dès 2007, et en Europe quelques années plus tard. « Elle représente le bon vieil OL avec des joueuses qui n’arrêtent pas de jouer à 2 ou 3-0, se remémore, un poil nostalgique, Rémy Goutard, membre du groupe de supporters Kop Fenottes 69. Elle avait une grinta incroyable, qu’on voit de moins en moins. Quand elle est partie, elle a laissé un vide au poste d’arrière gauche. On n’a jamais retrouvé d’équivalent. » À 33 ans, et après avoir glané un douzième trophée avec son « club de cœur » lors de son 169e et dernier match avec les Fenottes, Sonia Bompastor a décidé de raccrocher les crampons pour construire une famille.

Tandem féminin

Sept ans plus tard et avec trois gosses sous le coude, elle est de retour sur les terrains après avoir biberonné pendant plusieurs années la section féminine du centre de formation. Là-bas, elle a notamment assisté à l’éclosion de Delphine Cascarino, Selma Bacha ou encore Melvine Malard, tout en y peaufinant son style et ses principes de jeu. « On a pas mal étudié l’histoire de Lyon, de la ville de Lyon et du club, les attentes des supporters, et on s’est aperçus que l’OL doit gagner, mais avec la manière, a-t-elle exposé lors de sa première conférence de presse. Et la manière OL, c’est un jeu de possession, repartir court de derrière, mettre beaucoup d’énergie pour aller marquer des buts collectivement, avoir un état d’esprit conquérant et vouloir donner le meilleur de soi-même pour le club et l’amour du maillot. »

Quand l’OL m’a contacté pour reprendre l’équipe, j’ai sollicité le club pour qu’il intègre Sonia dans mon staff. J’arrivais avec un nouveau style de jeu, alors il me fallait un assistant qui connaissait mes orientations de jeu et y adhérait.

Fan du Barça de Guardiola et adepte d’Arsène Wenger comme elle le déclarait dans une interview accordée au site footoféminin en 2012, la coach de 40 ans cite avant tout Gérard Prêcheur comme référence, lui qui l’a formée au pôle France à Clairefontaine et avec lequel elle a ensuite collaboré en tant qu’adjointe à Lyon lors de la saison 2014-2015. « Quand l’OL m’a contacté pour reprendre l’équipe, j’ai sollicité le club pour qu’il l’intègre dans mon staff. J’arrivais avec un nouveau style de jeu, alors il me fallait un assistant qui connaissait mes orientations de jeu et y adhérait. De ce point de vue, elle m’a fait gagner du temps sur le plan tactique et elle a favorisé mon intégration, raconte l’intéressé. Elle a également été un relais très important dans le vestiaire. Elle était à l’écoute du ressenti des joueuses, de celles qui pouvaient être en difficulté. » Première femme à prendre les rênes de l’équipe, Sonia Bompastor formera pour sa part un duo 100% féminin avec Camille Abily, avec laquelle elle a tout partagé sur les terrains à Montpellier, Lyon et en équipe de France. Leur objectif est clair : rendre sa grandeur à l’OL.

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Par Quentin Ballue et Tara Britton

Tous propos recueillis par QB et TB sauf mention.

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