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  • Serie A – Bologne/Milan AC

Bologne sans sauce

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Bologne sans sauce

Septuple Champion d'Italie, Bologne nage actuellement dans une crise financière sans précédent. Le risque de faillite est réel, à tel point que les joueurs abordent chaque rencontre comme s'il s'agissait de la dernière. Ambiance fin du monde.

Comment faire couler un club en quatre mois ? Demandez donc à Sergio Porcedda, président de Bologne, qui a réussi cet exploit quasiment inédit. Entrepreneur plein aux as, l’homme, pour ses 50 ans, a voulu se faire un petit plaisir mégalo : s’offrir une équipe de foot. Il avait déjà tenté la chose, avec Cagliari il y a quelques années, mais Massimo Cellino l’avait envoyé bouler. Deuxième essai cet été avec Bologne : en difficulté financière, Francesca Menarini souhaite revendre la société familiale pour lui assurer un avenir plus prospère. Porcedda se propose et sort la mallette. Marché conclu. Après avoir mis son nez dans la mode, l’immobilier, le tourisme et la finance, Porcedda devient président d’un club. Il ramène dans ses valises ses amis proches Lorenzo Giannuzzi et Silvino Marras et les place aux postes de vice-PDG et d’administrateur délégué. C’est un peu la ruée vers l’or. Pense-t-on du moins.

De fait, depuis plusieurs saisons, Bologne est à la peine en championnat. Lors des deux dernières saisons, les Rossoblu se sont placés à la 17ème place. Porcedda promet de faire changer les choses. Et d’ailleurs, il agit de suite en mettant la main au portefeuille. Meggiorini, Ekdal, Garics, Khrin, Diego Perez, Gavilan… Lionel Messi n’a pas encore débarqué en Emilie-Romagne, mais ces joueurs peuvent apporter qualité et fraîcheur. Premier couac : la veille du début du championnat, l’entraîneur Franco Colomba, appelé pour sauver la situation la saison passée, se fait virer. Malesani débarque en urgence et n’obtient que deux points lors des trois premiers tours. Ça commence mal.

Heureusement pour Bologne, le pompier Di Vaio est là pour sauver les meubles et permettre de grappiller quelques précieux succès. Au soir d’une victoire très importante face à Brescia (1-0, inutile de citer le buteur), des rumeurs inquiétantes commencent à se répandre. Porcedda aurait fait n’importe quoi avec les comptes du club, qui se retrouvent dans le rouge. Le président nie en bloc. Pourtant, le 18 novembre, lui et son pote Marras sont renvoyés devant la Commission Disciplinaire Nationale, suite à « la non-attestation aux Organes Fédéraux du paiement des retenues IRPEF relatives aux émoluments dus pour les mensualités de mai et de juin 2010 » . En langage courant : Porcedda a magouillé, a cru que Bologne, c’était Disneyland et a géré son affaire comme il gère sa boîte de nuit en Sardaigne. Et maintenant, son club est au bord de la banqueroute. Il ne risque pas de s’être fait beaucoup d’amis, comme le confirme l’ancien attaquant Davide Bombardini : « Porcedda, c’est un bouffon. A Bologne, il pensait faire fortune sans dépenser un rond » .

Comme une merde n’arrive jamais seule, le lendemain, les agents des joueurs se lâchent. Ils annoncent que leurs poulains n’ont pas été payés depuis trois mois. Le président nie en bloc (bis). Sauf que ce coup-ci, personne ne le croit. Les supporters se ruent au Siège de la Via Casteldebole pour protester et éventuellement mettre quelques claques à ce dernier. Ils n’en auront pas l’occasion. Porcedda s’échappe par une porte dérobée sous haute escorte policière. « Ce type est un escroc, ce n’est pas notre président. Au moins, avec la famille Menarini, on pouvait discuter, les yeux dans les yeux. Là, on parle dans le vent » s’insurge un tifoso qui brandit une banderole “Supporters et équipe unis pour cette bataille”. Bonne ambiance. La Commission Disciplinaire annonce dans la foulée que de lourdes sanctions risquent de tomber. Impossible alors de ne pas penser à la Fiorentina qui, lors de l’été 2002, a coulé sous les dettes avant de renaître de ses cendres en quatrième division. Et la crainte de se confirmer : le 2 décembre, Bologne est pénalisé d’un point au classement, avec le risque d’en perdre deux autres pour les salaires en retard.

Seule façon d’arrêter l’hémorragie : trouver un bienfaiteur prêt à débourser 30 millions pour racheter le club. Plusieurs noms circulent. D’un côté celui de Claudio Sabatini, patron de la Virtus Bologna, équipe de basket de la ville. Ce dernier serait prêt à mettre sur la table un chèque de 15 millions d’euros, en plus d’hypothéquer le patrimoine de la Virtus. De l’autre, Massimo Zanetti, le patron de Segafredo, épaulé par Intermedia, la banque qui tente de créer un consortium pour le rachat du club. En attendant que la situation ne se décante, les joueurs ont décidé de passer à l’acte. Après deux victoires consécutives face à Cesena et Chievo, ils ont opté pour la mise en demeure du club. « Les lettres recommandées pour la mise en demeure du club sont parties aujourd’hui, explique le capitaine Marco Di Vaio. C’est un geste que nous n’aurions jamais voulu faire et pour lequel nous avons attendu le dernier moment pour avoir éventuellement la possibilité d’être libérés au mercato de janvier. Le club nous a promis tant de choses et s’est moqué de nous. Évidemment, nous retirerons cette mise en demeure dès qu’un nouveau propriétaire aura acquis Bologne » . C’est dans ce climat très tendu que Bologne reçoit dimanche (12h30) le leader Milanais. Un beau challenge pour prouver que ce qui se passe sur le terrain demeure primordial. Avec un doute, atroce : celui que chaque point gagné sur la pelouse ne serve à rien.

Eric Maggiori

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Totò Schillaci, pour une nuit éternelle
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